La France à la traîne en matière d'objets connectés ?
Alors que les perspectives économiques globales sont assombries par l’impact de la crise sanitaire, le Gartner prévoit que les dépenses mondiales en technologies devraient marquer le pas cette année d’environ 8 %. IDC s’attend pour 2020 à une réduction en France des dépenses de la part des services informatiques, affectant notamment les investissements matériels. Dans ces conditions, il est légitime de se demander comment ces tendances vont impacter l’Internet des objets, qui constitue un des éléments les plus novateurs de la transformation digitale des entreprises dans l’Hexagone.
Cette question apparaît d’autant plus sensible que l’Europe serait, selon un rapport de la BEI (Banque Européenne d’Investissement), déjà en retard par rapport aux US dans l’adoption des technologies numériques, et que la France marquerait le pas au sein de l’UE derrière le Danemark et les Pays-Bas. La France est-elle donc vraiment à la traîne en matière d’objets connectés ? Et quelles sont les perspectives ?
Un écosystème atypique et dynamique
Le premier constat, qui n’apparaît dans aucune étude de marché, est qu’il existe un grand nombre de petits projets IoT financés via le Crédit Impôts Recherche, une mesure fiscale purement française qui permet tant aux PME qu’aux grands groupes de lancer des pilotes tout en limitant le risque financier face à un retour sur investissement encore mal connu.
Cette démarche ‘test & learn’ à petite échelle est sans doute plus marquée en France que dans les autres pays européens via la souplesse du CIR, et peut donner l’impression que la France investit moins dans les objets connectés que ses voisins, alors que ces investissements sont essentiellement moins visibles.
Le deuxième constat, qui vient renforcer la tendance précédente, réside dans le fait que la France est extrêmement dynamique en termes de startups dédiées à l’IoT. Le site lespepitestech.com en référence près de 200 – et le nombre réel est sans doute bien supérieur. Les solutions développées couvrent généralement un vertical bien précis, et s’adressent idéalement aux petits projets pilotes développés via le CIR, entretenant ainsi un écosystème franco-français qui échappe bien souvent au radar des enquêtes internationales.
Un fort potentiel industriel et informatique
La France pourrait donc bien surprendre le monde des technologies digitales d’ici quelques années, lorsque ces projets auront gagné en maturité et que les phénomènes de massification se généraliseront. Déjà, certains grands groupes commencent à recenser les projets IoT et à les regrouper au sein d’une organisation dédiée en vue de les rationaliser. Ils perçoivent les limites évidentes des solutions de niche, tant d’un point de vue technique que d’un point de vue business, ainsi que la complexité et des coûts résultants d’une trop grande diversité technologique.
Progressivement vont s’imposer sur le marché des plateformes industrielles horizontales, agnostiques, scalables, capable de couvrir l’ensemble des cas d’usage et de se connecter à tout type d’objet ou de système d’information. Par leur capacité à traiter et valoriser la donnée de bout en bout, ces plateformes délivrent les clés de l’efficacité opérationnelle, qu’elle se décline du côté industriel (OT) ou du côté informatique (IT).
L’opportunité de la rénovation énergétique
Les dernières orientations prises par le gouvernement français en matière de rénovation énergétique des bâtiments vont sans doute accélérer le déploiement des objets connectés, et remettre la France, de manière plus visible, sur le chemin du leadership digital.
L’un des principaux enjeux de cette rénovation va être de gérer la cohabitation de solutions historiques fermées et peu flexibles, tels que les systèmes Scada, avec l’innovation débridée des nouvelles technologies, tels que les réseaux 5G et l’analytique intelligent. Un domaine de prédilection pour les plateformes IoT de classe industrielle.
Par Emmanuel Privat – IoT Business Development, Software AG
La rédaction
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