Diriger une équipe commerciale répartie sur 120 pays différents et en travail hybride représente le plus gros défi de ma carrière. En tant que Directrice commerciale d’une multinationale depuis 5 ans, j'ai appris que le leadership dans un monde hybride est bien différent d’un management traditionnel. J’ai pu mesurer les bénéfices du travail hybride pour l'entreprise et les employés. Et en tant que mère, j’ai la chance de profiter de ses avantages tous les jours.

Penser « relations humaines » et non « ressources humaines »

Nos équipes sont basées sur cinq continents. Elles sont intrinsèquement influencées par leurs cultures et normes sociales, qui déterminent pour chacune une relation au travail différente. Ainsi pour manager à l’international, il est essentiel de prendre en compte ces spécificités qui vont bien au-delà de fuseaux horaires différents... 

Cela suppose par exemple de ne pas simplement traduire des supports de formation et les politiques internes, mais avant tout de les adapter aux marchés sur lesquels nous travaillons. C'est ce leadership « situationnel » centré sur les personnes qui est nécessaire dans un monde hybride.

Une relation professionnelle et hiérarchique basée sur le dialogue, la bienveillance, l'honnêteté et l'encouragement, constitue à mon sens la première barrière au phénomène de « quiet quitting » qui a tant fait couler d’encre dernièrement. Les entreprises désireuses de constituer des équipes fortes et engagées doivent considérer leurs collaborateurs non pas comme des ressources, mais comme des individus.

Encourager un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée

Aujourd’hui les collaborateurs se concentrent davantage sur leur bien-être et veulent faire coïncider le travail avec leur vie, et non l'inverse.

Les managers qui ne se préoccuperaient pas du bien-être de leurs employés le font à leurs risques et périls. Il s'agit en réalité d'une question d'intérêt mutuel. Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée rend les employés plus épanouis, plus engagés et donc plus productifs. Ils resteront également plus longtemps dans l'entreprise. Les dernières recherches menées par IWG montrent que 88 % des employés considèrent le travail hybride comme un avantage clé dans la prise d’un nouveau poste, tandis que plus de 50 % n'envisagent même pas de postuler à un poste qui ne le propose pas.

Et je les comprends ! Mon expérience personnelle le prouve. Tout est facilité par le travail hybride : la coparentalité de ma fille, la possibilité de faire de l’exercice physique régulièrement, et même le maintien d’une alimentation saine ! Cela me permet également de faire le travail que j'aime à un niveau de séniorité qui, sans la flexibilité offerte par l'hybride, serait impossible compte tenu de mes obligations familiales.

Confiance et responsabilité : les deux faces d’une même pièce

Le travail hybride exige une grande confiance. Et cela permet finalement de redonner plus de responsabilités aux collaborateurs. Dans un monde du travail hybride, ces derniers sont plus responsables de leurs performances professionnelles qu'ils ne l'étaient il y a cinq ou dix ans.

Le manager doit apprendre à « lâcher les rênes » tout en trouvant des moyens de s'assurer que les objectifs sont atteints et que l'entreprise reste performante. Dans mon équipe, nous avons établi de nouveaux indicateurs de performance clairs, et trouvé de nouveaux moyens pour rester connectés. Nous avons également adapté les formations et les séances de coaching : nous avons multiplié le nombre d’ateliers mais diminué leur durée, au lieu d'organiser de longs ateliers plusieurs fois par trimestre.

Continuer à rassembler les gens

Si le travail à distance présente de nombreux avantages et si des équipes réparties aux quatre coins du monde peuvent accomplir un travail remarquable, il est essentiel de continuer à créer une cohésion. Des interactions régulières et de qualité sont rafraîchissantes pour les équipes : elles stimulent la créativité, renforcent les liens et incitent les collaborateurs à spontanément partager leurs bonnes pratiques.

Avec autant de personnes travaillant sur autant de marchés, il ne m'est pas toujours possible de réunir physiquement mes équipes, mais lorsque les gens peuvent passer du temps en physique, nous faisons en sorte que ces moments comptent vraiment. Nous organisons des réunions et des ateliers ciblés, dans des espaces flexibles locaux et organisons des séminaires de vente régionaux et mondiaux.

Dans un monde hybride, offrir des incitations claires pour récompenser un travail de qualité est essentiel pour maintenir l'élan des équipes. Je m'assure que les récompenses mensuelles et annuelles ainsi que les événements institutionnels soient organisés autour du succès de chacun. Nous offrons également ce que nous appelons des prix "WOW !" pour un travail vraiment exceptionnel, comme par exemple des voyages au Château de Berne en Provence.

Donner l'exemple

Enfin, et c'est peut-être le plus important, les dirigeants doivent être les moteurs de tous les changements culturels que leur entreprise tente de réaliser. Vous ne pouvez pas attendre de vos collaborateurs qu'ils maîtrisent la gestion des performances dans un environnement hybride si vous, en tant que leader, ne montrez pas la voie.

Devenir un leader hybride n'est plus une option. C'est aujourd’hui une compétence essentielle que vous devez maîtriser si vous souhaitez réussir. Mais c'est avant tout une opportunité incroyable de réhumaniser le lieu de travail, en s'éloignant du présentéisme et du micro-management pour entrer dans une ère moderne où la productivité, le développement professionnel et l’épanouissement personnel des employés sont primordiaux.