La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), selon la version GRI G4, célèbre la performance extra-financière des entreprises.
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La GRI (Global Reporting Initiative) a officiellement lancé la version G4 de son référentiel de lignes directrices de reporting extra-financier lors de sa conférence annuelle, à Amsterdam du 22 au 24 mai 2013. Plus de 1500 experts, issus d'une centaine de pays, assistaient à la présentation de cette nouvelle version très centrée sur la performance globale des entreprises.
Cet événement s'est déroulé dans un contexte international marqué par la montée en puissance de nouvelles exigences en matière de reporting extra-financier, à l'instar des publications récentes de 10 places de marché majeures (Sydney, Sao Paulo, Bombay, Kuala Lumpur, Paris, Hong Kong, Johannesburg, Londres, Shanghai et Taipei).
Michel Barnier, commissaire européen pour le marché intérieur et les services, a introduit la conférence plénière, en précisant que le projet de directive sur la transparence des entreprises en matière sociale et environnementale, accepté par la Commission Européenne en avril dernier, devrait être voté avant les prochaines élections européennes. Cette directive concernera 18.000 entreprises de plus de 500 salariés réalisant un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros (contre 100 millions dans l'article 225 de la loi Grenelle 2) et ce, sans stipulation de statut juridique.
Lors de cette conférence GRI G4, trois expressions ont été rappelées à l'envie par les intervenants : la matérialité, la supply chain (abondamment illustrée par la catastrophe du Bangladesh) et le rapport intégré dont l'adoption par un nombre croissant d'entreprises est semble-t-il suivi avec bienveillance par Michel.
La matérialité des impacts devient le nouveau socle des rapports RSE
Avec la G4, la matérialité devient le fer de lance des futurs rapports RSE. La matérialité, telle que la G4 la définit, est la prise en compte des impacts économiques, environnementaux et sociaux susceptibles d'influencer les évaluations et décisions des parties prenantes vis-à-vis de l'entreprise.
Qu'on ne s'y trompe pas, avec ce prérequis de matérialité qui place finalement la Responsabilité Sociétale au cœur même des entreprises. " Le reporting (RSE) de demain ne cherchera pas à embrasser toutes les problématiques mais se concentrera sur les impacts les plus significatifs y compris chez les sous-traitants les plus importants de l'entreprise", estime Pierre Mazeau, chef de mission RSE à la Direction du Développement Durable EDF et membre du Stakeholder Council de la GRI. Le fait de se concentrer sur les réels impacts et ce, sur l'ensemble de la chaîne de valeur, devrait permettre aux parties prenantes (au premier chef desquelles, les analystes) de mieux appréhender le niveau de performance des entreprises. Une évolution qui devrait entraîner un regain d'intérêt de la part des dirigeants des entreprises pour les reporting RSE, souvent vécus jusqu'alors comme une énième obligation de plus à laquelle se conformer.
Cette nouvelle donne devrait conduire les entreprises à concentrer leur publication en évitant les dilutions qui amoindrissent le sens de leur reporting.
En revanche, qui dit matérialité dit processus pour la définir de façon pertinente et dit également, réelle prise en compte de ses parties prenantes (au-delà des seules auto-évaluations) pour précisément justifier la matérialité. Demain (ou dès aujourd'hui pour gagner du temps) il faudra identifier les sujets pertinents illustrant les impacts de l'entreprise, puis dans un deuxième temps, les hiérarchiser en définissant clairement un seuil de matérialité afin de déterminer les sujets qui seront à intégrer dans le reporting version G4. Dans un troisième temps, il conviendra de valider les sujets pris en compte, en s'assurant de leur équilibre et représentativité et de la réelle prise en compte des attentes des parties prenantes ; le tout à faire valider par le top management de l'entreprise (La G4 invite les entreprises à préciser leur approche managériale – Disclosure of Management Approach). Le quatrième temps, la révision post-publication s'inscrit pleinement dans une démarche d'amélioration continue.
De nouveaux indicateurs RSE
La G4 propose un contenu enrichi avec 10 nouveaux indicateurs RSE, reposant sur de nouveaux volets, qui raffinent davantage encore le contenu de la Responsabilité Sociétale des Entreprises et en a redéfini certains, notamment sur les risques fournisseurs.
Les niveauxd'application A, B, C disparaissent au profit de la mention « conformément aux lignes directrices G4 », avec désormais deux niveaux d'exigences : « core » pour les entreprises qui prennent en compte un minimum de critères d'informations et « comprehensive », pour celles qui prendront en compte l'ensemble des critères.
La supplychain est davantage prise en compte, de manière transversale, dans les différentes dimensions économiques, environnementales et sociales.
Enfin, on notera que les entreprises sont encouragées à faire vérifier – volontairement - leur reporting par une entreprise tierce indépendante.
L'affirmation des enjeux
En conclusion, cette nouvelle version de la GRI traduit la nécessaire évolution vers une prise compte plus affirmée et opérationnelle des enjeux du développement durable par les entreprises. Ces dernières sont donc invitées à produire les données quantitatives et informations qualitatives susceptibles de permettre à leurs parties prenantes de pouvoir évaluer leur performance globale, intégrant leur création de valeur et la maîtrise de leurs risques. Ainsi, performances financières et performances extra-financières doivent pouvoir être corrélées, à l'instar des entreprises ayant d'ores et déjà opté pour la publication d'un rapport intégré.
Ce faisant, reporting amont et rapport aval sont appelés à s'adapter à la nouvelle donne instituée par la GRI. Pour le reporting amont, la fiabilisation de la collecte des données afin de démontrer la pertinence de sa matérialité, de ses enjeux stratégiques et par là même de ses KPI 's devient incontournable. Pour le rapport aval, l'enjeu pour les entreprises sera désormais de permettre à leurs parties prenantes d'accéder facilement aux informations tout en leur permettant d'engager le dialogue… ici et maintenant.
Si cet événement vient souligner l'attention que doivent porter les grandes entreprises sur leur politique RSE, il est aussi un signe pour les PME du sens qu'elles doivent donner à leur stratégie pour un avenir qui se rapproche.
Bertrand DESMIER
Directeur Conseil RSE Tennaxia
www.tennaxia.com
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