Pour embaucher, les aides ne suffisent pas
L'aide à l'embauche a été prorogée jusqu'en juin 2017. Pour François Dineur, associé Absoluce, si son efficacité est apparemment démontrée pour les contrats courts, c'est certainement grâce à sa simplicité d'utilisation. Mais dans tous les cas, c'est avant tout le carnet de commandes qui va conduire le chef d'entreprise à embaucher. Et aussi, surtout, la stabilité des dispositions sociales et fiscales.
C'est dans le cadre du plan d'urgence pour l'emploi, en janvier 2016, que l'aide à l'embauche avait été lancée. Dès la fin du même mois, la ministre du Travail saluait le succès de cette nouvelle aide.
Les entreprises sensibles aux dispositifs simples et clairs
L'aide à l'embauche était une nouvelle aide qui s'ajoutait aux autres aides existantes telles que les contrats d'apprentissage, de professionnalisation, de génération, l'emploi d'avenir pour les moins de 26 ans peu qualifiés, etc.
Ce qui fait le succès de l'aide à l'embauche, c'est sa simplicité. Les critères sont clairs : destinée aux entreprises de moins de 250 salariés, elle concerne les salariés embauchés en CDI ou en CDD de plus de 6 mois, avec une rémunération maximum de 1,3 fois le SMIC. Pour en bénéficier, un seul formulaire doit être rempli au démarrage, et un état de présence du salarié envoyé tous les trimestres. Ensuite, l'entreprise peut prétendre jusqu'à 4000 euros, payable par trimestre, sur 2 ans, soit 8 fois 500 euros.
Véritable déclencheur d'embauches ou effet d'aubaine ?
Entre le premier trimestre 2015 et le premier trimestre 2016, pour les entreprises de moins de 10 salariés, les embauches de CDD de plus de 6 mois ont augmenté de 37 %, et de plus de 30 % pour les entreprises entre 20 et 49 salariés. Quand on sait que cette augmentation s'est limitée à 17 % pour les entreprises de plus de 250 salariés qui n'ont pas droit à cette prime, on peut légitimement accréditer le fait que des emplois ont été créés grâce à cette prime.
Avec un bémol toutefois : il est très difficile d'apprécier la part des embauches réellement « provoquées » par cette prime, et l'effet d'aubaine. En clair, les chefs d'entreprise qui avaient prévu d'embaucher de toute manière, ont pu profiter de cette prime. Ceci dit, rien que le fait que l'embauche ait eu lieu plus que tôt que prévu, par exemple, est positif.
Un coup de pouce financier peut dynamiser l'emploi
Pendant le premier semestre 2016, 54 % des recrutements en CDD de plus de six mois et 34 % des recrutements en CDI ont bénéficié de ce coup de pouce. Cela a pu convaincre des chefs d'entreprise hésitants à passer à l'acte.
En synthèse, quand une aide est bien conçue, les résultats sont là.
Pourquoi supprimer une aide qui fonctionne bien ?
Le Gouvernement a décidé de réorienter les fonds destinés à cette prime à l'embauche vers la formation professionnelle. Pour François Dineur : « Ce choix peut paraître surprenant, dans le sens où l'aide à l'embauche fonctionne bien car elle est cumulative avec d'autres aides, simple à obtenir, et bien ciblée sur les TPE et PME, grâce auxquelles deux tiers des embauches se font en France. »
Ou alors serait-ce parce que les demandeurs d'emploi en formation sont décomptés des statistiques du chômage ? L'aide à l'embauche avait été saluée parce que, justement, elle favorisait directement l'embauche. Personne ne peut nier l'intérêt des formations, mais leur impact est plus difficilement calculable. Et surtout, la formation professionnelle ne concerne pas forcément les mêmes salariés, ni les mêmes entreprises, que la prime à l'embauche.
Il serait certainement préférable de conserver l'échéance du 31 décembre 2017 pour ce dispositif d'aide à l'embauche, voire de le prolonger.
Ce sont les carnets de commande qui génèrent des embauches
Ce que tous les chefs d'entreprise répètent à l'envi, c'est que ce sont leurs perspectives de ventes qui vont les décider à embaucher. En cas de difficultés économiques, toutes les aides possibles et imaginables n'y changeront rien. Nul doute que les chefs d'entreprise préfèreraient, par exemple, une simplification pérenne du droit du travail aux multitudes d'aides....
La stabilité sociale favoriserait aussi l'emploi
Toutes les études le démontrent : les entreprises souffrent de l'instabilité sociale et fiscale. Cette aide à l'embauche en est un exemple frappant : elle devait perdurer initialement jusqu'en décembre 2017. Et avec la nouvelle loi de Finances, cette échéance est remise en cause.
Ce n'est plus jusqu'au 31 décembre 2017 que cette aide pourra être sollicitée, mais uniquement jusqu'au 30 juin. Non seulement un dispositif qui fonctionne bien est remis en cause, mais on change les règles en cours de route.
Difficile pour un chef d'entreprise de naviguer dans un environnement aussi instable.
La rédaction
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