Le télétravail à marche forcée

15 mars 2020 : en 24 heures, la France bascule et tous les salariés dont le métier le permettait ont migré de la maison au bureau. En quelques jours, au pire des cas quelques semaines, presque toutes les contraintes techniques étaient résolues. Et les salariés découvraient tous les bienfaits et toutes les limites du télétravail. 

11 mai 2020, sortie de confinement. Dans une euphorie sans doute un peu hâtive, la France retrouve sa liberté – en grande partie masquée, mais liberté quand même. Les entreprises gèrent le retour au bureau un peu comme elles peuvent, les situations sont très diverses, mais majoritairement, elles permettent aux salariés (ceux dont le métier le permet, toujours) de goûter à un monde hybride, où le temps de travail se partage entre les locaux de l’entreprise et la maison… et de l’apprécier, au point de demander, tout au long des enquêtes et autres sondages, aux entreprises de généraliser cette pratique !

Des modes de travail qui vont durablement évoluer

Et en effet, elles ont l’intention d’y aller : 56 % d’entre elles envisageaient en septembre¹ de passer à 2 jours par semaine à l’issue de la crise, et 1 sur 5 d’aller jusqu’à 3 jours. Avec cependant un hic majeur : l’enthousiasme des salariés, partagé par les managers, ne se retrouvait pas chez les leaders – dont 41 % semblaient être réticents à cette formule (sans compter certaines entreprises – notamment dans l’industrie du luxe, qui prêchaient un retour de 100 % des effectifs dans leur locaux).

Et second sujet : une proportion significative (54 %) des entreprises prévoyait d’accompagner cette transformation – essentiellement au moyen de formations. Ce qui semble, à la fois en volume et en type d’actions, très clairement trop faible pour accompagner ce qui est bien plus une révolution culturelle qu’un simple ajustement des modes de travail.

Une révolution culturelle qui reste à réaliser

Pourquoi une révolution culturelle : parce que le corollaire du télétravail, sans lequel il ne peut pas fonctionner, c’est la confiance – la confiance réciproque entre les leaders, les managers et les collaborateurs. Si le collaborateur sent que son manager a confiance en son implication et sa capacité à travailler de façon productive à distance, il sera évidemment libéré du stress d’avoir à faire ses preuves en permanence, il sera bien plus autonome dans la réalisation de ses missions, il sera responsabilisé – autant de facteurs clés dans son engagement.

30 octobre 2020 : la France rebascule dans le confinement – 100 % des salariés pouvant télétravailler vont retourner à la maison – avec cette fois une activité économique qui devrait être moins réduite qu’au printemps.

Une fois encore, les salariés vont évidemment démontrer que le télétravail, ça marche, qu’on peut leur faire confiance ! Les leaders sauront-ils les entendre ? 

Par Sébastien Biessy, Directeur de l’Activité Talent de Willis Towers Watson France

¹ D'après l'étude "Retour au bureau" - septembre 2020 - Willis Towers Watson