L’absence de compétences nécessaires à sa mise en oeuvre. Et ce manque de ressources humaines dans le domaine de l’industrie n’est pas nouveau puisque déjà, pour les métiers dits traditionnels de l’industrie tels que tourneur-fraiseur, responsable méthodes, technicien de maintenance et autres opérateurs en logistique, il s’avère très difficile, voire mission impossible dans de nombreuses régions rurales, de recruter le personnel compétant. Selon un récent rapport de Deloitte et du Manufacturing Institute, 80% des fabricants déplorent actuellement une pénurie modérée ou grave de candidats qualifiés pour des postes de production qualifiés et hautement qualifiés.

Au vieillissement de la main-d'oeuvre et à la perception souvent négative que les jeunes ont de l’industrie, boudant ainsi les matières techniques et scientifiques, s’ajoute une autre raison à cette pénurie. Toujours selon le rapport, 24% seulement des personnes interrogées pensent que leur système scolaire local encourage les élèves à poursuivre une carrière dans la production. On comprend dès lors qu’outre le facteur « coûts », l’absence de compétences suffisantes en interne freine les industriels dans cette transformation digitale pourtant essentielle pour rester compétitif sur le marché.

L’industrie du futur comme une réponse au manque de main-d’oeuvre qualifiée
Les nouvelles technologies liées à la transformation numérique de l’outil de production et de l’ensemble de l’atelier améliorent les performances de production en donnant la possibilité de surveiller et de piloter automatiquement et en temps réel le process. Elles permettent de réduire considérablement les risques de pannes grâce au monitoring des équipements ; au moindre signe de défaillance, la production est alertée et peut intervenir directement – ou faire appel à la maintenance – immédiatement. Enfin, en matière de qualité (grâce à une automatisation et une robotisation plus poussées des tâches pénibles et répétitives) ou encore en termes de gestion des stocks et des pièces détachées, les améliorations dues à la digitalisation d’une partie des postes de travail sont évidentes.

Pour les entreprises industrielles, cette transformation numérique a en outre l’avantage d’automatiser certaines fonctions où le recrutement fait défaut. Déjà, rappelons que l’automatisation de l’outil de production grâce aux commandes numériques de plus en plus perfectionnées et à l’émergence des robots industriels est déjà en marche. Celle-ci a d’ailleurs permis à un grand nombre d’industriels de rester compétitifs et de maintenir leur production en France en palliant en partie le problème de recrutement.

Aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin. Avec l’intelligence artificielle par exemple. Associée au Big Data et le traitement de millions de données, l’IA offre une réelle opportunité pour l’industrie, en particulier dans le domaine des RH. Car en remontant des quantités d’informations sur l’état de santé de la machine et sur le process en temps réel grâce au machine-learning, l’opérateur développera plus de sens critique et sera en mesure de résoudre de nombreux problèmes lui-même. L’IA ne doit ainsi pas être perçue comme une menace pour les métiers historiques de l’industrie, bien au contraire ! Avec elle, il est désormais possible d’aider les opérateurs à monter en compétences, à les rendre plus autonomes sur leurs équipements et à prendre des décisions pertinentes et rapidement. À titre d’exemple, l’intelligence artificielle permet aujourd’hui à un équipement de s’adapter de lui-même à son environnement industriel. Une façon pour le technicien de mieux surveiller ses machines mais aussi de prendre de la hauteur en extrayant de précieux indicateurs de performances afin d’améliorer le process.

Cette montée en compétences profitera à l’opérateur en jouant un rôle plus important dans l’atelier et à l’entreprise qui, en plus de s’appuyer sur des salariés plus autonomes, bénéficiera d’une revalorisation des métiers de l’industrie, essentielle pour l’avenir de notre pays.

Par Gilles Pacaud, Directeur Général Rockwell Automation France