Aujourd’hui, rien n'est laissé de côté, car ce sont les actions conjointes qui permettront d’atteindre les objectifs de décarbonation, comme d’éviter la hausse des factures et limiter les pannes d’électricité dans les mois à venir.

Un effort collectif pour déjouer les risques à court terme

Pour réduire leur consommation d’énergie, les entreprises doivent avant tout savoir ce qu’elles consomment et comment elles le consomment. À cette fin, il faut qu’elles procèdent à une analyse de leur fonctionnement et du profil de leur bâtiment afin d’identifier les postes sur lesquels elles peuvent agir et ceux qui sont indispensables.

Pour y parvenir, l’audit énergétique reste le chemin le plus court. Ainsi, il sera plus aisé pour les organisations de travailler sur leur effacement - dispositif visant à baisser sa consommation en période dite « de pointe », autrement dit aux heures de pic de consommation (généralement 12h-14h et 18h-20h), pour équilibrer le réseau électrique, en échange d’une incitation financière, qui ne s’applique pour le moment qu’aux très gros consommateurs.

Les acteurs du tertiaire, notamment les industriels, peuvent même s’équiper de capteurs à l’image du Smart Grid, pour détecter les moments où le réseau est en tension pour arrêter de soutirer de l’électricité.

Autre alternative : basculer temporairement sur un groupe électrogène. Le site obtiendra en contrepartie une compensation financière versée par le gestionnaire de réseau de transport d’éléctricité français (RTE).

Pour aller plus loin, certains commerces proposent de fermer leurs magasins entre midi et quatorze heures, s’inscrivant ainsi dans le prolongement des « mesures communes et concrètes » annoncées par la fédération Perifem en juillet dernier (protocole actif dès le 15 octobre prochain) : « Il est prévu d'éteindre les enseignes lumineuses “dès la fermeture du magasin”, contre en général une heure après la fermeture actuellement, et de “systématiser la baisse d'intensité lumineuse” en réduisant de moitié l'éclairage de la surface de vente avant l'arrivée du public et de 30 % lors des “ périodes critiques de consommation”. Sont également prévues d'autres mesures comme “la coupure du renouvellement d'air la nuit, le décalage de la production de glace” et des mesures d'urgence prévoyant notamment de baisser la température des points de vente à 17 degrés cet automne et cet hiver en cas de demande d'une autorité régulatrice ».

Quant aux collectivités représentant 30 % du parc immobilier tertiaire, montrer l’exemple s’impose, à l’instar de la ville de Paris qui a notamment prévu de baisser la température de tous les bâtiments publics et de diminuer l’intensité de l’éclairage ornemental. Objectif visé : 10 % d'économie cet hiver.

Des solutions pour accélérer la transition écologique

Cela n’aura échappé à personne, la sobriété énergétique c’est avant tout une question de bon sens. La maîtrise des usages s’avère par conséquent fondamentale. On ne consomme que ce dont on a besoin. Et aujourd’hui, bon nombre de solutions peuvent nous y aider. Qui n’a pas entendu parler de la domotique et du pilotage à distance de ses équipements ? Il est ainsi possible de gérer la température de son logement en temps réel. Mieux encore pour le tertiaire : avec l’IA, il est désormais possible d’optimiser en continu l’ensemble des circuits (y compris l’éclairage, la climatisation et la ventilation) pour atteindre jusqu’à 40 % d’économies d'énergie. Il s’agit du « smart building ».

Rénover se présente donc comme une étape décisive surtout qu’elle peut rapporter gros : isoler, changer l’éclairage vieillissant ou encore investir dans une pompe à chaleur sont des exemples de travaux qui ont un impact significatif sur le plan des économies toutes confondues. L’État octroie à ce titre des aides financières, notamment via les certificats d’énergie.

En parallèle des solutions de rénovation, il faut continuer de développer les énergies renouvelables, dont on sait qu’elles sont à présent économiquement viables, afin de diversifier la production d’énergie sur l’ensemble du territoire tout en leur conférant une portée locale. Elles peuvent temporairement prendre le relais en cas de tension sur le réseau, à l’image des panneaux photovoltaïques cet été.

Il va plus largement s’agir de consommer autrement et de viser l’efficacité énergétique. Cette notion, paraphrasable par « faire mieux avec moins » est utilisée pour désigner l’action visant à optimiser le rapport entre la consommation en énergie d’un bâtiment et son niveau de fonctionnement moyen. Il s’agit en bref de concevoir une « utilisation rationnelle de l'énergie » à l’aide de processus et d’outils plus efficaces.

Avec l’effort de tous, les coupures d’électricité sont peu probables cet hiver et, dans tous les cas, ne concerneront que quelques jours de tension. Réhabiliter le bon sens et éduquer l’ensemble des parties prenantes à suivre les bonnes pratiques va permettre d’établir le socle d’un nouveau monde où l’énergie ne sera plus associée aux mots « dépenses » et « pollution » mais au principe d’autosuffisance, car c’est bien là tout l’enjeu des années à venir.

Par Alric Marc, fondateur d’Eficia