Les entreprises sont-elles assurées face au Coronavirus ?
Face à l’ampleur de l’épidémie de Coronavirus, les chefs d’entreprises connaissent encore une période difficile. Salariés confinés, fournisseurs bloqués, désertion des clients, annulation d’événements… vont fortement impacter leur activité. Leurs assurances seront-elles suffisantes pour pallier la perte d’exploitation qu’ils vont subir ?
Gilets Jaunes, grèves des transports et maintenant Coronavirus
Les professionnels n’ont pas été épargnés ces derniers mois. Déjà en fin d’année 2018, la crise des Gilets Jaunes avait créé une situation critique pour les entreprises dont l’activité avait été bousculée. En décembre dernier, les grèves de transport leur ont également causé d’importantes pertes financières. Quelques semaines plus tard, alors que la situation semblait revenir à la normale, le Coronavirus arrive de Chine, devient une pandémie, et des mesures drastiques sont prises pour éviter sa propagation. La perte d’exploitation n’est plus un risque, c’est une réalité.
Pour les chefs d’entreprises, il existe une assurance pour protéger la perte d’exploitation. Cette couverture permet à l’entreprise de compenser les effets de la diminution du chiffre d’affaires et de faire face à ses charges fixes en couvrant les frais généraux permanents (amortissements, impôts et taxes, loyers, rémunération du personnel, intérêts d’emprunt…). Selon les chiffres de la Fédération Française de l’Assurance, 60 % des petites entreprises et près de 90 % des grandes possèdent ce type d’assurance.
Mais savent-elles qu’elle s’applique uniquement en cas de dommage matériel direct : incendie, explosion, bris de machine, tempête, catastrophe naturelle, attentat… ?
Le Coronavirus, comme ce fut le cas pendant la crise des Gilets Jaunes ou la grève des transports, pose la question de la perte d’exploitation sans qu’il y ait de dommage matériel. Aujourd’hui plus que jamais, les salariés placés en quarantaine, les fermetures des établissements culturels ou hôteliers, des commerces autres que ceux de première nécessité, les marchandises bloquées ou encore les voyages d’affaires annulés … et qui vont engendrer des pertes financières seront-ils couverts par les assurances ? Dans la grande majorité des cas la réponse est malheureusement non, et les entreprises risquent d’avoir de bien mauvaises surprises.
Car pour être couvertes et prétendre à une indemnisation pour perte d’activité, elles devraient avoir souscrit ce qu’on appelle la garantie pertes d’exploitation sans dommages. Mais selon une récente enquête de l’Amrae, l’Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise, 70 % des entreprises en sont dépourvues. Pour les 30 % restantes, la réalité est que les capacités financières de leurs contrats restent très limitées, de l’ordre de quelques millions d’euros seulement. Certainement pas de quoi compenser la baisse. Et d’ailleurs, 60 % de ces contrats excluent le risque d’épidémie ou de pandémie. Une problématique dans la situation actuelle.
Pour les dirigeants qui souhaiteraient s’assurer à l’avenir contre la perte d’exploitation sans dommage, seulement quelques contrats d’assurance proposent ce type de couverture. Pourquoi ? Parce que les assureurs sont frileux sur ce genre de risque !
Des risques difficiles à modéliser et exclus des contrats
Les pertes d’exploitation sans dommages matériels sont très difficiles à anticiper. Elles nécessitent une analyse très fine de l’entreprise et de l’ensemble de sa chaîne de production. Très peu d’assureurs se sont donc lancés sur ce marché.
Tous les secteurs connaissent désormais une période dramatique. Si il a quelques jours encore on pouvait avancer que les annulations ou les reports dans le monde du spectacle, du sport, puis par ricochet de l’hôtellerie, des transports ou du tourisme étaient provisoires et touchaient seulement ceux rassemblant le plus grand nombre, il en est tout autrement aujourd’hui… Tous les rassemblements sont désormais interdits. Un cataclysme pour ces secteurs et bien d’autres. Si l’assurance annulation peut être invoquée par les professionnels, il faudra qu’ils fassent bien attention à la date de signature de leur contrat d’assurance. Tous les contrats souscrits après le début de l’épidémie doivent très certainement exclure ce risque.
La solution à l’heure actuelle pourrait provenir des annonces du Président Macron, qui a déclaré que « tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises, quoi qu’il en coûte ». Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a, quant à lui, promis que les aides pour les entreprises et les salariés s’élèveraient à « quarante-cinq milliards d’euros ». Il faudra donc se tourner du côté de l’État plus que des assurances pour espérer que l’impact économique du Coronavirus ne soit pas trop dramatique…
Par Olivier Moustacakis, cofondateur d’Assurlandpro.com, premier site de comparaison d’assurances pour les professionnels
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