Les intentions des entreprises françaises face aux enjeux de recrutement
Dans un contexte économique incertain et un marché du travail toujours tendu, Cadremploi et le cabinet de recrutement Selescope, en partenariat avec l’Ifop, ont pris le pouls de 400 dirigeants français : arrivent-ils à recruter ? Quel est l’impact du recrutement sur leur entreprise ? Font-ils appel à des structures spécialisées pour les aider à trouver les bons talents ? Quels types de profils recherchent-ils ? Font-ils beaucoup d’erreurs de recrutement ? Mettent-ils en avant leur politique RSE ?
Tour d’horizon des principaux enseignements de la nouvelle édition du baromètre et des évolutions notables par rapport à 2021.
Les difficultés actuelles de recrutement impactent l’activité d’1 entreprise sur 2
L’optimisme observé en juin 2021 retombe un peu en cette fin d’année : si deux tiers des chefs d’entreprise ont l’intention de maintenir leurs effectifs au même niveau les prochains mois (67 % ; +3 points), un peu moins d’un tiers prévoit de les augmenter (28 % ; - 7 points).
Ces prévisions de recrutement concernent principalement les entreprises de plus de 20 salariés : 54 % des dirigeants de 50 à 99 salariés prévoient d’embaucher, 43 % de ceux de 100 à 249 salariés et 49 % de ceux de plus 250 salariés.
Par ailleurs, 52 % des interviewés estiment que les difficultés de recrutement qui agitent actuellement le marché de l’emploi ont un impact négatif sur leur activité : 38 % indiquent ne pas pouvoir répondre à la demande et 32 % considèrent qu’elles freinent leur développement (notamment dans les entreprises de plus de 50 salariés et celles qui veulent renforcer leurs effectifs).
Le recrutement devient stratégique et s’internalise
Le temps consacré à chaque recrutement est une préoccupation plus importante cette année qu’en 2021 : 31 % des chefs d’entreprise considèrent en effet y consacrer trop temps (+11 points) tandis que 8 % déclarent au contraire ne pas en avoir suffisamment.
Pour autant, 74 % du panel ne souhaitent pas faire appel à des entreprises spécialisées en recrutement. Ils expliquent cette posture essentiellement pour des raisons internes : 59 % recrutent en effet en utilisant surtout leurs propres ressources (+27 points). « L’internalisation des recrutements montre que l’embauche des talents est devenue encore plus stratégique pour les entreprises », commente Damien Leblond, Associé & Fondateur de Selescope.
À l’inverse, 26 % des dirigeants souhaiteraient recourir (ou ont déjà fait appel) à ce type de structure ; c’est notamment le cas pour ceux qui veulent augmenter leurs effectifs. Les raisons ? 61 % leur reconnaissent une meilleure capacité à sourcer, tandis que 32 % saluent leur aptitude à fournir un éclairage supplémentaire sur la personnalité des candidats.
Des chefs d’entreprise ambitieux et pragmatiques
Ambitieux, 6 chefs d’entreprise sur 10 affirment vouloir recruter des personnes avec un « potentiel » (compétences non techniques : savoir-être et capacité d’apprentissage) tandis que 40 % souhaitent favoriser des personnes présentant des compétences fonctionnelles. Cette dernière tendance se vérifie particulièrement dans les entreprises de plus de 250 salariés (54 %) et dans le secteur des services (45 %).
Pragmatiques, 2/3 d’entre eux (66 % ; +15 % par rapport à juin 2021) déclarent cependant vouloir privilégier le recrutement de profils identiques, aux parcours bien définis et ayant fait leurs preuves, alors que seulement 1/3 (34 % ; -15 points) préfère recruter des profils atypiques pour développer leur activité.
« À long terme, les dirigeants veulent des personnes ayant un potentiel. Toutefois, afin de ne pas freiner le développement de leur entreprise dans l’urgence du quotidien, ils vont se tourner vers des profils identiques qui leur semblent opérationnels plus rapidement. Cela revient à privilégier le court terme sur le long terme », explique Damien Leblond.
Plus d'1 entreprise sur 2 reconnaît un taux d'échec de recrutement supérieur à 25 %
Les chefs d’entreprise interrogés reconnaissent, cette année encore, des erreurs de casting non négligeables. Si la proportion affirmant la réussite de plus de 75 % de leurs recrutements progresse - passant de 39 % en 2021 à 44 % en 2022 (+5 points) - il en est de même pour ceux qui assurent avoir réussi moins d’1 recrutement sur 2, passant de 15 % en 2021 à 20 % en 2022 (+5 points).
Parmi les dirigeants qui connaissent des recrutements malheureux, 40 % pointent un manque d’implication et de volume de travail de la part des recrues (+ 2 points vs 2021), notamment dans les entreprises de plus de 250 salariés (52 %). Le défaut de compétences « métier » est par ailleurs fortement invoqué cette année (39 % ; +13 points), surtout dans les TPE (50 %), mais aussi dans les entreprises situées en région (42 % contre 28 % pour les chefs d’entreprise franciliens).
L’absence d’actions RSE est un frein pour recruter des candidats toujours plus attentifs à ce sujet
Seuls 5 % des interviewés ont enclenché ce qui peut être considéré comme une véritable politique RSE, c’est-à-dire en mettant en place au moins 3 actions ayant un impact social et/ou environnemental.
On note toutefois que la majorité des dirigeants (59 %) a engagé au moins une action, dont trois se détachent assez nettement : le mécénat (26 %), la définition d’une raison d’être (20 %) et la mise en place d’un système de partage de la valeur à travers des primes (18 %).
Parmi les entreprises ayant déployé au moins une action, 66% déclarent les promouvoir, notamment dans le cadre d’entretiens d’embauche (43 %) et dans leurs offres d’emploi (30 %). Cette tendance confirme que la RSE est directement liée à la marque employeur et peut constituer un argument de poids pour convaincre les candidats, de plus en plus sensibles à ce type d’actions. On observe tout de même que plus d’un tiers des dirigeants (34 %) ne les valorise pas du tout dans leur process de recrutement, révélant une marge de progression importante sur le sujet.
« Nous l’avons constaté dans d’autres études, la RSE devient un élément central pour convaincre les candidats. Or, nous voyons ici que peu d’entreprises ont mis en place de véritables politiques sur le sujet. Si on en fait une lecture brute, cela revient à dire que 95 % d’entre elles se privent donc potentiellement de la moitié des candidats ! », estime Damien Leblond.
Méthodologie de l’étude :
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 400 dirigeants d’entreprises employant plus de 5 salariés, dont 50 au sein d’entreprises de plus de 250 salariés.
L’échantillon final a été redressé pour être représentatif des entreprises de plus de 5 salariés sur les critères de taille d’entreprise, de secteur d’activité et de région d’implantation.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 15 septembre au 4 octobre 2022.
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