Perrine Izabelle, consultante mc²i Groupe, constate : « Le fonctionnement polyarchique n'est pas une situation qui nous est étrangère. Dès notre plus jeune âge, n'apprenons-nous pas à obéir à différentes personnes ? Il n'est pas étonnant de constater une banalisation de cette organisation matricielle dans le milieu professionnel ».

Quelle est la marche à suivre par le collaborateur pour se positionner entre deux demandes divergentes ?

Se retrouver dans une situation de triangulation professionnelle nécessite un grand sens de l’équilibre et de la diplomatie. En cas de désaccord identifié entre les deux responsables, il est inutile de vouloir s'immiscer dans une valse conflictuelle. Il est primordial d’analyser la personnalité de chacun pour déterminer leur manière de travailler. Tout en restant neutre et en insistant sur les valeurs fondamentales, il semble souhaitable de mettre les responsables face à leurs contradictions pour en déterminer une position finale et commune. Il reste ensuite à établir sa feuille de route en identifiant les objectifs attendus par chaque responsable, sans pour autant accepter une charge double de travail. Le dialogue avec chacun des protagonistes se concentrera sur les périmètres identifiés distincts, lors de réunions individuelles.

Du rassemblement ne nait pas la réussite d’un projet !

Dans un premier temps, la clé de la réussite réside dans le fait d’accepter que cette union ne peut se réaliser : il ne faut pas chercher à vouloir rassembler ces deux chefs en un seul. Au fur et à mesure de l'avancée du projet, il faudra inciter les deux responsables à communiquer entre eux, en les aidant à déterminer, lors de réunions tripartites, des principes communs et des attentes compatibles pour tirer bénéfice de cette triangulation. Il est en effet primordial d'instaurer une vision commune sur l'orientation que doit prendre le projet et objectifs à atteindre. Ces buts communs peuvent être l’aboutissement du projet, les enjeux stratégiques de l’entreprise et sa rentabilité. S’ils sont identifiés et acceptés, le trio sera en mesure d'avancer dans la même direction et les conflits se feront plus rares.

Le conflit, une opportunité pour mieux communiquer ?

Pour le collaborateur, avoir deux responsables en conflit est une opportunité qui peut ainsi réorienter les discussions vers les principes fondamentaux d'un projet, et challenger les différentes positions. Ceci est d’autant plus vrai pour un consultant extérieur qui, bénéficiant du recul nécessaire, se devra de recadrer constamment le projet.

Pour Perrine Izabelle, le conflit peut devenir une opportunité : « La complexité et les difficultés rencontrées dans cette situation ne doivent pas être considérées comme un obstacle au bon déroulement d’un projet. Elles sont généralement un tremplin vers une capacité d'innovation et de cohérence. Walter Lippmann, journaliste du siècle dernier, énonçait déjà : « Lorsque tout le monde pense pareil, personne ne pense vraiment ».