En s'appuyant sur des millions de candidatures, les équipes de recherche économique de Glassdoor ont une vision globale et unique sur la façon dont les travailleurs français perçoivent et se comportent dans le milieu professionnel.

Lorsque la pandémie a frappé l’Europe, le monde du travail a été projeté dans une situation jusqu’alors inconnue. Si l'année 2020 a été consacrée à répondre à la crise sanitaire, l'année 2021 a été dédiée à la résolution de défis allant de l'épuisement professionnel et du travail à distance, au recrutement et à la fidélisation sur un marché du travail défini par des pénuries de main-d'œuvre et des niveaux records de turnover.

Glassdoor prévoit qu'en 2022, les salariés bénéficieront d'un pouvoir de négociation plus élevé sur un marché du travail tendu, alors que les nouvelles générations aspirent à de nouvelles façons de travailler. Par conséquent, les entreprises doivent impérativement repenser leurs méthodes, parfois obsolètes, pour recruter et fidéliser les talents, et la façon de gérer leurs activités.

Glassdoor met en lumière les 4 tendances pour 2022 sur le marché du travail au Royaume-Uni, en France et en Allemagne.

Prédiction n° 1 - Recruter et former : la priorité des entreprises

En 2021, les salariés ont mis à profit les confinements pour redéfinir leurs priorités professionnelles et personnelles, commencer une reconversion, trouver un emploi stable pour certains saisonniers ou intermittents. La pénurie de main-d'œuvre et la concurrence accrue entre entreprises a rendu exceptionnellement difficile le recrutement. Les entreprises qui considèrent cette situation exceptionnelle et temporaire se fourvoient : l'année 2021 préfigure ce à quoi il faut s'attendre en 2022.

À la différence des précédentes récessions, le taux de chômage est resté faible tout au long de la pandémie, grâce notamment au chômage partiel mis en place par les gouvernements français, britannique et allemand. Le marché du travail français est traditionnellement rigide , et ne connaît pas encore, comme aux Etats-Unis, une vague de "Grande Démission". Cependant, seules les plus créatives seront à même de booster l’attractivité de leurs entreprises.

Celles-ci devraient chercher à débloquer de nouveaux viviers de talents en communiquant mieux sur les postes à pourvoir et les avantages métier, en accompagnant la montée en compétences, en adaptant les postes pour des personnes handicapées, en proposant ou finançant des formations adéquates auprès des jeunes, des chômeurs ou des personnes en reconversion professionnelle, alors que la réforme des retraites et l’allongement de la durée de cotisation est autre un levier à l’étude par le gouvernement français.

Prédiction n°2 - Le télétravail : un prérequis et de nombreuses inconnues

Introduit et encadré dans le droit du travail français depuis 2017, le télétravail a été testé en condition réelle dès mars 2020, malgré les réticences des employeurs. Désormais, c’est un outil indispensable, intégré aux avantages offerts par certaines entreprises, et non plus le pouvoir discrétionnaire de quelques avant-gardistes. La différence se fera désormais sur les packages que proposent les entreprises autour du télétravail (combien de jours par mois, matériel informatique fourni, prime d’installation ou prime journalière, tickets restaurants valables autour du lieu de travail et d’habitation…) en plus de développer l’attractivité des bureaux (accessibilité en transport, espaces de travail et de réunion, ambiance parmi les unités opérationnelles…).

En 2021 selon Glassdoor, 5,3 % des entreprises qui recrutent en France sont désormais en compétition avec des entreprises qui proposent des offres d'emploi accessibles à distance (contre 0,4 % deux ans plus tôt). C'est 13 fois plus en 2021 qu'en 2019.

La généralisation du télétravail pose ainsi quelques questions cruciales pour l’avenir des entreprises. En effet, la vague de salariés ayant quitté la promiscuité des grandes villes pour plus d’espace restera-t-elle fidèle aux entreprises malgré la distance, ou cherchera-t-elle un nouvel emploi, plus proche ? À l’inverse, les entreprises accorderont-elles plus de souplesse sur la délocalisation de leurs talents en contrepartie d’un salaire stable (compensé par le coût de la vie en province), ou bien maintenir ses collaborateurs à proximité en proposant des hausses de salaires ? Alors que la concurrence pour les candidats - à distance ou non - s'intensifie, les entreprises vont-elles rester sur leurs positions ?

Quoiqu’il en soit, les stratégies des entreprises seront surveillées par les collaborateurs eux-mêmes et par les sociétés concurrentes, dès lors qu’il est convenu qu’un bon recrutement est un facteur-clé pour la performance et la pérennité de l’activité.

Prédiction n°3 : Responsabilité Sociale des Entreprises : diversité, équité et inclusion

En réponse aux mouvements de fonds dans la société (#MeToo, #Balance ou encore Black Lives Matter aux Etats-Unis) de nombreuses entreprises ont fixé des objectifs ambitieux en matière de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI). En 2020, Glassdoor a constaté que 76 % des demandeurs d'emploi et des employés américains considèrent la diversité de la main-d'œuvre comme un facteur important lorsqu'ils évaluent les entreprises et les offres d'emploi.

En France, il y a fort à penser que 2022 sera également un point d'inflexion en matière de DEI au travail. Comme pour la responsabilité environnementale, les collaborateurs s'attendent à voir et ressentir des progrès dans leur quotidien au travail et que les objectifs fixés soient atteints. Les promesses non tenues seraient dévastatrices pour l’image de marque et la perception de l’entreprise, à l’heure où la transparence est une valeur clé et quand la parole des salariés se libère grâce aux réseaux sociaux personnels et professionnels.

Prédiction n°4 - La vie professionnelle par-delà les murs de l'entreprise

Au cours de la dernière décennie, les entreprises ont mis l'accent sur l'engagement des employés et la qualité de vie sur leur lieu de travail. L’hybridation du travail oblige nécessairement les bureaux à évoluer : le baby-foot, le rooftop et les boissons à volonté font place à des journées bien-être, l’accompagnement à la parentalité et au soutien en matière de santé mentale.

En 2022, les entreprises découvrent les contreparties de la flexibilisation du travail et d’un marché tendu : une partie des salariés, notamment les jeunes générations, ne croient pas à l’emploi à vie et ne voient pas le travail comme une fin en soi s’il est au détriment d’une vie personnelle. Pour attirer et fidéliser, les entreprises doivent reconnaître que les collaborateurs ne cherchent pas seulement un emploi, mais un plan de carrière motivant intégré dans une sphère sociale riche et bienveillante, permettant leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Selon le graphique ci-dessus les échanges sur les aspects matériels du bureau ont diminué au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, tandis que les mentions de la période d'accueil, élément essentiel pour faire naître un sentiment d'appartenance et de loyauté pour une entreprise, ont augmenté en France.

La pandémie n'a pas altéré significativement les facteurs de satisfaction professionnelle

Glassdoor a également examiné les facteurs liés au cadre de travail qui déterminent la satisfaction des salariés français. Malgré la pandémie et les nombreux débats sur la façon dont les travailleurs ont réévalué leurs priorités, les facteurs de satisfaction des employés n'ont globalement pas changé entre 2019 et 2021.

Les trois principaux facteurs de satisfaction en France sont la culture et les valeurs (21,3 %), la direction (19,9 %) et les opportunités de carrière (13,1 %). Ensuite, les français privilégient la rémunération et les avantages sociaux (12,1 %) juste devant la diversité et à l'inclusion (12 %), l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée (11,4 %) et aux perspectives commerciales (10,0 %).

“ 2022 sera une nouvelle année tendue sur le marché du travail, et permettra aux salariés et demandeurs d’emploi de poser certaines de leurs conditions et d'exiger davantage. Dans un contexte incertain comme une crise sanitaire et les élections présidentielles à venir, les perspectives pour l'économie sont difficilement discernables. En France, les entreprises doivent réussir à transformer leurs modèles économiques, et investir dans un plan d'action de recrutement, de maintien en poste et de promotion d'une culture d'entreprise dynamique pour être plus performantes ", souligne Lauren Thomas, économiste chez Glassdoor.