Mettre moins de moyens pour faire plus et mieux : le présent et le futur des DSI.

Et cette pression ne va pas cesser. Les services rendus par l’informatique sont toujours plus nombreux, de nouveaux usages du système d’information par les différents métiers ne cessent d’apparaitre, souvent affublés de noms issus du buzz marketing (le big data !), sans parler de l’informatique appliquée à l’entreprise étendue, dans laquelle les partenaires collaborent à travers des systèmes qui communiquent entre les entreprise. Même avec un retournement de conjoncture économique, il faudra en faire plus avec au mieux les mêmes moyens.

Cela va-t-il devenir insurmontable ? ! Nous sommes très loin de la limite.

Cela va-t-il devenir insurmontable ? Va-t-on bientôt arriver au bout de ce qu’il est possible de faire ? Loin de là ! Nous pensons fermement que nous sommes très loin de la limite, que des gisements importants sont là sur les coûts, la qualité de service, la productivité ; la profession est loin d’avoir imaginé toutes les solutions. A l’appui de cette affirmation nous pouvons bien sur observer que dans 80% des missions d’améliorations que nous pratiquons chez nos clients, les gains sont supérieurs à 20%. Mais une perspective historique nous éclaire sur le chemin restant à faire. Elle nous montre que la nouvelle génération de l’approche Lean IT va nous mettre efficacement sur la bonne voie.

Comparez dans une perspective historique l’informatique et l’industrie.

L’histoire de l’informatique en entreprise est marquée par deux phénomènes : une expansion qui ne connait pas d’arrêt, et sans cesse l’apparition de nouvelles technologies, pour ne pas dire de ruptures. En 1965, l’IBM360 est la première machine accessible aux entreprises pionnières qui vont y traiter leur comptabilité et leur paye avant de s’attaquer dans les années 80 à la gestion de stock, l’administration des ventes puis la gestion de production. Dans cette décennie apparait le PC (souvenez-vous, en 1990, dans les entreprises de services, il y avait encore beaucoup de bureaux sans ordinateur !), et, associé au client/serveur des années 90, la bureautique se développe, les technologies s’empilent, les bugs se propagent. On manque terriblement d’informaticiens formés, beaucoup de personnes se reconvertissent sur le tas. En 1999, l’informatique est maintenant partout dans l’entreprise, le CRM apparait, le décisionnel est une nouvelle technologie. Les années 2000 sont marquées par l’usage d’Internet et du Web (naissance en 1993), l’informatique sort de l’entreprise, la 3G la rend mobile. Phénomène intéressant, de nouvelles préoccupations apparaissent : la qualité de service, la professionnalisation de l’activité avec le déploiement des référentiels (ITIL, CMMI, COBIT…).

Regardons l’histoire de l’industrie.

De 1820 à 1940, l’histoire de l’industrie est marquée par une succession de ruptures technologiques. Vers 1820 apparaissent les premières machines-outils utilisant une nouvelle énergie, la vapeur, pour le tissage. Se succèdent alors la transformation du charbon en coke qui fit naitre la sidérurgie moderne, les aciers spéciaux, le courant alternatif, le transport de l’électricité et pour finir le siècle, le moteur à explosion sans oublier le téléphone. Et cela continue au début du 20° avec le réfrigérateur à absorption de gaz, la turbine à gaz, et en 1932 l’invention du PVC et du plexiglas. Dans les pays développés, l’industrie est le premier secteur économique.

A partir de ce moment, l’histoire de l’industrie retient des évènements liés aux réflexions sur l’organisation du travail. Elles existent au début du siècle, avec le Taylorisme, mais la nouveauté arrive dans les années 40 grâce à W. Edwards Deming avec le PDCA, sa démarche participative d’optimisation. Cela continue dans les années 50 avec le « Toyota Product System » père de la méthode Lean. La production est tirée par la demande. Puis, la démarche Kaizen de Masaaki Imai promeut l’amélioration continue. Les Cercles Qualité de Joseph Juran et la méthode Six Sigma née chez Motorola mettent la satisfaction du client et la maîtrise de la qualité au centre. Toutes ces démarches n’ont qu’un but : satisfaire le client (interne ou externe) au moindre coût avec une qualité maîtrisée. Les nouvelles technologies ne génèrent plus de rupture, elles sont maîtrisées au service de cette finalité. Dans les années 90, un ensemble de travaux et d’expériences transposent les savoir-faire sous-jacents pour les appliquer au monde du service et aboutissent au Lean Six Sigma.

A l’échelle historique de l’industrie, nous sommes en 1950.

Si l’on superpose l’histoire de l’informatique en entreprise à celle de l’industrie, nous sommes vers 1950. Les technologies sont encore introduites de façon non maitrisée voire irrationnelle, la maitrise de la qualité de service et des coûts, l’ajustement de l’offre à la demande sont présents dans les esprits sans être associés à des savoir-faire précis, l’amélioration continue n’est pas inscrite dans la culture des informaticiens.

Les premiers projets de transformation sont basés sur les référentiels types ITIL, CMMI, COBIT. Ce sont des référentiels de bonnes pratiques, premiers travaux de capitalisation de la profession. Vous pourrez noter qu’ils décrivent les activités à faire, mais pas la façon de les faire. Ah, tiens ! Il faut gérer les configurations des équipements et des logiciels ! 70 pages dans ITIL ! C’est un peu comme si on disait à un industriel qu’il fallait gérer son stock, que c’est une bonne pratique. Car au 20° siècle, les informaticiens (NB : l’auteur se considère comme tel) sont des artisans, avec des façons de faire et une organisation d’artisan. On peut faire le parallèle entre le Taylorisme (début du 20° siècle) et les premiers projets du début du 21 siècle : une première tentative pour avoir une organisation rationnelle.

Nouvelle génération de l’approche Lean IT.

Nous en sommes là, vers 1950. Les marges de progrès sont immenses, les gisements de productivité loin de leur limites, …. Et nous avons à notre disposition 60 ans d’expérience de méthode d’amélioration. Comment les utiliser, en profiter ?

Les premiers projets Lean IT, par exemple ceux de Mary et Tom Poppendieck en 2003 sur le développement d’application métier, représentent les premières tentatives d’utiliser ce capital. Ils utilisent la philosophie, la boite à outils, l’approche managériale, bref l’ensemble du corpus de Lean six sigma qu’ils appliquent à tout ou partie de l’activité informatique d’une entreprise. Ils donnent des résultats tangibles. Et pourtant, le Lean IT ne s’est pas généralisé à cette époque. Pourquoi ? Pour deux raisons culturelles. D’un côté, les informaticiens d’entreprises sont interrogatifs (voir rétifs) à propos des méthodes centrées sur l’efficience, ils n’ont pas encore l’habitude, et les projets basés sur les référentiels de bonnes pratiques, référentiels dans lesquels ils se retrouvent plus, les occupent ; de l’autre côté, les consultants sont issus des filières historiques du Lean Six Sigma, ils appréhendent mal la culture des informaticiens, ils plaquent leur méthode sans comprendre leur histoire et ainsi ne facilite ni leur acceptation ni celle du Lean IT. Ces limites ont généré chez certains consultants une remise en cause, elle a débouché sur la mise au point d’une nouvelle génération de l’approche Lean IT.

Les DSI peuvent réaliser des gains identiques à ceux de l’industrie dans ces 60 dernières années

La nouvelle génération de l’approche Lean IT intègre la culture des informaticiens. En utilisant de façon couplée l’apport du corpus de Lean Six Sigma et celui des référentiels de bonnes pratiques, elle les potentialise, elle favorise son acceptation, elle permet de faire du one shot, des quick win, mais aussi d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire une transformation culturelle qui va inscrire l’amélioration continue dans les habitudes des informaticiens. Avec la nouvelle génération du Lean IT, le DSI dispose d’un outil pour ajuster l’offre à la demande, améliorer l’efficacité de l’informatique, maitriser la qualité, diminuer ses coûts. Les entreprises peuvent profiter des gisements, réaliser des gains identiques à ceux de l’industrie dans ces 60 dernières années.