Ainsi les évolutions de contextes plus ou moins récentes, avec en tête la crise du Covid-19, ont grandement redéfini notre manière de vivre ensemble, de tisser des liens les uns avec les autres et de les faire perdurer. La sphère du travail a été particulièrement touchée ; le numérique s’est imposé comme inévitable loi, décomposant à grands coups de conférence calls les relations humaines derrière un immense voile de pixels.

De nouveaux concepts et de nouvelles méthodologies de travail se sont par conséquent installées, à l’image du télétravail. D’abord brandi comme pansement, comme une sorte de garrot urgent face à l’hémorragie du confinement, qui nous a permis de rester en contact et de maintenir certains pans de notre activité économique. Mais finalement très vite plébiscité et utilisé comme si nous n’avions jamais vraiment pu vivre sans. Aujourd’hui, on sait par exemple que les salariés travaillent en moyenne 3,6 jours par semaine en télétravail contre seulement 1,6 en 2019.

Il nous faut ainsi comprendre cette évolution fulgurante et tenter de décrypter, autant que faire se peut, le développement des idées et des politiques autour de ce nouvel outil de travail. Aussi, cette réflexion ne manquera pas de susciter le murmure d’une interrogation subsidiaire ; comment articuler ces politiques d’un point de vue opérationnel, avec le développement parallèle d’une multitude d’innovations technologiques ?

Des politiques en continuelle évolution autour d’un concept qui reste clivant

La pandémie a indéniablement agi comme catalyseur à l'adoption généralisée du travail à distance, avec 56% des salariés du tertiaire qui pratiquent le télétravail aujourd’hui, ce qui a évidemment poussé les entreprises du monde entier à reconsidérer leurs normes et réglementations vis-à-vis de ce concept.

L’un des premiers corollaires au télétravail n’est autre que le gain de temps, et donc de productivité qu’il permet. En effet, il offre une alternative souvent bienvenue à la galère du transport quotidien, qu’il soit terrestre ou souterrain. Ce trajet domicile-travail, que la géographie sociale aime à poétiquement appeler ‘mobilité pendulaire’, fait partie de ces obligations qui se muent rapidement en contraintes. Celles et ceux qui s’y livrent font nécessairement l’épreuve du temps qu’il exige, et se trouvent soulagés de voir leur entreprise leur offrir la possibilité de travailler depuis chez eux.

Ce constat est soutenu par des statistiques claires, puisque 72% des salariés se déclarent moins fatigués en travaillant à distance¹. A bien des égards, le télétravail est ainsi entré en scène comme un remède insoupçonné, désamorçant les écueils du quotidien que l’on pensait longtemps inéluctables.

Le télétravail a aussi donné un certain poids à l’un des sujets déjà pris très au sérieux par les entreprises : la santé mentale des travailleurs. Conscientes des problèmes que peut poser le travail à distance, tels que l'isolement et l'épuisement professionnel, les entreprises mettent en place des politiques en faveur de la santé mentale et de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Par ailleurs, les entreprises adoptent de plus en plus un environnement de travail axé sur les résultats (Results Oriented Work Environment - ROWE), où l'accent est moins mis sur le nombre d’heures passées au travail que sur la production et la qualité de ce qui est rendu. En ce sens, le télétravail correspond très bien à ce type de vision nouvelle qui s’installe progressivement au sein de nombreuses organisations.

Avec l'essor de cette nouvelle tendance, une attention toute particulière est portée sur la cybersécurité, sujet déjà grandement pris au sérieux depuis des années par toutes les entreprises transférant de la data via ses services informatiques. Les nouvelles politiques de cybersécurité incluent notamment une utilisation accrue de VPN, des authentifications multifactorielles, ou encore des mises à jour régulières des différents logiciels.

Enfin, il est primordial de veiller à ce que les politiques de travail à distance ne créent pas, ou n'exacerbent pas les inégalités au sein de l’entreprise. Il s'agit notamment d'offrir aux travailleurs à distance un accès équitable à la technologie et des possibilités égales de progression professionnelle.

Des technologies multiformes au service du télétravail

Cette nouvelle méthode de travail à distance induit nécessairement le développement et l'adoption de nouvelles technologies pour faciliter une collaboration efficace, bien qu’elle s’apparente à ce que l’on pourrait appeler une collaboration « sans contact ».

Dans un tel contexte, le fer de lance de ces technologies n’est autre que la plateforme de collaboration. Développée par de nombreux éditeurs différents, ces outils sont devenus essentiels pour la communication et la collaboration, car ils offrent des services de chat, de vidéoconférence et de partage de fichiers en un seul endroit, le tout de manière particulièrement rapide et efficace. Aujourd’hui, 91% des salariés qui travaillent à distance utilisent des outils de visioconférence¹.

Le télétravail fait aussi la part belle aux logiciels de gestion de projet, qui sont des plateformes très utilisées, aidant les équipes à organiser, suivre et gérer leurs projets de travail et leurs tâches quotidiennes, en veillant à ce que chacun reste sur la même longueur d'onde, quel que soit l'endroit où l'on se trouve. Cependant, ces plateformes sont bien inutiles si elles ne sont pas soutenues pas des espaces de stockage collaboratifs et sécurisés. Entrent ainsi en jeu les services Cloud qui permettent d'accéder facilement aux fichiers et aux applications de n’importe où, et facilitent ainsi le travail à distance en toute transparence.

Toute cette offre de technologies ne pourrait être utilisée sereinement par les entreprises sans une sécurisation de la data et donc sans les réseaux privés virtuels (VPN) notamment, qui sont essentiels pour sécuriser les connexions à distance et garantir la sécurité des données lorsqu'elles circulent sur les réseaux. Au-delà des VPN, les entreprises investissent également de plus en plus dans des solutions avancées de sécurité des terminaux, de gestion des identités et des accès (IAM) et d'accès sécurisé à la périphérie des services (SASE), pour se protéger contre les cybermenaces.

Enfin, il semble aujourd’hui impossible de disserter des nouvelles technologies sans parler d’intelligence artificielle et d’automatisation. Ces outils synergisent particulièrement bien avec la méthode de télétravail, puisqu’ils sont majoritairement utilisés pour rationaliser des tâches telles que la planification, le service client (via des chatbots), et même certains aspects de la gestion de projet, réduisant ainsi la charge administrative des travailleurs à distance.

Conclusion

Le concept de télétravail n’est évidemment pas de ce genre qui font l’unanimité, rassemblant autour de lui sans doute autant de supporters que de détracteurs. Pour certains, il est le symbole d’une nouvelle ère désocialisée et désocialisante, tandis que d’autres préfèrent le voir comme une méthode de travail innovante, désencombrant les sources d’eau jaillissantes de l’adaptabilité humaine.

Cette fameuse qualité d’adaptation toujours en éveil, jamais pleinement satisfaite car en perpétuelle recherche d’innovations, qui répond à l’exigence de l’instant et de l’imprévisible (ex : Covid-19). Ainsi, les chiffres parlent davantage en la faveur des défenseurs du travail à distance, avec 54% des salariés ayant le sentiment d’avoir une plus grande capacité d’innovation et d’être plus créatifs en télétravail.

Par Théo Cantinolle, Consultant Conseil RH et SIRH au sein du Groupe Magellan Partners

¹ www.oberlo.fr/blog/travail-a-distance