Ajuster le mix énergétique de la Car Policy à l’usage personnalisé de chaque véhicule. C’est ce que s’attachent à faire les gestionnaires de parc pour en tirer un double intérêt : maîtriser le coût de la consommation énergétique des véhicules par une connaissance précise de leur utilisation, tout en engageant la transition énergétique de leur flotte pour respecter le Loi d’Orientation des mobilités (LOM) qui impose un renouvellement progressif des parcs d’entreprise en véhicules à faibles émissions (électrifiés) d’ici à 2030.

« La transition écologique change en profondeur le métier des gestionnaires. Elle les pousse à s’intéresser de près à l’usage des véhicules de fonction et statutaires pour comprendre comment les salariés roulent afin d’être éligibles à un véhicule électrifié, 100% électrique ou hybrides rechargeable », explique Amandine Verdasca, consultante chez Traxall France, gestionnaire de flottes externalisées.

« Plus encore que par le passé, le meilleur moyen de prendre en compte toutes ces contraintes est d’analyser avec davantage de précision l’usage auquel est destiné chacun des véhicules de la flotte », ajoute Marc Bodson, directeur général de Beltoise Evolution, organisme de formation à la prévention routière.

La télématique pour identifier les véhicules de fonction « électrifiables »

Pour mesurer avec précision l’usage des véhicules qu’en font les collaborateurs, les gestionnaires ont plusieurs moyens et outils à leur disposition. La télématique en est l’un des plus fiables. Grâce à des capteurs embarqués sur les véhicules et reliés à une plateforme de traitement des données, la télématique permet de remonter le kilométrage journalier et d’avoir une visibilité sur leurs trajets.

« Cela permet aux gestionnaires de proposer dans leur catalogue des modèles hybrides rechargeables par exemple pour les cadres sédentaires qui viennent au bureau en mode électrique et roulent à l’essence le week-end, et des modèles électriques aux commerciaux qui assurent des tournées quotidiennes assez courtes en zones urbaine et périurbaine », souligne Amandine Verdasca.

Ainsi, le groupe Telecom Orange a notamment utilisé la télématique pour bâtir une Car Policy électrifiée « à la carte ». À l'aide de la télématique embarquée sur chaque véhicule et d'une équipe interne spécialisée dans la Data, le groupe a identifié 1500 véhicules « électrifiables ». « En traitant dans un logiciel de Big Data toutes les données de roulage et d'usage véhicule par véhicule, nous avons pu définir leur utilisation personnalisée sur la base de leurs kilométrages journaliers réels », évoquait récemment Anne Bertrand, directrice de la gestion des véhicules chez Orange. Le groupe propose par conséquent un catalogue de voitures de fonction sans motorisation thermique, sauf quelques 4x4 d'intervention technique au diesel.

Des audits énergétiques pour attribuer la bonne motorisation à l’usage des véhicules

Pour attribuer à chaque salarié la bonne motorisation pour l’usage qu’il fait de son véhicule, nombre d’entreprises réalisent en général des études ou des audits énergétiques de leur flotte en interne ou par un cabinet extérieur. Ces audits sont des questionnaires soumis aux collaborateurs sur l’utilisation de leurs véhicules pour en tirer un pourcentage d’éligibilité personnalisé aux diverses motorisations.

« Nous proposons à nos entreprises clientes notre logiciel dénommé « Profiler », dans le lequel les salariés répondent à des questions sur l’usage de leurs véhicules. À partir des réponses, l’outil ressort des scoring d’éligibilité aux véhicules électriques, hybrides rechargeables et essence. Il est capable de dresser le profil conducteur de chacun afin de leur attribuer la bonne motorisation, jusqu’à suggérer de les équiper de borne de recharge à domicile », expose Amandine Verdasca. Pour Marc Bodson, « le passage d’une partie de la flotte en véhicules hybrides et électriques oblige en effet à mener une réflexion, au préalable, sur les modalités de recharge de ces véhicules ».

90 % des commerciaux de Schneider Electric éligibles à un véhicule électrique

Dans l’objectif d’électrifier la totalité de sa flotte de 2 200 véhicules en France en 2030, Schneider Electric, leader mondial en gestion de l’énergie, a de son côté fait appel à un cabinet d’audit pour ajuster son catalogue de véhicules aux usages de ses salariés.

« À l'issue d'un sondage auprès de nos collaborateurs, il est ressorti que 90 % d'entre eux se déplacent de moins de 200 kilomètres par jour et sont ainsi éligibles à des modèles électriques à l'autonomie suffisante », révèle Hervé Detraz, gestionnaire de flotte chez Schneider Electric. Le groupe a ainsi exclu le diesel de sa Car Policy et poursuit le verdissement de son parc dont 21% des véhicules sont déjà des modèles électrifiés. « Nous proposons deux catalogues, l’un offrant des modèles électriques et hybrides rechargeables sur des critères d’autonomie, de volume du coffre et de confort pour les commerciaux et l’autre catalogue d’utilitaires légers au diesel pour nos techniciens », conclut Hervé Detraz.