Les seniors, prêts à des concessions sur leur salaire ?

Cadres et entreprises s’accordent sur le premier élément impactant négativement l’employabilité des Seniors : leur rémunération, jugée trop élevée (respectivement 92% et 78%). Pour pallier cet apriori, 62% des cadres souhaiteraient instaurer une communication plus transparente sur la rémunération. Ainsi, cela permettrait à la fois aux Seniors de postuler en toute connaissance de cause, et aux entreprises de rencontrer davantage de candidats, sans avoir de préjugés quant aux attentes salariales.

« Il est intéressant de noter que si la rémunération est régulièrement citée par les cadres comme critère de motivation dans l’entreprise, les Seniors évoquent avant tout l’envie d’évoluer, la flexibilité et le management », note Aude Boudaud, Associate Director du cabinet Robert Walters.

Ainsi, la vision des entreprises doit évoluer : les Seniors ont davantage envie d’être stimulés par leurs missions plutôt que par leur rémunération. Cependant, il ne s’agit pas de l’unique frein à l’emploi : l’usage des nouvelles technologies et le manque de flexibilité sont également des éléments soulevés par les cadres et entreprises.

Les RH responsables du défaut d'employabilité des séniors, selon les cadres

Malgré des freins limitant leur employabilité, plus de 7 cadres sur 10 estiment que les blocages aux candidatures des Seniors se font par les Ressources Humaines, lors de l’envoi de leur CV (64%), à l’issue de l’entretien (14%), ou encore lors de la finalisation du processus de recrutement (13%). De leur côté, 32% des entreprises déplorent un manque de candidatures, qui constituerait selon elles le principal frein au recrutement des Seniors.

Pour améliorer leur employabilité, cadres et entreprises s’accordent sur le fait que les coachings sont indispensables : à la fois auprès des Seniors sur les techniques de recherche d’emploi, l’entretien, le CV, mais également auprès des recruteurs, pour les sensibiliser davantage. Cependant, les entreprises doivent aller plus loin et prendre le sujet à bras le corps : 36% des cadres de plus de 50 ans estiment que les changements doivent être opérés par les organisations en priorité, et que la vision des recruteurs doit évoluer.

Interrogée sur ce sujet stratégique, Audrey Richard, Présidente de l’Association Nationale des DRH (ANDRH), fait le point sur les actions en cours : « L’ANDRH, engagée depuis de nombreuses années en faveur de l’emploi des seniors, met tout en œuvre pour que ce sujet reste à l’ordre du jour des débats. Nous avons récemment lancé un plaidoyer en faveur de l’emploi des seniors, et réaffirmons notre volonté de voir émerger un plan « 1 senior, 1 solution », à l’image du plan « 1 jeune, 1 solution ». Les employeurs doivent montrer une volonté réelle d’embaucher ces professionnels expérimentés, et les pouvoirs publics ont un rôle à jouer en mettant en place des politiques et incitations favorables ».

Les seniors, couteaux suisses des entreprises

41% des cadres considéreraient positivement le recrutement d’un profil senior dans leur équipe, et 53% n’y verraient aucun inconvénient. En effet, aisance relationnelle, résistance au stress, leadership, fidélité, management, sont autant de soft skills attribuées aux Seniors par les cadres et entreprises, démontrant une fois de plus l’atout que représentent ces professionnels pour les organisations et leurs collaborateurs.

« Au regard de ces éléments et dans un contexte où les dirigeants pointent le manque de ressources humaines et de compétences comme l’une de leurs préoccupations majeures, la capacité des entreprises à intégrer et à retenir les profils Seniors pourrait rapidement devenir déterminante pour le succès des organisations », conclut Henri du Couëdic, Senior Manager en charge du bureau Robert Walters Nantes.

Méthodologie : Enquête menée auprès de 650 cadres et 90 entreprises en France au cours du troisième trimestre 2023.