Les startups sont essentielles à la réindustrialisation, à condition de devenir pérennes
Les startups industrielles ont le vent en poupe, ouvrent des usines et attirent les capitaux. Pour que les promesses soient au rendez-vous en lien avec les enjeux de souveraineté de la France, la recherche de rentabilité ne doit pas passer au second plan. Sur ce point, les dirigeants peuvent actionner différents leviers.
La réindustrialisation est au cœur des enjeux économiques nationaux avec en filigrane la garantie de notre souveraineté. La dynamique observée par la deuxième édition de l’Observatoire des startups, PME et ETI industrielles innovantes françaises de Bpifrance publié mi-mars confirme une dynamique à la hausse sur l’année 2023 : la France compte plus de 2500 startups à vocation industrielle à fin 2023. 118 sites industriels ont été inaugurés en 2023 dont 60 par des startups. 235 levées de fonds à vocation industrielle ont été bouclées pour un montant de 4,18 Mds€. Des chiffres en hausse par rapport à 2022, apprend-on dans la communication faite1.
Chercher des fonds oui, mais chercher aussi la rentabilité
Mais si réindustrialiser passe aussi par les startups, il est important d’éviter que la course à la levée de fonds ne se fasse aux dépens de la quête de rentabilité. Lever des fonds sans avoir défini un plan de croissance précis, sans avoir élaboré un modèle économique à plusieurs sources de revenus et sans disposer d’une capacité d’exécution robuste de la stratégie risque de manquer l’objectif. Surfer sur des sujets d’avenir ne suffit pas à pérenniser un business.
Si Vektor, Ynsect ou encore Aledia ont bouclé des levées de fonds de plusieurs centaines de millions d’euros, toutes les startups n’ont pas cette chance. Et sans rentabilité, à moyen terme, pour toute startup comme pour toute entreprise, cela signifie bulle financière, dépôt de bilan, licenciements, etc.
C’est pourquoi il est important de travailler à sécuriser les investissements. Parmi les leviers à la portée des dirigeants : la structuration opérationnelle, la construction d’un plan de croissance avec engagement de résultats, et le recours à des operating partners.
La capacité d’exécution pour pouvoir faire ce que l’on dit
Structurer opérationnellement une start-up consiste à la préparer et à impliquer l’ensemble des départements et échelons pour qu’ils soient prêts à mettre en œuvre avec succès sa stratégie de développement. Outre les aspects technologiques, la production et les ventes, les dirigeants s’attarderont aussi sur le marketing, la communication, le management, les RH et la Supply Chain. Ce sera au chef d’entreprise d’impulser le mouvement avec le support de son conseil d’administration.
Des indicateurs pour mesurer la performance et le potentiel
Construire un plan de développement ne suffit pas ; ce qui est moteur, c’est de fixer les objectifs à atteindre en les traduisant en indicateurs et délivrables qui parlent aux entrepreneurs comme aux investisseurs. Ces éléments tangibles permettent d’apprécier le retour sur investissement - financier et RH - et de démontrer la valeur créée. Le chef d’entreprise transmettra ainsi une autre façon de penser le business, orientée sur le moyen terme, la vision stratégique et le ROI - un élément essentiel pour établir une relation de confiance constructive et génératrice de croissance et de valeur.
Prendre un copilote pour créer plus de valeur
Les chiffres montrent que les entreprises épaulées par un professionnel de l’accompagnement du dirigeant sont plus performantes. 30% des entreprises ayant travaillé avec un operating partner indépendant ont vu leur chiffre d’affaires croître de 50%. Une étude a par ailleurs récemment montré que les fonds de capital-risque observent, lors de leur sortie, une hausse du chiffre d’affaires de +18,3% chez les entreprises accompagnées par un operating partner, contre 10,3% pour celles qui n’en ont pas sollicité. L’EBITDA généré par ces mêmes entreprises est respectivement de +23,2% versus +11,9%2.
Ces données attestent du rôle joué par l’accompagnement du chef d’entreprise, plus particulièrement quand il est assuré par un entrepreneur expérimenté devenu operating partner. C’est d’ailleurs une profession qui se développe rapidement, aussi bien au sein des fonds d’investissement que des réseaux indépendants, et à laquelle Deloitte et I&S Adviser ont récemment dédié un livre blanc3.
Réindustrialiser est stratégique pour notre pays et notre économie. La promesse est belle, mais gare toutefois à la course aux fonds pour ne pas se brûler les ailes. Le contexte actuel reste incertain et requiert de la rigueur pour faire face à de possibles nouvelles difficultés d’accès aux matières premières et nouveaux renchérissements des coûts de production et de livraison. Certes sans argent, les startups ne pourront pas avancer dans leurs projets mais n’oublions pas que la finalité première de toute entreprise est de dégager des profits. C’est la condition pour se développer – en misant sur les investissements et les créations d’emploi.
Par Sébastien Cochard, operating partner chez I&S Adviser
Sources :
1 Communiqué Bpifrance du 20 mars 2024 : www.presse.bpifrance.fr/bpifrance-publie-la-deuxieme-edition-de-son-observatoire-des-startups-pme-et-eti-industrielles-innovantes-francaises
2 France Invest - analyse des sorties réalisées par les fonds français de capital-investissement entre 2020 et 2021
3 www2.deloitte.com/Deloitte/fr/Documents/livre-blanc-operating-partner.pdf
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