Réussir sa transformation numérique au-delà des buzzwords
L’acculturation de l’entreprise aux services et aux outils numériques est une nécessité. Au-delà de la technologie, il s’agit d’une rupture majeure impactant l’organisation interne, les relations avec les clients, partenaires et sous-traitants. Beaucoup de dirigeants minimisent l’importance qu’aura pour eux le digital dans les prochaines années.
L’ampleur et la rapidité des puissants bouleversements induits par le numérique n’exigent pas une simple adaptation à une nouvelle donne technologique. Cela suppose aussi une profonde mutation dans les pratiques managériales. Les entreprises les plus proactives ont déjà introduit les outils digitaux dans les principaux métiers (finance, comptabilité, RH, etc.) mais ont aussi modifié les processus d’organisation. En interne, les tâches à faible valeur ajoutée sont éliminées et à terme des postes seront supprimés. Les donneurs d’ordres telles que les grandes entreprises, imposent l’utilisation d’outils numériques pour les consultations de leurs sous-traitants.
En janvier 2020, toutes les factures adressées à l’administration devront être dématérialisées. De même, les échanges commerciaux (bons de commande, facturation, etc.) installent une rupture majeure entre les entreprises qui utilisent encore le papier et celles passées au numérique.
L’enquête récente de Bpifrance estime ainsi qu’une PME ou ETI sur cinq est condamnée à disparaître si elle ne fait rien d’ici trois ans. D’après cette étude, 47 % des chefs d’entreprise minimisent l’importance qu’aura pour eux le digital dans les cinq prochaines années, un indicateur qui montre une prise de conscience globale inadaptée aux enjeux de la transformation digitale.
Selon Philippe Arraou, Président de BDO France, cabinet spécialisé en audit, conseil, expertise comptable « les TPE et PME ne perçoivent pas encore pleinement les enjeux », et d’insister sur l’engagement indispensable des responsables et des équipes « sans une conviction forte des dirigeants, exprimée dans une vision claire, incarnée pour être partagée, balisée dans une roadmap pour être déployée, évaluée pour être très régulièrement adaptée, on ne peut pas espérer embarquer les équipes qui, comme tout être humain, ont besoin de comprendre avant d’agir ».
Comment mettre en place la numérisation
Une remise à plat de tous les processus à numériser est indispensable. L’impact sur l’organisation est d’abord intégré à un projet global de numérisation. Le choix des outils et des services n’intervient qu’après. Dans les domaines du traitement des données et l’Internet des objets, dans le cas d’une collaboration avec une start-up il faut passer par des POC (Proof Of Concept), une phase d’expérimentation induisant un cycle d’essais-erreurs qui peut déconcerter. Autre élément important, la captation de l’attention des clients est l’un des enjeux majeurs du numérique. Au centre de la réflexion dans la commercialisation BtoC, se trouve la vieille notion du « client roi », une expression qui prend tout son sens dans une économie numérique.
Philippe Arraou pointe son importance capitale : « Au 21ème siècle, le client est vraiment devenu roi, tout simplement parce qu’il a accès 24 heures sur 24, non seulement à l’information et à la comparaison des prix, mais aussi à la libre expression (et au partage) de ses insatisfactions sur les produits ou les entreprises qui les distribuent ». La qualité de service est notée en permanence, induisant une transparence à laquelle les entreprises n’étaient pas habituées.
Des organisations chamboulées
Avec l’insertion progressive des générations nées durant l’ère numérique, l’ancien modèle de management ne tient plus comme le détaille Philippe Arraou : « On passe d’un monde vertical en silos, organisé sur le mode « je sais, je dis et tu fais comme je dis » à un rapport horizontal (pour ne pas dire circulaire). Les plus jeunes générations nées dans ce monde ouvert ne manqueront pas de répondre : « tu sais peut-être mais moi je veux comprendre et si je juge que tu es à côté de la plaque, je peux t’aider à être meilleur ! ». Le logiciel a changé, il est paramétré sur l’intelligence collective, la mobilité, l’agilité, la créativité, le partage ». Il faut donc tenir compte des résistances, avoir une écoute et faire preuve de pédagogie, autant de compétences et de savoir-faire qui ne sont pas à ce jour communément répandus.
Des exemples de réussites
Au-delà des grandes entreprises, Philippe Arraou cite les cas concrets d’applications pour les artisans et PME : « Un excellent artisan chocolatier dont la notoriété n’excédait pas les limites de son département a crée le « chocolat des français », un produit made in France mais savamment packagé pour être vendu avec succès en ligne et notamment largement distribué au Japon ».
Autre exemple de transformation numérique réussie, celui de Sodiclair, PME spécialisée dans la fabrication et la pose de rideaux et stores sur mesure pour les entreprises et collectivités : « En ajoutant un volet BtoC, Sodiclair s’est ouverte aux particuliers via un nouveau site web qui propose une expérience très riche en conseils, services et tutoriels pour acheter et bien poser ses rideaux commandés en ligne et livrés dans un emballage soigné. En repensant et en enrichissant son modèle, Sodiclair a doublé son effectif et son CA ».
S’adapter ou disparaître, telle est la règle de l’écosytème numérique qui va s’appliquer à toutes les entreprises. Un défi à aborder résolument et avec les bonnes armes.
Le RGPD : un règlement à intégrer pour le Big Data et l’IA |
Serge Escalé
Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine
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