No-code : créer des applications plus rapidement et à moindre coût
Pénurie de développeurs confirmée dans certains domaines, rapidité des évolutions, coût et délais des projets sont au cœur des problématiques aujourd’hui. En complément des projets de développement logiciel classique, les entreprises se tournent vers les solutions qui ne nécessitent pas des développements longs et coûteux.
Les entreprises peuvent désormais créer des applications métiers, robotique ou pour Smartphones avec très peu de codage ou sans codage. Ces logiciels sont appelés plus communément « no-code » ou « low-code », ce dernier terme signifiant que de 10 à 20 % du code est toujours écrit par des développeurs confirmés. Une tendance significative pour le développement logiciel que le cabinet ResearchAndMarkets évaluait à plus de 4 milliards de dollars en 2017 dans le monde, avec des prévisions à 27 milliards de dollars en 2022.
Un engouement pour le « low-code » ou le « no-code » se confirme
fIl y a plusieurs raisons à cet engouement. D’abord, la nécessité pour les métiers à disposer d’un outil de création d’applications, de sites Web, voire de fonctions ERP ou CRM qui correspondent au plus près à leurs besoins.
« Nous avons réalisé KMeleon, un outil de programmation d’un bras robotique, sans une ligne de code. Nous avons fait appel à un laboratoire de psychologie cognitive pour qu'il nous aide à définir ce qu’est la simplicité. Si la charge mentale pour programmer notre outil est faible, alors son utilisation sera simple », détaille Florian Dordain, dirigeant de Tesseract Solutions.
Vincent Thavonekham, dirigeant fondateur de FactoVia et client de la solution KMeleon confirme ce résultat : « Nous avons fabriqué une solution qui consiste à vulgariser l'industrie 4.0 pour montrer ce que cela signifie sur un bras robotique de démonstration. Rapidement, et en moins de deux minutes, nous arrivons à présenter un résultat qui n'est pas palpable habituellement ».
Nicolas Marzin de Tibco Software décrit, quant à lui, un cas concret d’application dans un hôpital : « En une heure, nous avons appris à des utilisateurs en interne, grâce aux applications « no-code », à réaliser une solution simple en SaaS de mise en relation entre médecins et patients ».
L’autre contrainte qui pousse les entreprises est la pénurie de développeurs seniors dans certains domaines, fonctions support, développements spécifiques, etc. Faute de temps et de moyens, la DSI n’est pas en mesure de prendre tous les projets en charge. Les outils « no-code » et « low-code » peuvent alors être une solution mais ils ne sont pas et ne seront pas les baguettes magiques qui remplaceront les développeurs au sein des entreprises. Il faut un niveau minimal de compétences techniques en matière de codage, une bonne connaissance des bases de données, ainsi qu’une appréhension de l’expérience utilisateur pour réussir la plupart des projets.
Recourir aux compétences en interne ou faire appel à un prestataire
Il y a deux solutions pour mettre en place une solution sans codage ou avec peu de code. Soit l’entreprise dispose de personnes qui possèdent le bagage technique nécessaire et l’appétence pour ce type de projet, dans ce cas elle peut faire appel aux « citizen developpers ». Ces créateurs en interne d’applications « no-code » ou « low-code » sont encadrés par la DSI pour le cadrage et l’accès aux ressources de l’entreprise. Soit encore, l’entreprise peut faire appel à une ESN, à l’instar de Alegria, qui met à leur disposition une équipe de « makers » pour réaliser les projets tels que la création de sites Web, d’applications mobiles ou de logiciels métiers.
Christelle Curcio, cofondatrice de Alegria pointe la pléthore d’outils « no-code » ou « low-code » disponibles : « Il y a une jungle de centaines d'outils « no-code ». Notre cellule innovation étudie tous ces outils pour définir les critères en termes d'accessibilité et de sécurité des fonctions ».
Autre plateforme d’application « no-code » intéressante, la plateforme TimeTonic par l’ESN éponyme dirigée par Jean-Michel Durocher. Une sorte de couteau suisse pour créer des applications en « no-code ». Cet outil, à la fois tableur et base de données, permet d’avoir une vue collaborative globale et visuelle de toutes les activités d'une entreprise, comme la gestion des clients et des prospects, la gestion des interventions, la gestion de projets, etc.
Des solutions moins coûteuses mais des limites à anticiper
Les différences de coût entre un projet en « no-code » ou « low-code » et en développement classique peuvent être significatives comme l’explique Martin Rochon, dirigeant d’Okeenea qui construit des équipements pour faciliter l’accessibilité des personnes en situation de handicap. « Nous recherchions une application passerelle entre nos forces de vente et les personnes qui préparent les projets. Les propositions qui nous ont été faites chiffraient ce système d’information de 3 ans de développement à environ 300.000 euros. De quoi le rendre obsolète au terme du projet. Pour un coût 4 à 5 fois inférieur et en 6 mois, Alegria nous à conçu une application opérationnelle et sur-mesure ».
Les outils de développement avec pas ou peu de codes sont certes accessibles à un non-expert mais il faut prévoir une phase d’apprentissage de 5 à 6 mois avant de développer une application avec un outil de création « no-code » comme Bubble. Côté application pour Smartphones, il y a aujourd’hui un manque d’outils pour les développer en mode « no-code » ou « low-code » sous iOS. Concernant la dématérialisation de documents, d’autres contraintes sont à prendre en compte.
Vincent Tavonekham conseille : « Pour une solution de dématérialisation, il faut prévoir dès le départ la masse de documents à traiter. De plus, il faut organiser correctement le code généré et le documenter pour qu’il puisse être modifié ultérieurement par d’autres personnes. Cela reste malgré tout du développement ».
Pour les très nombreuses applications destinées aux Smartphones et tablettes qui accompagnent les sites Web des institutions et entreprises de toutes tailles, il existe des solutions sans codage ou avec très peu de codes. Les outils sont très majoritairement destinés au système d’exploitation mobile Androïd. Parmi les solutions existantes, Synertic est une plateforme « no-code low-code » de création et de gestion d’applications pour les mobiles iOS et Androïd.
Bruno Doucende, PDG de Synertic, pointe les 4 points de vigilance de développement de ce type d’application : « La sécurité doit être prévue et implémentée dés le début du projet. Il faut aussi s’assurer de l’interopérabilité, par exemple, avec les annuaires d’entreprises. La mise à l’échelle doit également être anticipée lors de la montée en charge d’une application, avec les serveurs associés. Enfin, il faut prévoir la réversibilité des données, en cas d’arrêt ou de changement de Cloud ».
Le cabinet Gartner estime que, d’ici 2024, 65 % des applications seront développées en « low-code no-code ». Une prévision qu’il convient de nuancer et de confirmer, mais il est certain qu’il s’agit d’une tendance durable.
Qui utilise le « no-code » et « low-code » ?On distingue aujourd’hui 3 types d’utilisateurs aux solutions « no-code » et « low-code » :![]() - D’autre part, les salariés qui peuvent concevoir des applications métiers sur-mesure et bien entendu, en accord avec la DSI. Microsoft avec PowerApps, Appian, OutSystems, Mendix ou Salesforce proposent des outils en mode Cloud PaaS1 pour les réaliser. Dans les faits aujourd’hui, peu de collaborateurs entrent encore dans cette catégorie. - Enfin, elles s’adressent aux développeurs confirmés qui codent pour les besoins métiers de manière beaucoup plus rapide qu’en développement classique. Ils codent les fonctions spécifiques ou les améliorent et les intègrent au système d’information de l’entreprise. 1 PaaS : Une déclinaison du Cloud qui permet de développer des applications |

Serge Escalé
Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine
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