Les entreprises ont tendance à se désintéresser de la prévention routière et à méconnaître la sinistralité de leur flotte de véhicules. « La sinistralité n’est pas un sujet prioritaire pour la plupart d’entre elles qui adoptent une forme de fatalisme », confirme Géraldine Chaze, directrice de clientèle de Fatec, prestataire de gestion des flottes de grandes entreprises.

« Les entreprises ont une idée floue de la sinistralité de leurs flottes. Or, une connaissance précise de la fréquence des accidents au volant est la porte d’entrée à une démarche salutaire de prévention routière », ajoute Marc Bodson, directeur général de Beltoise Evolution, organisme spécialisé dans la prévention du risque routier professionnel.

Comme Beltoise Evolution, certains organismes de prévention routière et de formation à la conduite responsable, essaient d’éveiller les consciences des gestionnaires de parc à la sécurité routière. L’enjeu est crucial : éviter ou diminuer au maximum la mortalité ou les blessures corporelles des collaborateurs liées à des accidents graves. « Le risque routier est la première cause de mortalité au travail », rappelle Marc Bodson.

Une analyse de la fréquence des accidents pour réduire la sinistralité

Du coup, ces organismes proposent aux entreprises de les accompagner dans l’amélioration des comportements de conduite de leurs salariés en offrant des programmes de remise à niveau sur le code de la route, de web-formations de sécurité routière, agrémentés de messages de sensibilisation à la conduite et de sessions sur circuits en conditions réelles ou sur simulateur.

Certains peuvent fournir avant tout une analyse statistique des accidents, en fonction de leur typologie, et établir un diagnostic sur le niveau de sinistralité de la flotte à partir duquel ils recommandent de mettre en œuvre un plan d’actions de sensibilisation et de formation des salariés adapté.

Les véhicules de service demandent des frais de remise en état les plus élevés

La répercussion des coûts d’une sinistralité élevée est aussi un enjeu majeur pour les entreprises. Un trop grand nombre d’accidents entraîne des surcoûts de réparation de véhicules ou de frais de remise en état par les loueurs lors de leur restitution au terme du contrat de location.

« Les frais de remise en état des véhicules restitués peut être de 1500 euros par véhicule dans certains cas d’utilisation urbaine de la flotte et grimper jusqu’à 3000 euros dans les cas extrêmes. Lorsqu’on a un parc de plus de 1300 véhicules, la note est salée », illustre Géraldine Chaze.

« Les frais de remise en état sont les plus élevés sur des véhicules de pool en libre-service et surtout sur des voitures de service, des moyens de mobilité négligés par les collaborateurs et dont l’usage est intensif », précise Laurent Petit, chef de département marketing & business développement d’Alphabet France, loueur de véhicules multimarques et filiale de BMW Group.

Les loueurs s’engagent dans la prévention routière

Préoccupés par la valorisation des véhicules en fin de location, certains loueurs comme Alphabet proposent également aux entreprises un accompagnement sur la mesure de leur sinistralité et sur la sensibilisation des salariés.

« On fait des recommandations de solutions de sécurité routière à l’issue d’une analyse statistique du nombre d’accidents, et on sensibilise les conducteurs à prendre soin des véhicules notamment par une conduite écoresponsable, sous peine d’en payer le prix fort lors de la restitution des voitures », explique Laurent Petit. Le loueur propose même aux entreprises une couverture d’assurance des sinistres, en coopération avec un assureur, dans son pack de services.

Les compagnies d’assurance lancent leur conseil en prévention routière

Pour prévenir une hausse des primes ou des montants de franchise d’assurance engendrée par une sinistralité élevée, certaines compagnies d’assurance offrent aussi aux entreprises toute une gamme de services et de conseils dans la prévention du risque routier. Axa en fait même une nouvelle offre innovante.

« On peut réaliser une analyse statistique très fine du nombre, de la fréquence et des types d’accidents ainsi que des périodes ou des jours de pic des sinistres, de laquelle on tire un diagnostic. Puis, on propose un kit de prévention routière comprenant notamment des outils d’e-learning, en coopération avec un organisme spécialisé », révèle Cédric Burlotto, agent général Axa.

De son côté, Generali France prévoit de proposer dans quelques mois, une boîte à outils de prévention routière pour les flottes d’entreprise en coopération avec des organismes partenaires.