L'idée originelle était de mettre en place une structure nationale entièrement dédiée à la formation des acteurs de la sécurité routière et en premier lieu les Inspecteurs du Permis de Conduire.

GPO : Pourquoi avoir opté pour un statut de GIP ?
J-M. S. : Notre statut de GIP nous permet d'œuvrer et d'avoir des clients issus aussi bien de la sphère publique que privée. L'INSERR fonctionne comme une entreprise, il doit équilibrer ses comptes et ne reçoit aucune subvention de l'Etat. Nous avons un chiffre d'affaires et nous pouvons faire des bénéfices, ne serait-ce que pour être capable d'investir. Nous sommes cependant soumis à la législation des marchés publics comme toute administration française.

GPO : Comment a évolué l'Institut ?
J-M. S. : Aujourd'hui, l'INSERR a clairement une double vocation. En premier lieu, nous avons notre mission historique de formation des acteurs de la sécurité routière : toujours les 1.350 inspecteurs du permis de conduire, mais aussi de nombreux autres acteurs tels que les animateurs des stages de récupération de points des permis de conduire, les élèves officiers de Gendarmerie qui se spécialisent sur la sécurité routière, les experts automobiles ou encore les médecins siégeant dans les Commis-sions départementales qui valident ou invalident certains permis.
En second lieu, l'INSERR est un centre d'études et de recherche sur la sécurité routière.

GPO : Pourtant, il existe de nombreuses institutions qui font de la recherche ?
J-M. S. : Assurément, mais l'INSERR n'a pas vocation à concurrencer par exemple l'INRETS(1). Certes, nous travaillons avec des chercheurs, mais notre créneau d'intervention est la valorisation de la recherche. L'INSERR est le lien entre la recherche fondamentale et les applications concrètes sur le terrain. En défini-tive, nous répondons à une question simple : comment rendre plus accessible à un public large, l'ensemble des études et des documents produits par les chercheurs ? Je dirais que la mission de l'INSERR est de «publiciser» les travaux de la recherche.

GPO : Quels sont, dans le champ de l'éco-conduite, les profils de votre clientèle ?
J-M. S. : Ayant plusieurs types de formations et plusieurs types de clients, nous développons plusieurs types d'interventions. Nos formations vont de la simple conférence au format demi-journée, jusqu'à des sessions complètes de plusieurs jours qui allient théorie et pratique. Les clients que nous facturons sont aussi bien une grande administration (d'un ministère ou d'une collectivité locale), aussi bien une grande entreprise qui dispose d'une flotte automobile, qu'un transporteur routier. Je dois préciser qu'une circulaire du 1er Ministre de décembre 2008 invite toute administration à adopter un comportement exemplaire en terme de développement durable. Dans l'une des annexes de la circulaire, il est demandé aux responsables de s'adresser à l'INSERR qui est expressément cité en référence pour la formation des personnels.

GPO : Quel est le rapport avec le développement durable ?
J-M. S. : Qui dit conduite apaisée, dit conduite sûre mais aussi conduite économique donc émettant moins de CO2. Le rapport est donc direct. Mais vous touchez ici à l'une des spécificités de l'INSERR sur le marché concurrentiel de la formation à la sécurité routière. Des structures privées développent comme nous des cursus de formation sur l'éco-conduite. Nous formons d'ailleurs quelquefois des moniteurs et des animateurs de ces sociétés qui se positionnent sur ce marché.
Mais à l'INSERR, nous essayons toujours de conserver un temps d'avance avec notre concept de l'éco-mobilité.

GPO : Qu'est-ce que l'éco-mobilité ?
J-M. S. : L'éco-mobilité est un concept original innovant qui insiste sur les besoins réels et les différents modes possibles de déplacements. La question : avant de recourir à un véhicule routier individuel, n'y a-t-il pas d'autres moyens pour se déplacer, plus sûrs, moins polluants ?
Les formations éco-mobilité de l'INSERR fournissent les clés qui permettent à nos stagiaires de répondre à cette question qui concerne le choix du mode de transports et au-delà de la nécessité (ou de la motivation) du déplacement.

GPO : Comment voyez-vous l'avenir de l'INSERR ?
J-M. S. : L'éducation routière en perpétuel progrès ne sera jamais un sujet fini. Demain par exemple, nous conduirons des véhicules utilisant d'autres sources d'énergies que le pétrole. L'électrique par exemple. Cette énergie imposera une autre façon de conduire et l'INSERR sera là pour instruire ces nouveaux comportements.

Web : www.inserr.org

1. INRETS : Institut National de Recherche sur les Equipements Transports et leur Sécurité