10 ans de la crise financière mondiale de 2007 : Qu’a-t-on fait pour en sortir, quels efforts restent à fournir ?
Il y a 10 ans, une crise financière majeure secouait l’économie mondiale. Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes, revient sur ce qui a été accompli pour sortir de cette période difficile, et sur ce qu’il reste à faire pour empêcher qu’un tel évènement ne se reproduise.
Nous avons su prendre les dispositions nécessaires pour sortir de la crise…
« Nous nous sommes rassemblés pour agir comme un seul homme. Le G20 a créé un précédent en termes de coordination d’urgence des réponses monétaires et budgétaires à apporter à la crise. Lors du sommet de Londres en 2009, les Etats-Unis ont donné le ton avec un stimulus de 1 100 Mds USD visant à enrayer la dépression mondiale. De plus, les dirigeants ont fait le maximum pour favoriser la concertation et répondre à la crise mondiale d’une seule voix. Cette volonté a posé les bases d’une coopération renforcée pour la prévention des crises futures. Dans le même temps, les institutions garantes de l’économie mondiale, comme le FMI, ont été ressuscités en qualité de filets de sécurité financiers : les pays membres ont augmenté leur capacité de prêts d’urgence, et la gouvernance de ces instances a évolué.
Nous avons renforcé la régulation financière. D’importants changements macroprudentiels et de contrôles ont été adoptés, comme l’encadrement des besoins en fonds propres, la hausse du ratio de levier, et la hausse des ratios de liquidité. Bâle III et Solvabilité II, de même que le Mécanisme de Résolution Unique de l’UE, descendent directement de ce nouveau paradigme de la régulation. L’activité des banques est désormais moins risquée et plus sûre pour les consommateurs. Aux Etats-Unis, la règle Volcker contre l’investissement spéculatif et le Dodd-Frank Act ont aidé le secteur financier à jouer son rôle de facilitateur de la reprise.
Nous avons élargi notre champ de réflexion. Les stress tests ont été généralisés et uniformisés, la communication financière est minutieusement examinée et la transparence est essentielle. Les risques endogènes et de contagion sont également scrutés à la loupe. En témoigne l’adoption des mesures Too big to fail, qui cherchent à identifier en amont les institutions financières et banques de taille conséquente pour leur imposer des exigences renforcées en matières de fonds propres, une surveillance accrue et de meilleurs outils pour résoudre les potentielles crises ».
… Mais d’importants efforts restent à fournir pour faire face aux prochains défis
« Nous devons relancer le multilatéralisme préventif. Nos progrès se manifestent surtout en temps de crise. Le G20 a perdu de sa superbe ces dernières années, alors que les risques s’accentuent. Entre le surendettement massif et les politiques monétaires expérimentales, sans oublier le risque politique et le protectionnisme (commercial et financier), nous devons résoudre les difficultés imminentes proactivement pour éviter de profondes divergences. Anticiper la coordination politique, aller au bout des réformes, continuer à promouvoir une utilisation responsable de la finance, et nous tenir prêt pour faire face au prochain défi : c’est primordial pour ne pas revivre la crise de 2007.
Nous devons aller encore perfectionner la régulation. Le rétablissement du système bancaire a été inégal : certaines banques restent sous-capitalisées et les créances toxiques gangrènent le bilan des banques de l’Europe du Sud. En outre, l'intensification de l'achat de dette de leur pays d'origine par les banques a intensifié les liens et dépendances entre celles-ci et les gouvernements. Dans le même temps, aux Etats-Unis, la régulation financière pourrait être remise en cause. En cette période d’abondance de liquidités mondiale, cela pourrait créer de nouveaux risques financiers. Une régulation asymétrique entre les pays engendrerait en effet une concurrence inutile, une spéculation excessive et des comportements dits d’aléas moraux. Les angles morts de la régulation sont nombreux (système bancaire parallèle ou shadow banking, en particulier dans les marchés émergents, passif non capitalisé dans les fonds de pension publics, etc), mais la régulation excessive a aussi alimenté l’excès d’épargne et freiné la croissance de l’investissement.
Nous devons faire évoluer les comportements. Les tensions se cachent sur l’ensemble des marchés financiers, de l’endettement des ménages aux obligations souveraines, en passant par les actifs en proie à des dynamiques spéculatives de bulles. Finalement, la complexité et la sur-réflexion quant à la régulation donnent un faux sentiment de sécurité : il y aura toujours une part d’inconnu. La simplicité, la pensée critique et l’auto-régulation devraient compléter notre vision des évolutions à apporter à la régulation financière. Trop de règles cachent souvent un manque de confiance et d’objectif, ce qui est pourtant primordial dans le monde de la finance ».
La rédaction
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