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La formation en alternance progresse dans les écoles d’ingénieurs, une réponse forte à la pénurie d’ingénieurs

La formation en alternance progresse dans les écoles d’ingénieurs, une réponse forte à la pénurie d’ingénieurs

Social / RH Écrit par  mardi, 13 février 2024 13:35 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Le nombre d’élèves en contrat d’apprentissage sur trois ans et en contrat de professionnalisation, la dernière année d’études ne cesse de croître depuis quelques années dans les écoles d’ingénieurs. Cette manne d’étudiants professionnalisés est renforcée par les admissions en contrat d’alternance de diplômés de DUT, BTS et BUT.

D’année en année, le nombre d’élèves ingénieurs formés en alternance continue de croître au sein des grandes écoles. Au point d’atteindre aujourd’hui de belles proportions.

Viviane Le GallCESI, la grande institution spécialisée en ingénierie informatique, sécurité, environnement et bâtiment, revendique 60% d’alternants sur la totalité de son effectif étudiant, soit plus de 17000 élèves sur ses 25 campus. À l’École supérieure d’informatique électronique automatique (ESIEA), 400 étudiants en contrat d’apprentissage représentent environ 39% du total des élèves en cycle d’ingénieur. De son côté, l’École supérieure des Agricultures (ESA) d’Angers compte 220 apprentis ingénieurs et 29 en contrat de professionnalisation. Ces deux types de contrats d’alternance constituent 25% de l’effectif des élèves ingénieurs cette année. Enfin, à l’École nationale des Arts et Métiers (Ensam), 1075 élèves sont en alternance, soit plus de 20% des 5000 étudiants qui suivent un cursus d’ingénieur.

Le nombre d’alternants ingénieurs en forte hausse

Dans certaines écoles, la formation en alternance enregistre même une hausse exponentielle depuis quelques années. C’est le cas de l’ESA d’Angers. « Nous constatons une progression de 65 % du nombre d’élèves en contrat d’apprentissage depuis 2020-2021 », indique Viviane Le Gall, responsable du développement et de la gestion de l’alternance de l’ESA d’Angers. Une tendance amenée à s’amplifier. « Dans deux ans, au moins un ingénieur agronome sur deux de l’École aura fait une partie de sa formation avec un contrat d’alternance », prévoit-elle.
Radhia Gaddouri

Pour l’heure, les alternants constituent 44 % des 200 ingénieurs en moyenne qui sortent diplômés de l’École par an. De son côté, l’ESIEA se réjouit « d’une hausse de 15 % du nombre d’élèves apprentis depuis un an et vise encore une progression de 25 % pour atteindre plus de 500 étudiants en contrats d’apprentissage dans deux à trois ans », selon Radhia Gaddouri, responsable des formations par apprentissage de l’ESIEA.

« Nous avons noué un partenariat avec l’Institut supérieur des techniques productiques (ISTP) de Saint-Etienne qui nous permet d’étendre notre offre d’apprentissage et d’augmenter le nombre d’apprentis ingénieurs dans les années à venir », souligne pour sa part Nadège Troussier, directrice générale adjointe de l’Ensam, en charge des formations.

Les profils DUT, BTS et BUT admis en apprentissage dans les grandes écoles

Cette envolée de la formation en alternance des élèves ingénieurs est notamment soutenue et alimentée par le flot de recrutements externes de profils Bac +2 et Bac +3, issus de filières Nadege Troussieruniversitaires technologiques, diplômés d’un DUT, BTS ou du nouveau Bachelor technologique (BUT). Les grandes écoles leur ouvrent des contrats d’apprentissage dès leur admission en troisième année pour une durée de trois ans. Selon la dernière étude "Panorama des écoles françaises d'ingénieurs" de la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI), parmi l’ensemble des nouveaux admis en cycle d’ingénieur sous statut d’apprenti à la rentrée 2022-2023, 44% étaient auparavant inscrits en IUT.

L’apprentissage s’impose ainsi comme un mode d’inscription favorable à une majorité d’élèves sortant de l’IUT. Il prolonge naturellement leurs parcours pédagogiques associant théorie et pratique. L’ESA d’Angers l’a bien compris. Sur ses 220 apprentis ingénieurs cette année, 28% sont issus du recrutement externe de profils scientifiques BTS, BUT ou licence pro en biologie, agronomie, agroalimentaire, productions animales ou végétales…

La formation en alternance dope le taux d’employabilité des Écoles

Pour les écoles d’ingénieurs, les formations en alternance ont l’avantage de garantir un fort taux d’employabilité de leurs étudiants à la sortie et de colmater les problèmes de recrutement des entreprises. « L’apprentissage en alternance est une voie de professionnalisation forte pour former des ingénieurs prêts à l’emploi. Il participe à notre taux d’employabilité de l’ordre de 96 à 98%, essentiellement dans l’industrie », explique Nadège Troussier de l’Ensam. « 90% de nos apprentis passent en CDI à l’issue de leur contrat, mais pas forcément dans la même entreprise », ajoute Radhia Gaddouri de l’ESIEA.

Témoignage d’entreprise

La Coopérative agricole et agroalimentaire du Grand Ouest (Cooperl) embauche systématiquement en CDI la quasi-totalité de ses 150 élèves ingénieurs en contrat d’apprentissage par an, dont une quinzaine de l’ESA d’Angers.

« Ces alternants représentent une manne importante pour occuper nos nouveaux métiers à forte orientation technologique, de décarbonation et d’usine du futur. Nous avons besoin d’ingénieurs agronomes mais aussi d’autres spécialisés en environnement, maintenance, systèmes & réseaux, Data et en Innovation », conclut François Thébault, DRH de Cooperl.

Lu 934 fois Dernière modification le vendredi, 16 février 2024 09:17
Bruno Mouly

Journaliste économique, avec près de 20 ans d'expérience en journalisme économique et en communication d'entreprise. Spécialisé en numérique, achats logistiques et mobilité. Il collabore également avec les Échos et le JDD.