Imprimer cette page

Difficultés de recrutement dans les PME : 4 pistes d'actions

Tribunes libres Écrit par  mercredi, 20 octobre 2021 09:00 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
Évaluer cet élément
(0 Votes)

Les tensions sur le marché du travail imposent aux chefs d'entreprise certains changements. Parmi les sujets à mettre en haut de leur liste : sécuriser le risque sur la valeur de l'entreprise induit par les enjeux RH, recruter autrement, travailler sa marque employeur en donnant du sens à son action et à son business.

La rentrée de septembre 2021 aura été marquée par un grand nombre d'alertes et de prises de parole sur les tensions du marché du travail et les difficultés qu'ont les entreprises à recruter. Or, cela n'est plus juste un manque de compétences immédiates comme on en a souvent entendu parler dans des secteurs comme l'informatique ou certaines spécialités industrielles.

On ne manque pas seulement de candidats avec le bon profil, on manque de candidats (motivés) tout court !

Des raisons sociétales, culturelles, et de compétences

Plusieurs raisons peuvent être évoquées. Tout d'abord, des raisons sociétales comme le vieillissement démographique et la montée de l'individualisme observée depuis 10 ans dans la société et qui fait primer l'intérêt individuel et la vie privée sur l'intérêt professionnel, le goût de l'effort collectif et par ricochet, le "don de soi" pour l'entreprise.

Ensuite, des raisons de compétences avec des capacités de formation qui restent largement insuffisantes au regard des besoins à pourvoir, et aussi le manque de ponts balisés entre les métiers d'hier et d'aujourd'hui - sans parler des métiers de demain.

Enfin, des raisons culturelles qui entraînent un manque d'agilité et une frilosité des salariés français face à l'inconnu (le nouveau job), freinant leur capacité à remettre en cause certaines routines et donc à prendre le moindre risque.

Des impacts différents côté salarié et côté chef d'entreprise

Cette pénurie persistante va avoir deux conséquences positives pour les salariés : ceux qui sont expérimentés ou dont les savoir-faire sont trop rares donc précieux pour leur entreprise ; eux vont pouvoir bénéficier d'augmentations de salaire et de toutes les attentions. Sur ce point, le Covid n'a pas modifié la donne, mais l'a accélérée. Quant aux jeunes actifs entrant sur le marché du travail, une fois le premier job décroché (c'est d'ailleurs souvent trop long et c'est dû à la frilosité de certaines entreprises à embaucher pour former), ils disposeront de davantage d'opportunités professionnelles avec des perspectives de progression dynamiques pour les plus impliqués.

Côté chef d'entreprise, le risque se regarde en d'autres termes, d'autant que cette tendance risque de s'inscrire dans la durée. La pression sur leurs épaules peut en outre être renforcée par les politiques, a fortiori pour les entreprises des zones rurales et villes moyennes qui sont de gros pourvoyeurs d'emplois sur leurs territoires.

Car, soit les entreprises françaises sauront attirer, former et conserver les talents, soit les savoir-faire (donc les marchés) seront captés par d'autres pays plus volontaristes (Amérique, Asie, Afrique), avec comme enjeu une baisse du PIB, donc un appauvrissement, et une perte définitive de capacité économique sur certains métiers de la France vis-à-vis de ses concurrents internationaux. Cela s'est déjà produit dans l'informatique, dans les métiers de la R&D, dans les centres d'appels... La liste est longue. L'industrie a vu partir depuis 50 ans ses marchés pour des raisons de coûts de production, des secteurs d'activité nés plus récemment pourraient les voir partir pour des raisons de non-disponibilité de compétence ou savoir-faire en volumes suffisants. Stupide.

4 défis à relever pour recruter demain

Une fois le constat dressé et partagé, reste à agir. Car un chef d'entreprise ne peut pas rester les bras croisés à attendre que le marché du travail lui redevienne un jour favorable.

Premier défi

Vérifier que le modèle économique va permettre d'absorber les inévitables augmentations de salaire. Car force est de constater qu'en matière de recrutement comme ailleurs, quand les riches éternuent, les pauvres s'enrhument toujours... Les entreprises dégageant de fortes marges auront bien davantage de capacité à recruter car elles pourront offrir de beaux espaces de travail et télétravail, assortis à d'attractives grilles de rémunération. Ce sera plus difficile pour les PME à faibles marges car elles ne pourront jouer le même match. D'où l'urgence de leur côté à vérifier que leur proposition de valeur au client soit suffisamment solide et différenciée.

Deuxième défi

Changer ses habitudes de recrutement. Par exemple, ne plus recruter en fonction de ce qu'a fait le candidat mais en fonction de ce qu'il pourrait faire demain. Ou encore se mettre en capacité de capter des candidatures de qualité en avance de phase et ne surtout pas limiter son action de recrutement à la réponse à un besoin exprimé dans l'organisation. Car le succès se cache assurément dans l'anticipation.

Troisième défi

Attirer les talents, ce qui suppose de développer sa marque employeur. Parmi les pistes d'action, le chef d'entreprise doit travailler avec ses responsables RH à renforcer la proximité avec les collaborateurs et la qualité des rapports en interne. Ne jamais oublier que les salariés sont souvent les meilleurs ambassadeurs de la marque employeur. Il peut par exemple mettre en place au sein de sa société une filière permanente d'intégration et formation des collaborateurs. Il gagnera aussi à accorder du temps aux relations humaines et à encourager un management par la confiance (insérer lien vers article de François). Enfin, il veillera à ce que ses collaborateurs ne s'enferment jamais dans la routine et l'ennui. L'une des plus belles missions du dirigeant d'entreprise est de faire que son collaborateur apprenne pendant toute sa vie professionnelle, progresse, grandisse !

Quatrième défi

Il sert directement la cause du troisième : définir de vraies valeurs et donner un sens (nous ne parlons pas du sens économique) à son projet de business : quelle est ma raison d'être ? Les engagements RSE par exemple, très tendances actuellement, constituent un puissant levier. Ici la clé sera aussi de beaucoup communiquer tant en interne qu'en externe. Il est essentiel de dire ce que l'on fait et surtout de faire ce que l'on dit. Le reste suivra.

Soyons certains que ces changements profonds sur le marché du travail vont être pérennes, et la France est bien entendu loin d'être la seule concernée. Pour préserver et enrichir en continu cette force, cette richesse des entreprises que sont leurs collaborateurs, des changements radicaux de pratiques sont nécessaires. Mais cela permettra à nos entreprises d'être à la fois conquérantes, solides et résilientes face aux bouleversements en cours des sociétés contemporaines, qu'ils soient économiques, écologiques ou sociétaux.

Par Eric Decalf, operating partner chez I&S Adviser

Lu 721 fois Dernière modification le mercredi, 20 octobre 2021 09:20
La rédaction

Le service Rédaction a pour mission de sélectionner et de publier chaque jour des contenus pertinents pour nos lecteurs internautes à partir d’une veille approfondie des communiqués de presse pour alimenter les rubriques actualité économiques, actualités d’entreprises, études ou encore actualités sectorielles. Pour échanger avec notre service Rédaction web et nous faire part de vos actualités, contactez-nous sur redaction@gpomag.fr