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"La crise n’est pas un obstacle à la création d'entreprise", entretien avec Serge Thomas, conseiller d'entreprise CERFRANCE

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2012 a été marquée par une hausse des défaillances d'entreprises : +2,7% par rapport à 20111. Et, les prévisions laissent envisager le pire pour 2013. Dans ce contexte morose, une question se pose : Peut-on encore se lancer dans l'entreprenariat ? Pour Serge Thomas, conseiller d'entreprise CERFRANCE, 1er réseau associatif de conseil et d’expertise comptable, la réponse est claire : « Bien évidement, créer son entreprise est encore possible ! Avec une bonne idée, un bon accompagnement et … une trésorerie béton pour faire face à d'éventuels coups durs ».


Beaucoup de jeunes ont dans l'idée de créer leur propre entreprise mais dans le contexte actuel, on peut avoir tendance à les en dissuader, qu'en pensez-vous ?

Serge Thomas : « Il est vrai que la conjoncture actuelle n'est pas au beau fixe. On entend régulièrement parler de cessations d'activités. La crise économique est réelle mais ce n'est pas pour autant que je déconseille à mes clients de se lancer dans l'entreprenariat, il peut y avoir de réelles opportunités à saisir.

Par contre, il est évident qu'il ne faut pas foncer tête baissée. Il est important de poser son idée, d'analyser son projet avant de se lancer. Auparavant, il y avait une demande à laquelle on apportait une offre. Désormais, il faut aller chercher la demande, il faut la provoquer.

Il faut être armé, bien réfléchir à son concept et ne pas rester seul dans son coin. Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner pour préparer son projet, prendre l'avis de personnes extérieures, d'experts. Plus qu’avant, il faut se donner les moyens de réussir ! »


Quelle est votre principale recommandation pour les créateurs d'entreprise ?

Serge Thomas : « Identifier les besoins de trésorerie pour mieux les financer et sécuriser son projet. Cette trésorerie correspond à l'argent nécessaire pour faire face aux besoins liés à la mise en place de la structure, à l'exploitation courante et à la montée en puissance de l'activité.
C'est une question de sécurité. Il faut savoir que le manque de trésorerie est l'une des causes majeures de défaillance d'entreprise. Pour être viable, une société doit combiner rentabilité et trésorerie, c'est indispensable.
Il est important de gérer, d’anticiper l’évolution de l’activité et de la trésorerie. Pour cela, je les aide à mettre en place un système de tableau de bord, même très léger, pour piloter soi-même son entreprise et anticiper l'avenir du mieux possible : suivi du chiffre d'affaires, nombre de devis émis par mois, nombre de devis transformés… Des indicateurs simples pour voir si l'activité se construit. Pour la trésorerie il est nécessaire de suivre le solde bancaire mais aussi d’aller plus loin en suivant les sommes restant à encaisser et à décaisser. Et cela peut paraître évident mais beaucoup d'entrepreneurs ne le font que ponctuellement quand les tensions sont là. »

Pouvez-vous nous expliquer les étapes clés avant de se lancer ?

Serge Thomas : « Il y a deux approches possible : la méthode express "j'y crois, j'y vais et on verra" ou la méthode posée "j'y crois, j'analyse mon projet et j'y vais". Vous comprendrez que je recommande la seconde !
Dans un premier temps, il faut se poser les bonnes questions : quelle rentabilité ? quels financements ? quelle forme juridique ? quelle fiscalité pour l'entreprise et pour le dirigeant ? quelle couverture sociale ?
Ensuite, on analyse économiquement son projet pour répondre à la question fatidique : mon entreprise est-elle viable ? Pour cela, on va déterminer le seuil de rentabilité et les fameux besoins de trésorerie en fonction des prévisions de ventes et du prix que l'on aura fixé. Au préalable, le créateur d'entreprise aura pris le soin d'analyser l'environnement de son projet : clients potentiels, fournisseurs, concurrents mais aussi emplacement, type de clientèle, saisonnalité…
Ces étapes nous permettent d'établir un bilan prévisionnel qui déterminera la faisabilité du projet et servira de base pour les partenaires (banques, investisseurs…).
Pour conclure, je dirais que même si l'on entend beaucoup parler de fermetures d'entreprises, on voit aussi tous les jours de nouvelles structures se monter et connaître une croissance exponentielle. Alors oui, le parcours d'entrepreneur peut être semé d'embûches mais évidemment, il est encore possible de se lancer ! »


1 Source "Les défaillances d'entreprises", Banque de France, janvier 2013
Lu 5555 fois Dernière modification le lundi, 01 juin 2015 13:28
La rédaction

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