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Nouvelles aides de l’État : solutions ou danger pour les entreprises ?

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Les Prêts Participatifs Relance (PPR) et les Obligations Relance (OR) seront distribués jusqu’à fin juin 2022. Les PPR sont d’ores et déjà disponibles, tandis que la distribution des OR débutera à l’automne. Prêts participatifs et obligations Relance, cette mesure vise à apporter aux PME et aux ETI de nouveaux financements de long terme, d’une maturité de 8 ans, s’insérant entre les fonds propres et la dette classique. Comment s’y retrouver ? Ces aides sont-elles une solution ou un danger pour les entreprises ?

Comment se portent aujourd’hui les entreprises françaises ?

Globalement les entreprises françaises se portent bien et même très bien. Selon la dernière étude BPI , elles n’ont jamais eu autant de trésorerie en caisse depuis 2017. Plus de 60 % des entreprises n’ont pas touché aux Prêts Garantie par l’État (PGE) qu’elles auraient sollicités dans les derniers mois.

Le moral des chefs d’entreprise s’améliorent et 58 % des dirigeants expriment des intentions d’investissement d’ici la fin 2021 Cette tendance se retrouve également dans les chiffres de la fusion-acquisition du premier semestre en forte accélération à + 67 % par rapport à 2021.
Florent Jacques

À l’opposé de cette tendance, les entreprises françaises rencontrent des difficultés conjoncturelles fortes dans plusieurs domaines :

  • Difficulté d’approvisionnement
  • Hausse du prix des matières premières
  • Ralentissement logistique
  • Difficulté à recruter du personnel qualifié

Les carnets de commandes ont tendance à s’allonger grâce à une demande importante du marché mais le ralentissement de la production se fait également ressentir.

Quelles stratégies peuvent-elles mettre en place sans prendre de risque ?

Toutes stratégies portent un certain niveau de risque mais l’innovation et le développement sont de loin les meilleurs vecteurs de pérennité pour une entreprise. L’avantage du financement de type prêt participatif réside dans ces conditions de différés de remboursement. Ce prêt dispose d’une franchise de remboursement du capital de 5 années. Cette caractéristique, très spéciale, permet à l’entreprise de déployer son projet de développement dans d’excellentes conditions et de rembourser le prêt une fois le projet rentabilisé. De plus, ce financement sera considéré comme quasi-fonds propres dans le bilan ce qui implique une moindre incidence sur les ratios de capitaux propres.

Pour répartir le risque, une autre stratégie de financement consiste à solliciter des investisseurs minoritaires. Ces opérations financières imposent certaines concessions aux dirigeants puisqu’il faudra envisager un partage de la gouvernance avec les investisseurs. Les investisseurs financiers minoritaires n’ont pas vocation à prendre le contrôle de la société. Bien au contraire, ils s’appuient sur le dirigeant et ses équipes pour accélérer le développement de la société. Ils encadrent certaines pratiques de la direction mais ne s’immiscent pas dans la gestion opérationnelle. Ils apportent un soutien stratégique.

Quelles sont les entreprises qui peuvent prétendre à ces nouvelles mesures ?

Le PPR est un dispositif qui s’adresse à tous les secteurs d’activité mais pour un nombre d’entreprise limité. C’est un financement qui peut être central dans un plan de développement pour une PME. Cependant, il est dédié exclusivement à la croissance et aux projets de développement portés par des entreprises réalisant plus de 2M€ de chiffre d’affaires et disposant d’une note de crédit au moins supérieure à BB-. Il est mobilisable pour des projets de croissance comme le développement de nouveaux produits, la digitalisation, la croissance externe ou des plans d’accélération commerciale.

Il dispose de 5 ans de différé et 3 ans de remboursement. Au niveau bancaire, il sera considéré comme des quasi-fonds propres et ne devraient pas alourdir les bilans.

Contrairement au PGE, la mise en place d’un PPR est plus complexe et nécessite un plan d’affaires structuré. Le dirigeant peut construire son plan d’affaires seul ou être accompagné par des spécialistes.

Il y a plusieurs cas de figure selon la mise en place ou non d’un PGE ainsi que des ratios d’endettement à respecter. Prenons le cas d’une entreprise ayant déjà un PGE.

Il faut cumuler le montant du capital restant dû sur le prêt garanti par l’État (PGE), le montant du prêt participatif de relance et/ou des Obligations Relance (OR).

1er cas : Le montant calculé est inférieur ou égal à 25 % du chiffre d’affaires 2019. Pour les entreprises créées à partir du 1er janvier 2019 et pour les entreprises innovantes qui en ont fait la demande, ce sera le critère de deux fois la masse salariale de l’exercice 2019 qui sera retenu. Aucune contrainte additionnelle n’est ajoutée. L’entreprise peut mettre en place un Prêt participatif de relance (PPR) en respectant les mêmes conditions que celles qui n’ont pas bénéficié d’un PGE.

2ème cas : Le montant calculé est supérieur ou égal à 25 % du chiffre d’affaires 2019. Pour les entreprises créées à partir du 1er janvier 2019 et pour les entreprises innovantes qui en ont fait la demande, ce sera le critère de deux fois la masse salariale de l’exercice 2019 qui sera retenu.

L’évaluation de l’éligibilité de l’entreprise est soumise à des critères complémentaires : tout d’abord, l’entreprise doit démontrer qu’elle a subi la crise. Différents critères d’évaluation sont à retenir.

Au moins un de ces critères doit être démontré :
• le CA a baissé d’au moins 5 % ou plus en 2020 par rapport à 2019,
• la masse salariale a baissé d’au moins 5 % ou plus en 2020 par rapport à 2019,
• les investissements ont baissé de 10 % ou plus en 2020 par rapport à 2019,
• les charges de sous-traitance ont baissé de 10 % ou plus en 2020 par rapport à 2019,
• le carnet de commande a baissé de 10 % ou plus entre le 31/12/2019 et le 31/12/2020
• L’entreprise doit également respecter des critères de solvabilité financière.

Plus précisément, les rations à retenir sont les suivants :
• Endettement/fonds propres ≤ 5, (y compris PGE, PPR et obligations relance)
• (PPR + obligations relance) ≤ ½ fonds propres

Les dispositifs de soutien aux entreprises encore actifs restent une excellente opportunité de financer un projet de croissance sous réserve d'être éligible. Les conditions sont très favorables notamment pour les sociétés de 2 à 15 M€ de chiffre d'affaires qui ont plus difficilement accès à des financements avec des différés long comme les OR.

Pour les sociétés de plus de 15 M€ de chiffre d’affaires, c'est plus une opportunité financière et un arbitrage à réaliser avec d'autres outils financiers comme les prêts obligataires ou le financement avec des investisseurs en capital.

Par Florent Jacques, CEO de Finkey - conseille et guide les actionnaires et dirigeants lors de la prise de décisions stratégiques pour eux-mêmes et leurs entreprises.

1 Source : Barometre-PME-Bpifrance-Rexecode-2021-09

Lu 1423 fois Dernière modification le jeudi, 14 octobre 2021 13:45
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