Exactement 70 %. C'est la part des PME qui considèrent l'innovation comme un élément-clé de leur croissance, d'après une étude KPMG publiée en 2012. « Un processus aussi pragmatique que protéiforme », indique Yann Coirault, consultant-formateur et pilote de la thématique innovation chez CSP Formation, en rappelant qu'il ne faut pas réduire la démarche d'innovation au strict développement de nouvelles technologies. Car en effet, les innovations de rupture, propres à déboucher sur des appli­cations produits 100 % novatrices, sont loin d'être légion. « Non seulement les démarches d'innovations sont, dans les faits, davantage incrémentales, visant simplement à améliorer un produit déjà existant, ce qui suppose un apport technologique minime, constate Alain Quévreux, chef du service Europe et Recherche partenariale de l'ANRT, Association nationale pour la recherche technologique, mais le produit en lui-même est loin d'être le seul facteur sur lequel l'entreprise peut innover ! ».

En effet, ce processus global repose d'abord sur une nouvelle façon d'envisager un marché dans son ensemble : développer un concept de business différent, un nouveau service jusqu’ici délaissé par les concurrents, une nouvelle façon de s’adresser aux clients, etc. C'est pourquoi l'innovation peut se décliner, in fine, dans des domaines particuliè­rement éclectiques : la vente, la relation clientèle, le management, la fabrication, etc.

Sortir du cadre
D'ailleurs, l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) distingue dans son Manuel d'Oslo quatre grands types d’innovations. Tout d'abord, l'innovation de procédé : la mise en œuvre d’une méthode de production ou de distribution nouvelle ou sensiblement améliorée ; cette notion implique des changements significatifs dans les techniques, le matériel et/ou le logiciel. L'innovation organisationnelle : le déploiement d’une nouvelle méthode d'organisation dans les pratiques de travail ou les relations extérieures de la société. L'innovation marketing : la mise en œuvre d’une nouvelle méthode de commercialisation impliquant des changements significatifs de la conception ou du conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification d’une solution. Et bien sûr, l'innovation produit : conception d'un bien ou d'un service nouveau avec des spécifications techniques, des composants et des matières, du logiciel intégré, de la convivialité ou autres caractéristiques fonctionnelles. Vous l'aurez compris, l'innovation a plus que jamais des visages multiples ! Et pour choisir celle adaptée à votre stratégie, encore faut-il instaurer, en amont, dans votre entreprise, une véritable culture de l'innovation. « Car en effet, pour faire éclore des idées innovantes, et ainsi, sortir du cadre, les dirigeants ne peuvent être les seuls impliqués ! La démarche doit également être déclinée en interne à tous les étages », prévient Yann Coirault.

Boostez la créativité de vos salariés !
Et ce, en vous appuyant sur vos alliés incontournables, à savoir les managers, dont les méthodes d'encadrement peuvent d'ores et déjà favoriser la créativité au sein des équipes. « Faire des brainstormings réguliers et interactifs avec les salariés constitue un premier levier. Mais d'autres solutions existent, comme les boîtes à idées ou encore les concours d'innovation pouvant porter sur un thème ouvert, ou a contrario, sur une problématique précise, comme l'amélioration du service après-vente, l'optimisation de la relation clients, etc. Un moyen de pousser les équipes à la créativité, en les incitant à être force de proposition », développe Yann Coirault. Un créneau sur lequel a surfé, il y a quelques années, Babymoov, spécialiste du matériel de puériculture. « Pour améliorer la qualité de vie au travail, nous avons décidé d'organiser un concours de l'innovation en interne, auquel tous nos salariés ont participé, se souvient Laurent Windenberger, co-fondateur de la société. Grâce à cette initiative, plusieurs suggestions originales ont été proposées, parmi lesquelles une a été retenue : la création d'une crèche d'entreprise pour mieux concilier la vie pro et perso des collaborateurs ! ».
C'est dire si l'innovation passe avant tout par l'interaction entre individus ! D'autant que les idées innovantes peuvent provenir de toutes les parties composant votre environnement direct : fournisseurs, clients, etc. « De par leur connaissance de l'entreprise et de ses produits, tous les membres de l'éco-système peuvent concourir au processus de création. L'un des leviers les plus indiqués consiste à organiser, par exemple, des focus groupes auxquels clients et fournisseurs participeront », détaille Yann Coirault.

Cap sur le crowdsourcing
Sans oublier une autre méthode collaborative qui a également le vent en poupe : le crowdsourcing (ou externalisation ouverte). Son objectif : créer de la valeur grâce à l’expertise de « la foule ». Qu'il s'agisse du déploiement d’une solution technique nécessitant des compétences absentes en interne, d'un besoin de meilleure compréhension des usages des clients, ou d'un développement, voire co-développement, de nouveaux produits ou services, le crowdsourcing ouvre de nouvelles perspectives et abaisse les frontières entre les différents domaines de compétences ou entre les entreprises et leurs clients. Ainsi, à l'image d’un internaute qui demande de l’aide sur un forum spécialisé, vous pouvez désormais faire appel à des experts extérieurs pour enrichir votre  recherche et développement et vos perspectives d’inno­vation. Et pour capter les connaissances, les expertises ou la créativité disséminées dans la foule et ainsi compenser une compétence manquante, moult plates-formes web et sécurisées de crowdsourcing se sont développées durant les dernières années. À l'instar d'Hypios, solution de résolution de problèmes en ligne, ou encore InnoCentive, plate-forme de crowdsourcing appliquée à « l'open innovation », qui favorisent une telle mise en réseau. Une manière, somme toute, originale d'innover en innovant.

Charly MASLIAH