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Osons injecter davantage d'opérationnel dans les programmes publics d'accompagnement des entrepreneurs

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Face à la crise, les collectivités et organisations publiques multiplient les mesures de soutien à l'attention des entrepreneurs. De fonds de solidarité en programmes d'accompagnement, il y a une très forte mobilisation à l'endroit des PME, moteurs de l'économie française et grandes pourvoyeuses d'emplois dans les territoires. Cependant, concernant les programmes d'accompagnement, certains arbitrages faits pour les mettre en place sur le terrain laissent parfois les entrepreneurs dubitatifs.

Des dispositifs publics souvent pensés sans les entrepreneurs

Deux raisons à cela. La première, c'est que la plupart des dispositifs d'accompagnement conçus pour aider les chefs d'entreprise dans le développement et l'élaboration de leurs plans de rebond s'appuie souvent sur des acteurs qui ont des approches relativement théoriques de l'entrepreneuriat, très peu ayant été eux-mêmes entrepreneurs.

La seconde, c'est que beaucoup (trop) de marchés publics sont attribués aux grandes sociétés de conseil américaines - sans parler des sommes rondelettes accordées. Récemment, c'est le contrat passé par le Ministère de la Santé sur le déploiement de la stratégie vaccinale au bénéfice de McKinsey qui a fait parler de lui... D'autres sont allés à PWC. En quoi ces sociétés américaines appréhendent-elles mieux que d'autres les préoccupations d'un patron de PME française dont la culture est pourtant assez éloignée de la leur ?

Comme pour le plan Blanc des hôpitaux, la solution est aussi apportée par « ceux qui l'ont déjà fait »

Si les études de marché sont toujours utiles, tout chef d'entreprise vous le dira : les « yakafokon venant de personnes qui n'ont jamais créé une seule boîte de leur vie », ils n'en ont pas besoin. Que dirait-on si le plan blanc des hôpitaux n'impliquait que des experts en santé et pas de médecins hospitaliers ayant vécu le système de l'intérieur ?

Car la clé du succès d'une PME réside avant tout dans 3 leviers : sa capacité opérationnelle à faire ce qui a été imaginé pour relancer l'activité ; le pragmatisme du plan élaboré ; et la possibilité de l'ajuster et de pivoter rapidement si les résultats escomptés n'arrivent pas.

Certes, l'appui de professionnels qui maîtrisent les arcanes administratives et juridiques est très utile, mais il est loin d'être suffisant. Ce dont le chef d'entreprise a particulièrement besoin en ce moment, c'est de valider que son plan de rebond est pertinent d'un point de vue entrepreneurial et « business », et que l'entreprise sera en mesure de le mettre en œuvre. Si elle ne pourra pas toujours tout respecter à la lettre, le fait d'être organisée pour pouvoir exécuter son plan de rebond lui donnera une longueur d'avance. Or sur ce point, à ce jour, il n'y a pas vraiment de réponse apportée...

2 risques subsistent

Du coup, 2 risques planent au-dessus de la tête du chef d'entreprise. L'attentisme tout d'abord, car il peut être tenté de se dire qu'il est urgent d'attendre - attendre de nouvelles aides publiques, que l'horizon du business se dégage, etc. Second risque : mettre en place des plans déconnectés de la réalité du marché parce que manquant de pragmatisme.

Dans un cas comme dans l'autre, ce sera le chef d'entreprise qui paiera le coût de sa non-décision : en se faisant dépasser par un concurrent plus audacieux que lui, en se retrouvant en cessation de paiement, puis dépôt de bilan, puis liquidation, puis licenciements...

De pairs à pairs

Les chefs d'entreprise vont chercher aujourd'hui l'avis de leurs pairs, qu'ils soient entrepreneurs en activité, operating partners, mentors, etc. Cette démarche initiée par les fonds américains aux lendemains de la crise financière de 2008 a depuis été déclinée en Europe, par les fonds mais aussi par des sociétés dédiées et des réseaux « pure players ». Les chefs d'entreprise qui y ont accès disposent d'un atout précieux face à la nouvelle crise économique que nous connaissons.

L'atout de cette démarche ? Ensemble, ils partagent leurs regards d'entrepreneurs sur les options financières et juridiques existantes pour parer à ce qu'il va se passer, étudient les possibilités de partenariats, réfléchissent aux enjeux de management face au télétravail et angoisses des collaborateurs, etc.

Donner une nouvelle dimension aux dispositifs publics

C'est pourquoi il apparaît important que les dispositifs publics mis en place intègrent cette dimension opérationnelle et ces retours d'expérience entrepreneuriaux. Pour que les chefs d'entreprise adhèrent pleinement et participent aux dispositifs proposés et mettent du coup les bouchées doubles à des fins de relance de leur activité. Et pour que les investissements publics consacrés aient des résultats concrets et mesurables en termes de rebond des PME au sein des territoires.

Par Isabelle Saladin, Présidente fondatrice d'I&S Adviser

Lu 538 fois Dernière modification le jeudi, 11 mars 2021 15:49
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