Imprimer cette page

Les PME, un vecteur de croissance en mal de trésorerie

Évaluer cet élément
(0 Votes)

La France compte 3,2 millions de PME, soit 99,9% des entreprises (chiffres 2010). Elles représentent 52% de l'emploi salarié et réalisent 38% du chiffre d'affaires, 49% de la valeur ajoutée et 43% de l'investissement*. Les PME et TPE (très petites entreprises) représentent ainsi la majeure partie du tissu entrepreneurial français. Elles sont souvent créées par des experts, et c'est en leur sein que naissent les plus belles innovations.

 

Pourtant, 63 100 entreprises ont déposé le bilan en 2013** soit une augmentation de 3% par rapport à l'année précédente. Pour 2014, on parle déjà de 60 000 entreprises qui fermeront. Sur les 63 100 entreprises en dépôt de bilan l’an dernier, 42 500 sociétés employaient moins de deux salariés.

 

L'état créé tous les ans des aides à destination des PME et des TPE : Aide à l'embauche d'un jeune de moins 26 ans, contrats aidés, avantages fiscaux dans certaines zones géographiques, baisses de cotisations sociales, aides à la création, banque spécialisée BPI, pépinières, concours etc.

La France multiplie les dispositifs d'aide, distribuées par une foule d'acteurs différents, à destination des petites françaises. Mais rien ne n'empêche les fermetures des dizaines de milliers de PME chaque année.
Les PME de Services et du Numérique qui représentent environ 20 000 entreprises n’échappent pas à ce constat.

 

 

Et s'il existait d'autres facteurs mortels pour les PME ESN ?

 

L’accès aux marchés publics :
Si les PME et TPE sont majoritaires en termes de nombre de marchés publics, elles ne le sont plus dès que l'on s'intéresse aux montants de ces contrats. Ces estimations suggèrent le fait qu'il existe des barrières qui empêchent les PME d'accéder aux marchés dans de bonnes conditions, souvent liées à l’investissement avant vente et administratif nécessaires compte tenu des exigences de réponse d’une part et d’autre part du fait des seuils et critères économiques et techniques fixés par les donneurs d’ordre publics.

 

L’accès aux marchés des Grands Comptes privés :
Depuis 10 ans, les Grands Comptes travaillent à la massification des prestations et à la mise en place de structures industrialisées que sont les contrats cadre et les référencements, ceci permettant de travailler sur la masse de prestations et le chiffre d’affaires, plutôt que sur la qualité et l’expertise. Ce schéma qui permet encore aujourd’hui de réduire les coûts d’achats, n’a pas uniquement été initié par les grands donneurs d’ordre mais relevait autant de la volonté des grandes ESN d’augmenter leur volume de prestations et donc de dynamiser leur croissance. De fait, les Grands Comptes se retrouvent plus à acheter des « produits » de masse que des compétences.
Face au monopole des grandes ESN, ces PME voient leur visibilité réduite auprès des Grands Comptes. Si l’intervention en gré à gré – la sollicitation par des opérationnels Grands Comptes pour intervention d’experts dans leurs projets – perdure c’est uniquement dans certains secteurs d’activités sur des prestations très ponctuelles et de plus en plus rares. Aussi pour continuer d’exister, elles se retrouvent souvent confrontées à 2 types de possibilités :
- l’intervention en portage : à la demande des clients opérationnels, ces sociétés sont portées par les grandes ESN référencées dans les contrats cadres. En contrepartie l’entreprise qui « porte » perçoit une « taxe » d’au minimum de 10 %, et qui plus généralement atteint les 15 %. Ce portage administratif n’apporte aucune autre valeur ajoutée.
- l’intervention en sous-traitance qui fait intervenir les équipes de la PME pour la société référencée. Cette dernière prélève une marge minimum de 20 % et plus généralement de 30-35% au détriment de la société qui fournit les compétences.


Cette mutation a eu pour conséquence de fermer progressivement le marché des Grands Comptes au mid-market et aux PME qui n’ont pas la possibilité de se faire référencer de par leur taille, leur forte spécialisation ou la tenue des engagements demandés. Ces sociétés sont donc obligées la plupart du temps d’intervenir au coût donné par les grandes ESN généralistes, en sous-traitance ou en portage.

 

Les délais de paiements
Malgré la loi LME de 2009 plafonnant les délais de paiement entre professionnels à un maximum de 60 jours date de facture, il est encore fréquent de constater des retards de paiement pour les fournisseurs. Ceux-ci peuvent être volontaires ou provoqués par les procédures lourdes des grands donneurs d’ordre. Quand ces derniers respectent la loi en vigueur, il faut encore que le fournisseur puisse avancer la trésorerie au bénéfice de son client "grand compte". Ce fonctionnement, très français, est très éloigné de la dynamique allemande par exemple. Nos voisins paient leurs factures à réception, pour le plus grand bien de la relation avec leurs partenaires-PME. En France, ces dernières sont en effet très impactées par ces avances de trésorerie surtout en période de crise économique.

 

 

Par Xavier DANIERE, cofondateur d'inops

 

* Source : http://www.economie.gouv.fr/cedef/chiffres-cles-des-pme
** Source : Etude publiée par le cabinet Altares / Janvier 2014

Lu 1740 fois Dernière modification le lundi, 01 juin 2015 13:28
La rédaction

Le service Rédaction a pour mission de sélectionner et de publier chaque jour des contenus pertinents pour nos lecteurs internautes à partir d’une veille approfondie des communiqués de presse pour alimenter les rubriques actualité économiques, actualités d’entreprises, études ou encore actualités sectorielles. Pour échanger avec notre service Rédaction web et nous faire part de vos actualités, contactez-nous sur redaction@gpomag.fr