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La formation : beaucoup d'attention de la part des salariés, un peu d'attentisme de la part des entreprises ?

Etudes Écrit par  mercredi, 04 décembre 2019 09:03 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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BPI group, société de conseil RH spécialisée dans l'accompagnement des transformations, mène l'enquête auprès des salariés français avec BVA. Pour cette nouvelle édition, BPI group s'intéresse au sujet de la formation, à l'implication des salariés, managers et responsables RH sur la question du développement des compétences, sur les enjeux et les moyens déployés. Cette enquête a été réalisée par l'institut BVA par Internet auprès d'un échantillon de salariés du 5 au 18 novembre 2019.

Les principaux chiffres et enseignements

- Les salariés français sont 90 % à considérer la formation comme un moyen assez efficace (51 %) ou très efficace (39 %) d'évoluer professionnellement. Les 18-24 ans (98 %) et les salariés ayant de 2 à 4 ans d'ancienneté (97 %) sont les plus nombreux à faire confiance aux formations pour évoluer.

- 52 % des salariés déclarent avoir suivi une formation au cours des 24 derniers mois. Ces bénéficiaires étaient plus souvent des jeunes de 18-24 ans (59 %) ou de 25-34 ans (60 %). Les 50 ans et plus sont ceux qui ont le moins fréquemment déclaré avoir suivi une formation sur cette période (45 %). Cependant les salariés les plus fréquemment formés se retrouvent principalement chez les cadres (63 %, contre uniquement 31% des ouvriers) et dans le secteur privé (63 % VS 48 % pour les salariés du secteur public). Autre critère déterminant, c'est dans les entreprises de 1 000 salariés et plus que le plus grand nombre de salariés ont été formés (59 %).

- L'initiative de la formation est portée le plus souvent par l'employeur (51 %, et 49 % à l'initiative du salarié), notamment dans le secteur privé (56 %). Aux termes de ces formations, seuls 58 % des salariés formés ont été sollicités pour faire un retour à leurs responsables, avec 66 % chez les cadres et uniquement 50 % pour les ouvriers.

- L'enjeu principal des formations suivies était la « performance pour progresser dans l'expertise du poste avec de nouvelles compétences » (41 %) mais aussi l'adaptation à l'évolution du poste (29 %, notamment dans le secteur public avec 38 %).

- Pour 68 % des salariés les formations suivies ont été assurées par des opérateurs spécialisés extérieurs à l'entreprise et pour 21 % par les RH de l'entreprise.

- L'impact des formations suivies porte en premier lieu sur une « plus grande efficacité professionnelle » (53 %) puis une « confiance accrue dans les ses compétences » (47 %). En termes de reconnaissance et évolution en revanche, seuls 18 % des salariés formés considèrent qu'elles ont eu un impact positif.

- Enfin, malgré les entretiens professionnels, seuls 58 % des salariés ont le sentiment qu'ils ont régulièrement l'occasion de parler formation avec leurs responsables.

- Parmi les salariés formés, 44 % pratiquent l'auto-formation, et notamment les cadres (60 %). Ces auto-formations se déroulent le plus souvent sur le temps de travail (52 %), et quand cela n'est pas le cas c'est principalement par manque de moyen (54 %) et d'information (36 %) sur les possibilités offertes.

Analyse des résultats par les experts BPI group

L'application mobile Mon Compte Formation, qui permet d'accéder directement aux formations financées par le CPF, a été lancée le 21 novembre dernier. Avec elle, le Gouvernement espère simplifier les démarches et inciter les salariés à se former. Cette mobilisation des pouvoirs publics montre à quel point la formation est un enjeu essentiel pour l'employabilité mais aussi un enjeu pour les salariés comme en témoigne le sondage BVA.

Les formations plébiscitées par les salariés mais des dirigeants encore frileux et de forts contrastes

En effet, 90 % des salariés considèrent la formation comme un moyen efficace d'évoluer professionnellement. Même si ce taux est élevé quel que soit la tranche d'âge et la fonction, il est plus important chez les plus jeunes, les salariés avec le moins d'ancienneté et les cadres.

Cette prise de conscience est suivie d'effets puisque 52 % des salariés ont suivi au moins une formation ces 24 derniers mois avec de fortes disparités : 59 % pour les 18-24 ans contre 45 pour les plus de 50 ans, 63 % pour les cadres contre 31 % pour les ouvriers, 63 % pour les salariés du public contre 48 % pour ceux du privé, 56 % pour les salariés du tertiaire contre 43 % pour ceux de l'industrie. Le nombre de formations suivies évolue également selon la taille de l'entreprise : il est nettement supérieur pour les grandes entreprises.

Ces chiffres illustrent des fractures générationnelles, de niveau de diplômes, de secteurs d'activités ou géographiques qui souvent se superposent. C'est un défi à venir tant pour le Gouvernement que pour les employeurs et que la récente loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » entend relever. Cependant, l'implication des DG et DRH est essentielle pour parvenir à un équilibre entre ces différentes catégories de salariés.

Sur ce dernier point, les dirigeants vont devoir se mobiliser davantage dans leurs relations avec leurs collaborateurs puisque seuls 58 % des salariés ont été sollicités par leurs responsables pour faire un retour sur leur formation et le même pourcentage a le sentiment d'avoir régulièrement l'occasion de parler formation avec leur encadrement, ce qui est faible. Cet engagement des dirigeants reste néanmoins satisfaisant puisqu'à 51 %, l'initiative de la formation revient à l'employeur (contre 49 % au salarié).

Un renforcement des compétences plutôt qu'un besoin de reconversion

La reconversion professionnelle est un sujet récurrent dans les discours des politiques ou des organisations professionnelles laissant penser que c'est aussi un enjeu majeur pour les salariés. Ce sondage prouve le contraire de manière significative : pour 41 %, l'enjeu de leur formation a été de faire progresser leur expertise et leurs compétences, pour 29 % de s'adapter à l'évolution de leur poste actuel mais seulement pour 5 % une formation de reconversion.

Les formations au service de la QVT

Ces données convergent avec l'apport ressenti par les salariés suite aux formations suivies puisque pour 53 % d'entre eux, elles leur ont apporté une plus grande efficacité professionnelle et pour 47 %, une confiance accrue dans leurs compétences.
L'actuelle réforme de la formation professionnelle devra prendre en compte ces deux paramètres : des formations pour conforter son expertise dans son emploi et se sentir plus légitime donc plus épanoui dans son environnement professionnel et personnel.

La formation : un secteur toujours assuré par des experts

68 % des formations suivies par les salariés ont été assurées par des prestataires extérieurs spécialisés contre 21 % par les services RH. C'est un facteur qui a été pris en compte par les pouvoirs publics puisque l'application mobile Mon Compte Formation compte d'ores et déjà au moins 100 000 sessions de formation disponibles pour plus de 40 000 formations.

Quid de l'autoformation ? Alors que les solutions de formation dématérialisées se multiplient et qu'Internet consacre une démocratisation apparente de l'accès à l'information, on constate que parmi les salariés formés, 44 % seulement pratiquent l'autoformation, même si pour les cadres cette proportion est de 60 %. Du chemin reste à faire dans la prise en main.
À noter enfin que pour les salariés n'ayant pas suivi de formations ces 24 derniers mois, ils sont seulement 43 % à estimer que leur entreprise encourage le développement des compétences, 78 % à qui aucune formation n'a été proposée par leur entreprise et que le manque de soutien de management est la principale raison pour laquelle les demandes de formations n'aboutissent pas : tout se tient !

Méthodologie
Enquête réalisée par BVA pour BPI group, par Internet, auprès d'un échantillon de salariés du 5 au 18 novembre 2019. Échantillon de 1352 salariés, représentatif de la population française salariée âgée de 15 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, secteur d'activité, taille d'entreprise et région d'habitation.



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