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Mobilité : attention la carte n'est pas le territoire !

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La communication est un acte social dont le but est de transmettre des données pour informer. Tout acte de communication, dès lors qu’il conduit à un contact entre les protagonistes, établit un lien, un attachement entre des individus : c’est la relation. Le concept de communication renvoie à ceux d’information, de savoir, de réception ; celui de relation évoque davantage l’attachement, la compétence, l’empathie…


Parce qu’ils permettent la circulation et la transmission rapide de l’information, les outils de la communication favorisent également la mobilité. Ils raccourcissent les délais de la prise de décision et renforcent donc l’efficacité des organisations. Mais ces outils ont aussi leurs limites et les ignorer peut conduire à des situations bien fâcheuses tant du point de vue individuel que de celui des organisations.


Risques pour la personne : mobilité ou réalité ?
« La carte n’est pas le territoire », disait Alfred Korzybski. L’usage excessif des outils de communication conduit à une « virtualisation » plus ou moins grave de notre environnement dans la mesure où nos expériences se déroulent dans une représentation spéculée du monde extérieur (la carte) et non pas au travers de confrontations avec la « réalité » (le territoire). À l’extrême, dans cette perte de contact avec le réel, les psys l’appellent « schizophrénie », on ne vit plus dans le monde commun, mais dans un monde privé où « le mouvement de l'existence vers les choses n'a plus son énergie » (Merleau-Ponty). Dans un monde totalement virtuel, tous les évènements se déroulent à la vitesse de la lumière. C’est le summum de la mobilité ! Mais il nous faut en permanence doser mobilité et réalité pour échapper à la folie, à l’exil intérieur et à l’absurde.

Risques pour les organisations
Il ne viendrait à l’esprit de personne d’acquérir sa résidence principale sur Internet sans s’être déplacé sur les lieux, sans s’être fait une idée tangible du bien. Pour produire des décisions de qualité, nous avons besoin de construire des représentations significatives basées sur nos connaissances, nos sensations, nos intuitions, nos impressions, nos émotions, notre conscience… Ce processus de maturation n’est possible que dans un contexte où le contenu de l’information échangée (le sens) est aussi important que la manière dont elle est échangée (le processus). Chaque micro geste, chaque mimique, tout acte manqué, les diverses postures, les mouvements de nos interlocuteurs stimulent notre conscience et nous mobilisent vers la décision et l’action. Le langage non verbal est très peu retranscrit par les outils de communication. Son absence proscrit, lorsque l’enjeu est élevé, l’usage des technologies de la communication. Le recours à un mode d’échange plus organique enrichit considérablement la qualité et la quantité d’informations. Seule la relation humaine directe entre les personnes permet de renforcer la qualité et la sagesse des décisions. Il est paradoxal de constater que, par temps de crise, de nombreux dirigeants d’entreprises restreignent les déplacements. Cette limitation, qui conduit à un recours systématique aux outils de télécommunication, augmente le risque sur la qualité de la décision et peut aggraver la situation de l’entreprise. Ils transmettent d’ailleurs très souvent ce type d’instruction par e-mail…

Par Dino RAGAZZO
> Auteur du livre "MANAGER D'ELITE" Gestald guide du leadership dans les organisations du XXIe siècle.

1 Un échange irréversible, généralement accompagné d’une émotion, s’établit entre les interlocuteurs.


Lu 4783 fois Dernière modification le jeudi, 03 septembre 2015 13:38
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