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Lorsque le burn-out atteint aussi l’Allemagne…

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Le journal Le Monde titrait il y a quelques jours : « Près de 13 millions de salariés souffrent d’un symptôme de burn-out en Allemagne ». Alors que beaucoup de dirigeants français pensaient que ce pays était Cocagne et que tout s’y passait merveilleusement bien, 13 millions de salariés, sur une population active d’environ 43 millions, vivent en souffrance l’entreprise !... Et toujours selon le journaliste, en France nous ne serions que 3,2 millions !


Stress, harcèlement, risques psycho-sociaux, burn-out, épuisement au travail, pénibilité… autant de termes nouveaux apparus depuis quelques années dans le champ lexical du travail, révélant que celui-ci  ne menace plus seulement l’intégrité physique de ceux qui  y consacrent une partie de leur existence, mais également leur santé mentale et psychique.

Surfant sur cette nouvelle menace (le risque psycho-social ou RPS), des cabinets spécialisés ont vu le jour pour aider les entreprises à y faire face, d’autres pour juguler la souffrance au travail ou d’autres encore, pour répandre les principes du « bien-être au travail ».


Les partenaires sociaux eux-mêmes ont suivi cette tendance de fond : ANI (Accord National Interprofessionnel) de 2008 sur le stress au travail, ANI de 2010 sur le harcèlement, ANI de 2013 sur la qualité de vie au travail. Et de nombreuses entreprises se sont engagées en négociant et mettant en œuvre des plans de prévention.
« Mais la démarche n’est pas si simple et le contexte actuel ne s’y prête guère, note Bertrand Lumineau, fondateur du cabinet Lumineau Conseil RH (www.lumineau-conseilrh.fr). La crise de confiance de l’entreprise avec ses salariés s’approfondit de jour en jour, surtout dans ces temps d’annonces répétées de réorganisation, de restructurations et de plans sociaux. »

Un absentéisme des cadres qui augmente
On constate ainsi que les managers ne se sentent pas toujours les mieux placés pour assurer, ni assumer la défense de leur société qui les pressurent, les pressent, avant parfois de les remiser - dans le meilleur des cas -, de les recycler dans le cadre d’une rupture conventionnelle, avec ou sans out-placement, voire de les abandonner corps et biens…
« Le statut de manager n’est donc plus forcément recherché et la fonction tend à se dévaluer, souligne Bertrand Lumineau. On constate d’ailleurs un absentéisme qui augmente chez de nombreux cadres. »


Quant aux jeunes, ceux de la génération Y et ceux de la génération Z, s’ils trouvent rapidement un travail, ils auront très certainement aussi leur mot à dire et nul doute que ce ne sera pas le même que celui des générations précédentes.

Une sémantique qui compte
De la violence au bien-être, les mots utilisés dramatisent parfois la réalité des situations. Crise aidant sans doute ! Mais à tout prendre, le concept « Qualité de vie au travail » (QVT pour les initiés) qui semble s'imposer aujourd'hui (comme le relèvent justement Christophe Despéries et Ruben Chaumont, auteurs pour La Tribune, de l'assurance de l'article " Des Risques Psychosociaux à la Qualité de Vie au Travail : inflexion lexicale ou évolution structurelle ? "), marque dans doute une meilleure approche des enjeux qui se jouent-là dans l’entreprise. Surtout quand certains veulent voir dans « la QVT » l’un des leviers de la performance, gage de compétitivité.

Les entreprises sont partie prenante du contexte social. Mais au cœur de la crise économique et - inaptes à défendre une image homogène - elles peinent à agir positivement sur ce contexte social et surtout sur sa représentation par les médias omniprésents. Elles disposent déjà de plus de leviers sur les risques liés au travail lui-même (sécurité, pénibilité…) et encore plus sur l’organisation du travail : autonomie et responsabilités, par exemple, contribuent à conférer du sens au travail et, en conséquence, augmentent le degré de satisfaction, améliorent la performance des collaborateurs et la compétitivité de l’entreprise.

Ne pas oublier l’essentiel
Pour autant, les modèles encore dominants doivent évoluer. Ce point de l’organisation du travail dans l’entreprise est essentiel. Mais il ne doit pas faire perdre de vue une autre composante de la vie au travail qui est le « vivre ensemble », somme des comportements de tous.
L’entreprise peut également apporter sur ce plan - le savoir-être - à soi-même et aux autres, et permettre à chacun de mieux se connaître pour gérer plus efficacement son rapport aux autres. Quelques actions simples, des valeurs, un alignement, une redéfinition du comportement professionnel attendu, un ensemble de règles de bonne conduite, une réévaluation du rôle du manager – plus catalyseur, moins  leader - un accompagnement plus efficace en matière de formation des personnes mais aussi des équipes… Autant de terrains d’action pour permettre à tous de mieux vivre le travail.

Tristan CORELLI
Journaliste spécialiste des Ressources Humaines

 

Lu 6534 fois Dernière modification le mardi, 25 août 2015 15:32
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