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Les industriels allemands en Tunisie

Actu Dirigeant Écrit par  mardi, 14 février 2012 09:41 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Cette étude pose la question de savoir si, après avoir mené dans les années 1990 une stratégie d’intégration industrielle avec les pays d’Europe centrale et orientale (Peco), les industriels allemands envisagent de renouveler l’expérience avec de nouveaux partenaires et d’approfondir le redéploiement de leur base industrielle sur de nouveaux horizons

– sur la rive sud de la Méditerranée en particulier. L’étude porte sur la Tunisie, qui est le pays d’Afrique du Nord dans lequel le nombre d’IDE allemands par habitant est le plus important, et pour qui l’Allemagne représente le troisième partenaire économique. Effectivement, depuis quelques années, les entrepreneurs allemands multiplient les investissements dans ce pays, qu’ils considèrent comme l’un des plus compétitifs de la rive sud, et qui leur offre les conditions de production nécessaires à l’établissement d’un système productif intégré.

 

 

D’un point de vue qualitatif, l’étude micro-économique de la dynamique de ces investissements montre qu’il existe des corrélations entre la stratégie des industriels allemands en Tunisie et celle mise en œuvre par eux voilà vingt ans dans les Peco. Tout d’abord, la plupart des unités allemandes en Tunisie correspondent à des fragments de la chaîne de production – les segments intensifs en main d’œuvre, comme cela était le cas au départ dans les PECO (articles textiles, composants électronique, etc.).

 

Deuxièmement, on assiste depuis peu à une accélération des investissements allemands en Tunisie (le stock d’IDE a doublé entre 2004 et 2009). Or les investissements les plus récents sont généralement réalisés au détriment des PECO, devenus trop chers, en sorte qu’il est possible de dire que la Tunisie se substitue progressivement aux PECO dans les choix de localisation des entreprises allemandes.

Enfin, les Allemands sont quasiment les seuls investisseurs étrangers à développer en Tunisie, autour de leurs sites de production, des activités à forte valeur ajoutée (administration, design, R&D, etc.) mobilisant la main d’œuvre qualifiée locale. Les transferts de compétences que cette évolution occasionne contribuent à approfondir l’intégration industrielle de l’Allemagne et de la Tunisie, comme cela a été le cas pour les pays du voisinage oriental de l’Allemagne, toutes proportions gardées.

 

Les entrepreneurs allemands mettent en œuvre en Tunisie une stratégie différente de celle de leurs homologues européens, notamment français et italiens. Alors que ces derniers continuent de n’y développer que des activités à faible valeur ajoutée intensives en main d’œuvre, les Allemands y déploient des segments à plus forte valeur ajoutée, qui s’intègrent dans une chaîne de production efficiente.

 

En élargissant à la rive sud la stratégie de régionalisation industrielle initiée dans les PECO, ces entrepreneurs font un pari audacieux qui pourrait bien faire d’eux, à l’heure des révolutions arabes, les précurseurs d’un nouveau modèle de coopération Nord-Sud.

Lu 3564 fois Dernière modification le lundi, 01 juin 2015 10:04
La rédaction

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