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Écoles d'ingénieurs : des liens toujours plus forts avec les entreprises

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Les jeunes ingénieurs, outre un bagage scientifique élevé, ont aussi le sens de l’entreprise. Un tiers de leur formation est consacré au management ou encore à la gestion. Résultat : les jeunes diplômés sont rapidement opérationnels, et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise.

Les jeunes ingénieurs diplômés ne connaissent pas la crise de l'emploi. Et pour cause : ceux-ci ne sont en effet pas assez nombreux pour répondre aux besoins des entreprises. Pour faire face à la pénurie, des initiatives ont depuis quelques années été mises en place pour donner un coup de projecteur sur les formations scientifiques et techniques. « En France, nous formons 31 000 ingénieurs par an.

Il faudrait en former 9 000 de plus, notamment pour compenser les départs à la retraite. Mais on n'arrive pas à convaincre suffisamment de jeunes, même si l'on ressent un frémissement – la demande a malgré tout progressé de 35 % en deux ans. Il faut savoir que 4 000 de nos étudiants diplômés sont des étrangers à destination des entreprises françaises, qui ont besoin d'eux », explique Christian Lerminiaux, le président de la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d'Ingénieurs (CDEFI) et de l’UTT de Troyes.
Il est vrai que les ingénieurs formés en France sont recherchés. Pour assurer l'adaptation des ingénieurs dans les entreprises, un tiers des enseignements concerne des matières non techniques, comme le management, les langues ou encore la communication.

Enfin, l'insertion professionnelle des jeunes diplômés se passe d'autant mieux lorsque ceux-ci béné­ficient de l'expérience d'enseignants ayant travaillé en entreprise. « Pour pallier ce problème culturel, la moitié de nos enseignants sont des contractuels qui viennent de l'extérieur, souligne le président de l'UTT de Troyes. Leur expérience de l'entreprise leur permet d'avoir une autre approche de l'enseignement de l'organisation, par exemple. Le fait de vivre et de ressentir les choses permet de mieux les traduire que si l'on a simplement fait des études de cas », reconnaît Christian Lerminiaux, qui a travaillé en entreprise pendant quatorze ans.

Le cercle vertueux entre la formation, les relations avec les entreprises et les activités de recherche
En fait, les relations entreprise-école sont plus fortes qu’on ne le pense généralement. C’est le cas, par exemple, des stages, un système envié. « La formation en stage, c'est un système très français... Les Chinois, par exemple, se demandent comment l'on fait pour convaincre les entreprises de prendre des jeunes pour des stages de six mois », argumente Christian Lerminiaux.

D’autres liens forts existent, notamment en matière de recherche. « Sur le plan de la recherche et du développement, les entreprises doivent pouvoir bénéficier des compétences des chercheurs. Cela passe par des dispositifs accessibles non seulement aux grands groupes, mais aussi aux PME. Celles-ci peuvent travailler avec des chercheurs-docteurs pour leurs projets », fait valoir le président de la CDEFI.

Encore faut-il connaître les dispositifs qu'il est possible de mettre en place. Là aussi, les écoles d’ingénieurs s’en chargent. Une aide précieuse qui va du montage du dossier à la recherche des financements, d’autant qu’il existe des aides publiques pour aider au développement de la recherche et du développement dans les entreprises.

Zoom sur les formations d'ingénieurs en alternance
L'important développement de l'apprentissage, auquel on assiste ces dernières années concerne aussi les formations d'ingénieurs. Sur les deux cent cinquante écoles délivrant le diplôme d'ingénieur en France, elles sont de plus en plus nombreuses à proposer également des formations en alternance école-entreprise sous statut étudiant ou en contrat d'apprentissage. L'étudiant qui opte pour cette voie applique immédiatement les connaissances acquises dans l'école, et souvent dans la même entreprise pendant toute la durée de son cursus. C'est ce qui lui permet de s'investir dans des projets à long terme et d'avoir des responsabilités. De leur côté, les entreprises sont prêtes à payer des formations qui correspondent à leurs besoins. Autrement dit quand elles ont besoin de matière grise, elles investissent.

Autre avantage, la formation d'ingénieurs par l'alternance est un moyen d'attirer des jeunes dans des secteurs qui ont besoin de revaloriser leur image. Ainsi les étudiants candidats n'hésitent pas à venir de loin, sachant que l'objectif de l'entreprise qui participe au financement de la formation, est de les garder.

Zoom sur les chaires d'enseignement et de recherche : une formation à la pointe des avancées scientifiques
Les chaires d'enseignement et de recherche représentent un outil en vogue, permettant à la fois de faire participer les entreprises à la vie des établissements formant les ingénieurs et d'assurer les moyens de leur développement.
En plus de s'impliquer dans le contenu de l'enseignement, certaines entreprises le font également dans le financement de celui-ci. L'intérêt de l'entreprise est de profiter des progrès accomplis et des outils de modélisation développés. L'association recherche-enseignement induit ainsi une stratégie de marché imposant l’entreprise en tant qu'acteur reconnu pour sa capacité d'innovation.

Propos recueillis par Nadine Champenois

Éric Chanel, gérant de Greenwheel :ingénieur et chef d'entreprise par vocation

Alors qu'ils sont encore sur les bancs de l'école, certains étudiants ingénieurs ont déjà une âme d'entrepreneur. C'est ce qu'illustre parfaitement le parcours d’Éric Chanel, l'un des fondateurs de Greenwheel, une entreprise spécialisée dans le développement et la commercialisation de scooters électriques pour le marché européen.
Diplômé de l'Ensam (École Nationale Supérieure D'arts et Métiers), ce jeune ingénieur de vingt-cinq ans avait intégré l’incubateur et la pépinière d'Arts et Métiers ParisTech, ce qui lui a permis de mettre en œuvre la mise au point technique et économique de son projet, tout en achevant sa formation.
« L’incubateur m’a permis de bénéficier d’un accompagnement et d’un apport d’expérience qui m’ont conforté dans mon projet » dit-il. Créée en 2009 à Paris, son entreprise a déménagé l'an dernier, pour s'installer dans l'agglomération troyenne, en Champagne-Ardenne.
Lu 4342 fois Dernière modification le lundi, 13 juillet 2015 14:16
Nadine Champenois

Journaliste et auteure
Elle a travaillé pour divers titres de presse magazine nationale (Points de Vente, L’Express, Gault&Millau, Aladin, Art&Décoration, etc..). Elle intervient notamment sur les sujets RH pour GPO Magazine.