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Dirigeants : et si vous vous inspiriez des cultures asiatiques

Management Écrit par  jeudi, 15 novembre 2012 00:00 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Dans un monde globalisé l’opposition entre identité ancrée dans le local et pluralité semble toujours plus criante et même irréductible. Comment un entrepreneur, un dirigeant, un manager peuvent-ils maintenir leur cap et obtenir des résultats dans un environnement complexe et ambigu ? Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question. Mais les occidentaux que nous sommes peuvent tirer de nombreux enseignements des cultures asiatiques.

La lecture de l’article qui suit demande un peu de concentration, en adoptant la posture humble qui permet d’accepter une question : pourquoi pas ? (NDLR GPOMag.fr)


S’inspirer des arts martiaux pour se découvrir soi-même en tant que leader et manager

Loin des stéréotypes véhiculés par le cinéma, la pratique des arts martiaux asiatiques se focalise avant tout sur la découverte de soi. Etudier les arts martiaux dans le but de devenir un Bruce Lee est la poursuite d’une illusion hollywoodienne. En revanche, au travers d’un entrainement sérieux à un art martial, une personne peut découvrir ‘le BUDO SEISHIN’, l’âme du Samouraï, l’attitude mentale correcte du « budo » – « SEI » signifie correcte ou juste, « SHIN » signifie cœur ou attitude mentale -. Un processus d’entrainement physique et mental qui permet de mieux se connaître, d’appréhender ses capacités et les maîtriser tout en gardant l’esprit alerte. Cette attitude aide à apporter la réponse appropriée et même à anticiper les mouvements d’un opposant ; elle aide à faire face aux changements avec ce petit moment d’avance qui fera toute la différence.

Dans la vie professionnelle, même en tant que dirigeant, il est facile de se laisser porter par des conseils bienveillants ou de copier les grands principes à la mode, rendus plus ou moins tentants à force de discours marketing.

La réflexion en toute indépendance, même si elle est sans doute plus fréquente chez les entrepreneurs, demande toujours beaucoup plus d’énergie. Une pratique régulière, intense sur le long chemin de la découverte de soi, réclamant souvent le courage d’affronter la réalité, de la voir avec lucidité et ouverture d’esprit et de cœur pour développer ses talents, les mettre en œuvre et avancer, conduit à plus d’efficience. L’entrepreneur et le dirigeant qui fonctionnent en tirant parti de l’ensemble de leurs capacités ressentent plus de confort (même très relatif !), de joie et de facilité dans leurs prises de décision et leurs actions. De tels leaders marchent dans leurs chaussures les plus confortables. Ils réalisent plus. Ils mettent les autres en situation de réaliser.


Prendre du recul et se donner de l’espace pour la flexibilité

Le processus japonais « sen-no-sen » nous montre aussi que même dans le fleuve rapide (et pas tranquille) de la vie nous pouvons créer des espaces utiles. A cause du manque de place, les commerçants japonais ont développé une maitrise du « juste à temps » basé sur la présence totale (conscience totale). Ceci est clairement illustré dans la gestion des « combinis », les magasins de proximité. Grâce à une logistique appropriée basée sur un processus de commandes en ligne, puis de livraison par de petits véhicules très mobiles, les produits sont sur les étagères du magasin au moment de la journée où ils sont nécessaires ; articles pour le petit déjeuner le matin, puis réorganisation de l’étalage pour ceux du déjeuner, etc…. La succession cadencée de ces micros rythmes crée l’espace nécessaire à une gamme complète de produits en fonction du moment. Quel commerce peut-il espérer en faire autant en France ?

Avoir une conscience aiguisée du monde extérieur, et des composantes multiples de son environnement (humain, social, économique, technique, politique) permet de prévoir de façon plus précise, d’anticiper les changements et de préparer la réponse la plus adaptée, avec ce fameux moment d’avance qui fait la différence. Ainsi, l‘application d’un processus du genre « sen-no-sen », pour faire de la place à la prise de recul et créer des espaces de réflexion forts sur la conscience aigüe de ses ressources et de celles de l’entreprise en fonction du contexte, permet le développement d’actions efficaces. Elle crée aussi dynamique de flexibilité qui favorise les adaptations.


Des arts martiaux à l’art de maîtriser le changement

De nos jours, les organisations sont toutes confrontées à des attaques potentielles de toute part, avec une fréquence élevée et sous des formes imprévisibles. Appliquer la dynamique inscrite dans les arts martiaux et les cultures asiatiques - cette perspicacité de la réponse et du timing en fonction des ressources disponibles - crée des leaders qui savent maximiser l’efficacité et s’adapter au changement pour le transformer en une spirale du succès. Il n’est pas asiatique mais on peut citer Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».


Des Leaders transculturels

Dans les entreprises et organisations globales, les leaders « transculturels », c’est-à-dire capables d’inspirer et de diriger dans des environnements culturels complexes, jouent un rôle vital pour la santé du tissu économique, social et politique. Ils sont à l’aise avec des équipes diverses qui réagissent de façon différente, remettent en question les évidences, et proposent de nouvelles idées et de nouvelles façons de considérer les options stratégiques de l’organisation. Forts de la connaissance de leurs propres ressources, ils comprennent et valorisent ce qui complète et renforce la panoplie de compétences de leur entreprise. Cet état d’esprit est propice lui-même à l’amélioration de la performance. Il est construit sur la confiance dans la remise en question des évidences et sur la focalisation des réponses à apporter. Contrairement aux ‘LINO’ (Leader In Name Only) ou béni-oui-oui, ces leaders globaux célèbrent les différences. Ils se connaissent mieux pour anticiper, sont plus flexibles et savent écouter pour capter les ressources et les énergies au service de la compétitivité de leur organisation.

Même dans un environnement purement national, le dirigeant peut se comporter en leader transculturel, favoriser les différences et remettre en cause le statu quo. Il en va de la capacité d’adaptation et d’innovation de son entreprise.


Diriger de façon efficace dans un monde de différences

En tant que dirigeant vous pouvez non seulement accéder à cette dynamique de connaissance de soi et valorisation des différences, mais aussi la diffuser dans votre organisation. Pas besoin d’être un fin connaisseur de l’Asie ou un adepte des arts martiaux. Cette aptitude à créer l’environnement qui permet à la personne de développer la capacité à effectuer le bon mouvement au bon moment est contenue dans le processus du coaching. Cet outil de management n’a rien à voir avec le fait de donner LA bonne réponse à l’autre. Il permet d’acquérir les comportements pour que l’Autre développe lui-même sa propre autonomie. Le coaching, comme la pratique des arts martiaux, place la personne sur son propre chemin de développement en aiguisant sa conscience des choses telles les ondes d’un ricochet, en mettant en résonnance passions et motivations avec le contexte. En Asie comme en Europe, et partout dans le monde, faire marcher ses collaborateurs quotidiennement dans leurs chaussures les plus confortables, permet d’atteindre ensemble des sommets (de productivité) !


Elisabeth Frémaux

L’auteur : co-fondatrice et Présidente d’ATOEM Consulting, elle a vécu et travaillé plus de 20 ans en Asie. Executive Coach, créatrice du concept l’Ecologie de la Performance©, elle accompagne les dirigeants d’entreprise et leurs équipes à conduire des phases de transition importantes pour gagner en performance.

ATOEM Consulting : www.atoem-consulting.com

 

 

 

 

 

 

 

 

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