De la « Grande démission » à la « Démission silencieuse », de quoi ces grands chamboulements du rapport au travail sont-ils le témoin ?

JLL a mené l’enquête pour comprendre les causes et les conséquences de cette volatilité des salariés à l’égard de leur employeur : 3000 salariés de bureaux ont été sondés dans 13 grandes métropoles mondiales. De l’expérience de travail à l’organisation des entreprises, retour sur les enseignements clés à Paris et dans le monde.

Les nouveaux modes de travail ont ouvert la voie au changement de vie des salariés

Dans le monde, 32 % des travailleurs de bureaux interrogés ont déménagé depuis le début de la pandémie, et parmi eux 37% l’ont fait grâce aux nouvelles possibilités offertes par le télétravail. Une flexibilité qui leur a permis de s’offrir un nouveau cadre de vie. A Paris aussi la remise en question des modes de vie est là, mais la mobilité résidentielle a concerné 27 % des travailleurs de bureaux et reste plus modérée qu’ailleurs.

Une prudence des Franciliens également palpable en matière de mobilité professionnelle. En-dessous de la moyenne mondiale, ils ont été 42 % à quitter leur entreprise depuis le début de la crise.

« En France, le phénomène de départs, plus contenu qu’ailleurs, relève davantage de la posture de revendication vis-à-vis de l’employeur que de la démarche concrète. Les motivations restent toutefois les mêmes : saisir une opportunité professionnelle, se reconvertir dans un nouveau métier, lancer sa propre entreprise », explique Flore Pradère, Directrice Recherche et Prospective bureaux chez JLL.

Mais, concrètement, qu'est-ce qui pousse à sauter le pas du changement de job ?

Le salaire en premier lieu. S'il est aujourd'hui mis en balance par les salariés dans le choix d'un nouvel employeur, il reste le nerf de la guerre, en France comme à l'international, pour 52 % des salariés interrogés.

En France, le niveau de rémunération est suivi de près par :

• La qualité de vie pour 46 % des sondés, au-dessus de la moyenne mondiale

• Le sens au travail pour 28 %

• L’opportunité de réduire sa charge de travail pour 24 % des travailleurs de bureaux

Malgré le poids toujours important du salaire, le bien-être est au coeur des attentes des salariés au travail

Attirer n’est pas fidéliser. Et pour retenir les salariés en entreprise demain, il sera impératif de considérer leurs attentes renouvelées en matière de bien-être, au-delà d’un niveau de rémunération jugé plus attractif.

• 52 % des travailleurs franciliens attendent de leur employeur un soutien en matière de bien-être et de santé mentale.

• 35 % souhaitent être davantage incités à s’accorder du temps pour eux dans la journée de travail, pour aller à un rendez-vous médical, faire une pause bien-être, remplir une obligation administrative.

• Et plus en France qu’ailleurs, 34 % des répondants attendent une proposition renouvelée en matière de services sur site

“ On note un paradoxe à la française : le travail apparaît moins prégnant dans le développement personnel des salariés, qui restent soucieux de préserver la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle. Mais, dans le même temps, ils ne sont pas moins attachés à la qualité de vie au travail, qui reste une attente forte pour 59 % des Parisiens ”, explique Flore Pradère.

Quelle promesse employeur idéale demain ?

Le changement de paradigme qui s’amorce nécessitera de conduire de front révolutions spatiale et managériale afin de (re)faire de l’entreprise :

• Une organisation apprenante

• Un lieu d’inspiration

• Un condensé d’expériences au service de la santé et du bien-être 

• Un environnement réhumanisé, à l’écoute des préférences individuelles.

 “ Les conditions de travail seront plus que jamais sous le feu des projecteurs. Les employeurs les plus visionnaires sauront intégrer les nouveaux choix de vie de leurs collaborateurs dans leur approche du travail hybride pour identifier de nouveaux leviers immobiliers : une empreinte immobilière plus dispersée, l’accès à des tiers-lieux plus proches des bassins de vie ou encore la prise en charge des coûts d’hébergement et de transport des salariés qui auront fait le choix de se mettre au vert », conclut Gaëlle Larché, Directrice Workplace Strategy et Conduite du Changement chez JLL.