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Yannick Wileveau, dirigeant de Naviwatt : un entrepreneur à la démarche éco-responsable

Yannick Wileveau, dirigeant de Naviwatt : un entrepreneur à la démarche éco-responsable

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À l’heure où les défis de demain liés à l’environnement sont de « sauver « la planète, le développement de bateaux électriques est plus que jamais d’actualité. Yannick Wileveau a très tôt pris conscience de la nécessité de faire du nautisme responsable.

Docteur es-sciences de la Terre et après une expérience de plus de 10 ans dans les travaux souterrains, Yannick opère un virage professionnel et obtient un diplôme d'architecture navale à l’ENSAN de Nantes. Il y dessine les plans d’un trimaran à propulsion électrique intégrant dans sa conception des capteurs d’énergie renouvelable. Après avoir réalisé des travaux d’étude pendant près de 2 ans sur ce bateau, Yannick Wileveau crée en novembre 2008 l’entreprise Naviwatt dans une zone maritime à l’équilibre fragile : le Port du Logeo, dans le Golfe du Morbihan.

Depuis cette date, cet entrepreneur n’a eu de cesse de répondre à la demande des plaisanciers et des professionnels tels que Naval Group, le port de plaisance de la Ciotat, l’association Greenpeace….

Pour que la mer reste bleue, les bateaux à moteur doivent sans nul doute devenir verts. C’est tout le sens de l’engagement éco-responsable de Yannick Wileveau, dirigeant de Naviwatt, architecte naval.

GPO Magazine : Dans quelles conditions avez-vous créé Naviwatt en 2008 ?

Yannick WILEVEAU : J’ai commencé mon parcours par des études d’ingénieur. Mon expérience R&D en construction souterraine durant 10 ans m’a permis de suivre des projets innovants (tunnels...). Lorsque j’étais étudiant, j’ai milité dans des associations de défense de l’environnement. Avant 2008, passionné de voile, je passais mes vacances dans le golfe du Morbihan. Le bruit, la pollution des moteurs des bateaux ne me permettaient pas de profiter pleinement de la beauté de ce site.

C’est probablement à ce moment-là que j’ai pris conscience qu’il fallait œuvrer pour l’environnement. J’ai alors décidé d’opérer un virage professionnel . Pour cela, j’ai suivi des études d’architecture navale à l’ENSAN de Nantes. Et j’ai obtenu mon diplôme dans le but de créer la société Naviwatt en 2008. Mon objectif était de concevoir les bateaux de demain, plus respectueux de l’environnement, et ainsi répondre à la demande de certains particuliers ou professionnels qui commençaient à être dans cette « mouvance ».

GPO Magazine : On dit souvent que le monde du nautisme est porteur de valeurs transposables à l’entreprise. Quelles sont les valeurs que vous portez ?

Yannick WILEVEAU : Effectivement, les valeurs de principe que nous portons peuvent être transposées en entreprise. Car en mer, il faut prévoir, anticiper, garder le cap, faire preuve d’initiative et assurer la cohésion de l’équipage.

En outre, en entreprise, il faut un projet fédérateur. Concernant Naviwatt, il fallait apporter de l’innovation dans le monde du nautisme. En effet, c’est un milieu assez artisanal et mon objectif était de faire évoluer non seulement les mentalités mais également la construction des bateaux. Dans cette optique, nous avons mis en route différents chantiers de bateaux électriques qui remplissaient un cahier des charges précis. Désormais, nos clients ont compris que même si l’achat d’un bateau électrique est un investissement plus onéreux au départ, on rentre rapidement dans ses frais en raison du faible entretien mécanique comparé à un moteur thermique et bien sûr de l’absence de frais de gasoil.

Enfin, l’humain est au cœur de notre entreprise car nous travaillons en équipe. Je crois en la « positive attitude » et à l’engagement de tous dans le travail. Nous sommes une petite équipe de 10 personnes composée de 3 architectes navals, 2 techniciens, 1 responsable commercial, 1 ingénieur électrotechnicien, 1 secrétaire et 3 ingénieurs alternants. En conseil, nous avons également des associés dont 1 a été à la tête d’une grosse entreprise de services (Arnaud Guirouvet - AGAP2).

GPO Magazine : Qu’est-ce qui fait « grandir » une entreprise telle que la vôtre ?

Yannick WILEVEAU : Pendant plusieurs années, notre entreprise ne s’est pas développée comme je l’entendais. Avec le recul, je me suis aperçu qu’en 2008 les mentalités n’étaient pas encore prêtes pour le tout électrique. De plus, nous avions ciblé la clientèle des bateaux de plaisance qui était assez exigeante en terme de longs trajets. Ils auraient voulu aller plus loin. Or, à un moment donné, il faut pouvoir recharger la batterie d’un bateau de la même façon qu’on le fait pour une voiture ce qui n’est pas possible en traversée.

Nous avons alors réfléchi à une orientation différente de notre entreprise. Il est apparu que nous devions davantage travailler avec des professionnels. D’une part, ils ont un cahier des charges plus contraignant et d’autre part, ils savent comment utiliser leurs bateaux. Nous avons donc repositionné notre marché. Désormais notre clientèle est constituée de professionnels en charge du transport touristique (pour visiter une ville par exemple), de surveillance d’une école de voile (Yacht Club de Monaco), de missions de sensibilisation à l’environnement (Greenpeace, Golfe du Morbihan).

GPO Magazine : Est-ce que votre stratégie novatrice a évolué ?

Yannick WILEVEAU : Le principal frein de ce marché demeure l’autonomie proposée. Nous allons maintenant plus loin dans les projets de solutions électriques en complétant l’offre avec de l’hydrogène et une pile à combustible. L’État mise beaucoup actuellement sur cette énergie en investissant dans l’hydrogène produit à partir de stations solaire ou de parcs éoliens, qu’on appelle l’hydrogène vert.

Il s’agit là de solutions les plus prometteuses pour réduire les émissions polluantes. Toyota a développé une pile à combustible conçue spécialement pour Energy Observer, le premier navire hydrogène autour du monde qui est autonome en énergie. Réconfortés par cette expérience, nous cherchons actuellement à créer un partenariat avec l’un des fournisseurs de pile à combustible.

Par ailleurs, nous allons travailler sur des solutions d’éco-pilotage (informations au pilote concernant la météo, fluidité de la navigation…) qui permettront au pilote de naviguer en toute sécurité et de consommer moins d’énergie.

GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de votre entreprise dans les dix prochaines années ?

Yannick WILEVEAU : Nous souhaitons développer notre marché à l’étranger. Il y a d’ores et déjà des demandes en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Hollande… Et également en Afrique du Nord, en Asie. Notre objectif serait d’équiper une vingtaine de bateaux par an. Nous sommes en capacité de le faire puisqu’en un mois nous pouvons équiper de façon complète un bateau, sauf cas plus complexe. Pour ce faire, nous allons établir et former un réseau de distributeurs qui puisse avoir un discours adapté et technique sur nos bateaux.

Lu 5512 fois Dernière modification le mardi, 15 décembre 2020 07:59
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.