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Michaël Ormancey, cofondateur de Foodles : un entrepreneur conscient et engagé

Michaël Ormancey, cofondateur de Foodles : un entrepreneur conscient et engagé

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Le philosophe et sociologue, Edgar Morin, dirait de Michaël Ormancey qu’il a « la tête bien faite » *... Titulaire d’un Master spécialisé (HEC), Project management en 2012, il obtient également un diplôme d’ingénieur en 2013 à l’université de technologie de Compiègne (UTC). Le MS Management de Grands Projets d’HEC lui permet de se former aux techniques de planification, de gestion d’équipe, de financement et de suivi des coûts. Les étudiants de ce programme s’initient à des fonctions très variées comme le marketing, la finance, les achats, la stratégie d’entreprise, le management de l’innovation et de la Supply Chain.

La cantine du futur, c’est justement un projet qui lui tient à cœur.

C’est dans ces conditions, qu’en 2015, il lance avec Clément Bonhomme, la start-up Foodles, avec comme objectif de proposer une solution de restauration flexible, de qualité et de répondre aux nouveaux usages des salariés au travail et à leurs nouveaux comportements alimentaires. Une cantine d’entreprise à la fois physique et digitale. L’entreprise continue à se développer non seulement à Paris, mais également dans une vingtaine de grandes villes de France. Foodles devient ainsi la pionnière des cantines dématérialisées.

Tout récemment, Foodles a fait une levée de fonds de 31 millions d’euros afin, d’une part de renforcer les équipes en France pour améliorer le produit destiné au consommateur et d’autre part, d’initier un plan de financement pour l’Europe. En 2020, Foodles fait un premier pas réussi vers l’international. En effet, le concept séduit en Belgique. Et c’est tout naturellement que Foodles s’est attaquée, grâce à cette levée de fonds, à la Grande-Bretagne.

Gageons que Foodles a encore de beaux jours devant elle en matière de restauration clés en main à destination des entreprises…

GPO Magazine : Vous êtes le cofondateur de Foodles, comment votre entreprise a-t-elle vu le jour en 2015 ?

Michaël Ormancey : En 2015, nous avons créé Foodles avec Clément Bonhomme. En effet, nous avons constaté qu’il y avait un manque de service de restauration dans certaines entreprises qui n’avaient pas la taille et les moyens financiers d’avoir recours à la restauration d’entreprise traditionnelle avec un restaurant sur place.

En s’intéressant à ce modèle, nous nous sommes aperçu qu’un restaurant d’entreprise (cuisine sur place) nécessite des investissements importants au démarrage (construction de la cantine, personnel ...). Un tel modèle ne s’adresse qu’aux grosses PME et aux très grandes entreprises (plus de 200 repas par jour).

Le besoin de se restaurer est un besoin fondamental et les cantines participent au lien entre les salariés et la culture d’entreprise. C’est un moment privilégié de partage. Or, avant 2015, les TPE et petites PME n’avaient pas de service de restauration en interne. C’est ce qui nous a amené à créer Foodles.

GPO Magazine : Pouvez-vous nous présenter Foodles ? Quelle est votre cible ?

Michaël Ormancey : Foodles est un service de restauration clés en main à destination des salariés des entreprises qui leur permettent de se restaurer au quotidien et à moindre coût sur leur lieu de travail. Nous avons des cuisines en propre et un réseau de partenaires qui vont fabriquer l’intégralité des repas selon notre cahier des charges (Charte qualité). Et chaque jour, on va livrer et mettre à disposition ces repas.

Lorsque Foodles est présent dans une entreprise, il existe deux moyens de se restaurer. D’une part, à travers des frigidaires connectés, installés directement dans les salles de restauration, (permettant de récupérer en toute autonomie un repas à n’importe quel moment de la journée) et d’autre part, à travers une précommande passée la veille de repas classiques ou de cuisine du monde (livraison le matin avant le déjeuner). Nous répondons aux 3 fondamentaux de la cantine : un espace de restauration, une restauration du quotidien (diversité alimentaire), une restauration sociale (prix intéressant) et lien entre les collaborateurs.

Aujourd’hui, Foodles est présent sur différentes verticales de marché : le tertiaire (à partir de 40 salariés), le secteur public (agents municipaux, APHP…), le milieu de l’hôtellerie pour la restauration du personnel, le milieu immobilier pour les locataires…

GPO Magazine : Comment Foodles a-t-elle acquis son nouveau statut d’entreprise à mission ?

Michaël Ormancey : Depuis la création de Foodles, être une entreprise à mission fait partie de notre ADN avec l’envie d’être acteur de cette transition alimentaire. Aujourd’hui, nous sommes le service de restauration privilégié des salariés. Nous avons donc les moyens de faire les choses de façon qualitative en sélectionnant des matières premières qui font sens, en privilégiant une qualité des origines sur certains produits. De cette façon-là, nous sommes arrivés à diminuer l’empreinte carbone par repas. Et nous avons pour objectif, à l’horizon 2023, de réduire encore de 10 % cette empreinte carbone.

Cependant, l’enjeu environnemental n’est pas le seul. Au niveau sociétal, notre ADN nous a toujours conduit à faire des choix responsables, parfois même à contre-courant des tendances de marché. Par exemple, nous avons été les premiers acteurs de la foodtech à recruter des livreurs et préparateurs à temps plein en CDI pour opérer notre service. La reconnaissance en 2022 de notre nouveau statut d’entreprise à mission, à la suite d’une stratégie environnementale ambitieuse, n’aurait pas pu voir le jour sans les multiples projets et missions menées depuis sa création.

GPO Magazine : Quelles sont les missions de Foodles ?

Michaël Ormancey : La conscience du rôle majeur des entreprises dans la transition des modes de consommation des citoyens, des organisations et de tous les secteurs économiques, fait partie des engagements fondateurs de notre entreprise. Foodles agit selon 4 missions distinctes : défendre un achat raisonné, une alimentation saine et durable avec une charte qualité exigeante, réduire son impact écologique, notamment grâce à ses démarches zéro-déchet et anti-gaspillage, s’engager pour l’emploi durable, la réinsertion des personnes éloignées de l’emploi et le bien-être des collaborateurs et enfin, valoriser des associations à but non lucratif auprès des collaborateurs.

GPO Magazine : Comment Foodles contribue-t-elle aux enjeux de développement durable ?

Michaël Ormancey : Il y a des enjeux sociétaux à travers l’emploi durable et environnementaux (sélection des matières premières, leur origine). Nous avons fait le choix de faire des packagings réutilisables en verre ou compostables (consignes en verre qui permettent d’éviter les déchets plastiques). Nous avons également voulu limiter l’impact des livraisons externes : avec des fournisseurs audités et certifiés dans la continuité des 53,8 % économisés en gestion interne. Un repas Foodles fait moins de 40 km, du traiteur à l’assiette et chaque livreur est formé aux risques routiers ainsi qu’à l’éco-conduite.

Enfin, nous avons la volonté de réduire le gaspillage alimentaire. L’algorithme de Foodles réajuste quotidiennement le réassort des frigos et certains produits sont notamment proposés à moitié prix le vendredi pour éviter de périmer le week-end. Les déchets alimentaires, eux, sont transformés en compost et biogaz à destination des agriculteurs. De plus, l’entreprise met en place le don alimentaire en redistribuant les invendus à des associations locales pour venir en aide aux personnes dans le besoin.

GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de Foodles dans quelques années ?

Michaël Ormancey : Aujourd’hui, nous sommes présents partout en France. Foodles s’est également déployée à Bruxelles et à Londres. Notre ambition est de devenir un acteur majeur de la restauration en entreprise.

À l’horizon 2023, notre objectif est de consolider nos acquis sur le marché. Il faut rester raisonnable compte tenu de certains paramètres, notamment la hausse du coût de l’énergie. Nous jugerons des opportunités d’aller dans d’autres pays européens par la suite.

*Edgar Morin, " La tête bien faite. Repenser la réforme, Réformer la pensée ", éditions Seuil


Chiffres clés 2021 de Foodles

Levée de fonds de 31 millions d’euros, +110% de croissance, +80 recrutements
Nombre de collaborateurs : 250 salariés
Pays : France, Belgique et Londres

Lu 9019 fois Dernière modification le jeudi, 15 septembre 2022 07:41
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.