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Julien Vandeleene, CEO de BePark : l’innovation au service de la mobilité

Julien Vandeleene, CEO de BePark : l’innovation au service de la mobilité

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Julien Vandeleene a toujours voulu créer une entreprise. Il a donc choisi de faire des études en sciences économiques, non seulement pour le côté pluridisciplinaire de ces études, mais également pour l’aspect managérial. Il commence donc ses études, en Belgique, en 2004 à Saint-Louis et les termine par un master à l’UCL à Louvain-La-Neuve en 2009. Il participe à un programme Erasmus au Canada et lors d’un voyage à Boston, il découvre le concept du « parksharing », c’est-à-dire la rentabilisation de places de parking de particuliers à particuliers.

De ce séjour, il lui vient l’idée d’une part, d’adapter cette initiative au marché belge et d’autre part, d’imaginer une rentabilisation des places de parking de sociétés à particuliers. En 2011, il lance BePark, en ayant vécu préalablement une expérience professionnelle au sein d’une PME spécialisée dans les couvertures pour piscines en Belgique et en France (Coverseal).

Au fil des années, BePark devient plus qu’une simple solution de stationnement. En effet, à l’écoute de ses clients et de l’évolution de la mobilité, Julien Vandeleene affine son « business model » et au bout de 8 ans, il lève 3 millions d’euros auprès d’un fonds luxembourgeois. Cette levée de fonds lui permet de construire tout un panel de solutions pour rendre accessible, optimiser et gérer les parkings grâce à la digitalisation.

Tout récemment, Perial Asset Management, société immobilière à Paris, vient de s’associer à BePark afin de mettre à disposition de l’opérateur digital de parking la gestion d’une quarantaine de parkings au sein de son parc d’actifs français.

  • GPO Magazine : L’idée de lancer BePark est venu d’un voyage aux États-Unis, pouvez-vous nous en dire plus ?

Julien Vandeleene : Effectivement, l’idée m’est venue en 2008 lors d’un city trip à Boston. J’ai vu là l’émergence du concept de « park sharing » qui était dans la même lignée que l’économie collaborative.

Lors de mes cours à l’UCL, on devait faire des Business Plans et j’ai repris l’idée qui était très orientée CtoC pour la transformer vers un modèle BtoC et BtoB. La question était alors de savoir comment uniformiser l’accès de ces parkings pour ne pas avoir un nombre d’accès équivalent au nombre de parkings. On a donc travaillé sur la digitalisation du système d’accès.

  • GPO Magazine : Quelles sont les solutions BtoB et BtoC que vous proposez à vos clients ?

Julien Vandeleene : Nous allons bientôt fêter les dix ans de notre entreprise. Et aujourd’hui, contrairement à nos débuts, nous ne proposons plus de parkings de très courtes durées mais des abonnements sous diverses formes (le jour, la nuit, 24 h/24).

Pour les solutions BtoB, il faut distinguer deux typologies de nos clients, à savoir l’acteur immobilier et le corporate. Pour ces deux clients, nous avons plusieurs services : celui d’exploitation pour le propriétaire (génération de revenus sur une offre vacante) et la contrepartie pour le corporate est la réservation de parkings à proximité de son siège social ou du domicile de ses collaborateurs.

Julien VANDELEENEAu bout de 8 ans, nous avons développé une expertise dans l’exploitation car on a une remontée de nouveaux besoins de ces propriétaires et de leurs locataires qui sont dans la majorité des entreprises.

Aujourd’hui, pour ces deux mêmes cibles, le propriétaire et le corporate, en plus du service d’exploitation (génération de revenus ou mise à disposition de places), on a un logiciel mis à leur disposition pour simplifier la gestion et les accès aux parkings.

Avec le Covid et notamment, la mise en place du télétravail, la notion de « crédit mobilité » et de flex office est en train de s’installer dans les entreprises et la digitalisation des accès rencontre de plus en plus un grand intérêt.

Pour les particuliers, nous avons eu une augmentation de la demande car les gens étaient confinés et voulaient que leur voiture soit en sécurité près de chez eux, à défaut d’être dans le parking de leur entreprise. L’avantage de notre modèle est d’être résilient ce qui nous permet d’être agile et de suivre l’évolution de notre secteur et des besoins assez rapidement.

  • GPO Magazine : Dans ce secteur assez concurrentiel, comment comptez-vous innover afin de rester compétitif ? Un engagement RSE proactif ?

Julien Vandeleene : Concernant BePark, la condition pour rester compétitif est de rester à l’écoute de nos clients et de nos partenaires, de suivre leurs besoins et l’évolution du marché pour continuer à proposer des solutions qui offrent une vraie alternative à leurs problématiques de gestion de parking et de mobilité.

À titre d’exemple, avec le confinement, il y a eu une vraie explosion des demandes de vélos : on a donc créé des parkings vélos pour en faciliter l’utilisation, le stockage et la sécurité et ainsi accompagner les utilisateurs dans leur transition. Depuis quelques années, on observe également l’effondrement des ventes du diesel en France et en Europe et la multiplication des annonces des pouvoirs publics interdisant le diesel (fin du diesel programmé en 2024 à Paris et sa petite couronne). On est donc en train d’inciter nos propriétaires à créer des bornes de recharge lesquelles pourront être utilisées par le locataire, et donc par nos clients grâce à la mutualisation de celle-ci.

Il convient de continuer d’améliorer nos produits, mais également les solutions logicielles. Est-ce qu’il s’agit d’un engagement RSE ? Sur un plan marketing, nous n’allons pas donner cette image de nous. Mais à l’évidence, nous faisons du RSE lorsque nous mutualisons des places de parking et partageons des ressources existantes (sorte d’économie circulaire). En outre, on réduit la recherche de parking (réduction du trafic, de la pollution, de l’impact sonore).

Au niveau de solutions locales pour tous les acteurs économiques, notre modèle permet d’offrir de vraies solutions pour les villes (réaménagement de l’espace public en supprimant des places de stationnement sur la voirie).

Enfin, au niveau des entreprises, le parking bien géré devient un incitant au plan de déplacement.

  • Quelles sont les clés de la réussite pour une croissance à l’international ?

Julien Vandeleene : Nous avons un plan de croissance qui est ambitieux, globalement de 30 à 35 % annuel. Avant la crise du Covid, nous maintenions cet objectif et avec cette crise sanitaire, nous allons faire entre 20 et 25 % de croissance.

Pour nous, ce sont des années noires, mais je mesure mes propos, car certaines entreprises ont eu des croissances négatives, ou pire encore ont été amenées à déposer le bilan. En ce qui concerne BePark, nous avons levé des fonds et notre plan a clairement été ralenti avec des facteurs que nous ne maîtrisons pas (confinement et reconfinement).

Aujourd’hui, notre stratégie est de consolider nos acquis sur un plan interne et de continuer à croître à l’international sur de nouveaux marchés avec notre double proposition de valeurs. Le levier de croissance va être différent car le logiciel n’a pas de frontière en Europe là où l’exploitation est ciblée marché par marché.

Avant de nous installer, il convient de prendre en considération un certain nombre de facteurs qui sont les clés du succès d’une croissance à l’international, notamment la densité et la politique de mobilité de la ville, une certaine maturité pour les solutions digitales.

  • GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de BePark dans quelques années ?

Julien Vandeleene : Le monde du parking a changé et poursuivra son évolution. BePark se situe dans la droite ligne de cette « révolution » et notre objectif est de s’adapter à ces transformations et d’aider les gens à mieux se déplacer et à gérer leur temps.

Il y a ainsi deux volets importants : le multimodal (le parking ne sera plus seulement utilisé pour garer sa voiture mais il y aura un ensemble de services, de biens ou de personnes comme les points de collecte pour la livraison, les parking vélos, trottinettes, bornes de recharge, la mobilité partagée, la logistique urbaine, …) et le digital (en termes d’accessibilité, de Data, d’utilisation de la ressource et de la technologie).


Chiffres clés en 2020
  • Chiffre d'affaires 2020 : 7 265 000 d’euros
  • Croissance : 20 %
  • Collaborateurs : 54
  • Nombre de parking en France : 90 parkings > 2600 places
  • Nombre de parking en Belgique : 340 parkings > 10400 places
  • Nombre de parking au Luxembourg : 12 parkings > 700 places
  • Total : 442 parkings > 13700 places
Lu 7212 fois Dernière modification le mardi, 14 septembre 2021 09:10
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.