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La RSE, un investissement qui rapporte

La RSE, un investissement qui rapporte

RSE Écrit par  vendredi, 12 mai 2023 12:57 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et la transition environnementale sont des enjeux de plus en plus importants pour les entreprises. Mais comment et pourquoi en faire un atout stratégique pour son entreprise ? Voici quelques éléments de réponse.

En premier lieu, il convient de rappeler que le lien entre performance économique et amélioration des conditions de travail n’est pas nouveau. Dans les années 30, Henry Ford révolutionne l’industrie avec le Welfare Capitalism, le « capitalisme du bien-être ». Il réduit le temps de travail, augmente les salaires, offre des jours de congé. Pour le grand industriel américain, c’était tout simplement « l’un des meilleurs moyens de réduction des coûts mis en place », comme il l’écrit dans ses mémoires. Sa stratégie permet de réduire l’absentéisme, le « turn-over » et d’augmenter la productivité dans ses usines automobiles.

De la stratégie RSE bien avant l’heure, sans encore le volet environnemental bien entendu, mettant en lumière le lien entre performance financière et préoccupations sociales. Raison de plus pour ne pas hésiter à mettre en place une stratégie RSE, même si encore bien des dirigeants, notamment de PME, y voient au premier abord des contraintes supplémentaires.

Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises font déjà de la RSE

Premier point, mettre en place une stratégie RSE ne doit pas faire peur aux dirigeants, notamment de PME, qui pourraient y voir des contraintes supplémentaires.

« En réalité, beaucoup d’entreprises pratiquent la RSE naturellement, par exemple en travaillant sur les conditions de travail, en triant les déchets, ou autres initiatives entrant dans le cadre de la RSE », souligne Jean-Christophe Braun, associé et directeur de la Région Île-de-France d’In Extenso Innovation Croissance.

Cette filiale de conseil du groupe d’expertise-comptable intervient auprès des entreprises sur des problématiques d’innovation et de développement durable. « L’innovation est une solution pour mettre en place des solutions de décarbonation des activités de l’entreprise et d’amélioration de la trajectoire carbone, par exemple », ajoute-t-il.

Jean Christophe Braun

Une logique à moyen et long terme qui permet d’assurer la compétitivité future de l’entreprise. « En matière environnementale, l’anticipation est primordiale, et l’entreprise qui agit bien avant l’apparition de nouvelles problématiques sera avantagée par rapport à celle qui se retrouve au pied du mur avec la seule solution de devoir payer le prix fort », analyse Jean-Christophe Braun.

Les exemples sont légion, à l’image de l’envolée actuelle du prix des énergies fossiles ou encore de la forte augmentation de la taxe carbone dans les années à venir. D’autant que la pression réglementaire ira en se renforçant face à l’urgence de la problématique. In Extenso Innovation Croissance travaille d’ailleurs aussi avec les institutionnels, comme l’Ademe, autour de certaines évolutions réglementaires environnementales.

La stratégie RSE fait déjà partie des facteurs de compétitivité d’une entreprise. Par exemple, les clauses RSE dans les marchés publics se renforcent, les donneurs d’ordres comme les consommateurs y sont de plus en plus sensibles. C’est également le cas des futurs collaborateurs de l’entreprise à la recherche de davantage de sens dans leur travail.

« Finalement, quand on fait de la RSE, on fait forcément de la stratégie et il est possible de le faire à différents degrés de précision en fonction de la taille de l’entreprise, de ses activités et de sa maturité sur le sujet. Mais il est important que toutes les entreprises, y compris les PME et TPE, réfléchissent et avancent sur les enjeux d’une stratégie RSE si elles veulent continuer à préserver leur compétitivité et leur performance économique », conclut-il.

Transition RSE et environnementale, une stratégie gagnante

Les thématiques sociales et environnementales, autrefois considérées comme périphériques, sont donc désormais au coeur de la stratégie des entreprises. La transition RSE et environnementale peut ainsi être un véritable atout stratégique pour les entreprises qui décident de s'engager dans cette voie.

« L’adéquation entre l’épanouissement de l’écosystème et la performance économique est une réalité », confirme Antoine Compin, directeur général de Manutan France, filiale française de ce groupe familial distributeur de matériel et de fournitures auprès d’entreprises et de collectivités dans toute l’Europe.

Manutan a développé une véritable stratégie RSE à tous les niveaux. Exemple avec l’offre produits, co-construite avec les fournisseurs, qui évolue pour répondre aux besoins d’entreprises toujours plus nombreuses à aspirer à des achats responsables. « Nous proposons une approche par impacts de nos produits sous cinq critères : la préservation des ressources, la réduction des déchets, l’empreinte carbone, la santé et le bien-être des utilisateurs, l’inclusion sociale ».

Pour leur propre stratégie RSE, les entreprises clientes ont besoin de mesurer les impacts de leurs achats et de se voir proposer des solutions pour les réduire. « Nous leur donnons la possibilité d’acheter mieux sans forcément acheter moins », poursuit Antoine Compin.

Pour cela, Manutan a aussi élargi le champ des possibles avec des solutions autour des produits à durée de vie prolongée ou d’occasion, voire même la collecte de matériel informatique et bientôt de bureaux inutilisés en vue de les reconditionner. Tout cela permet à cette ETI française de s’imposer sur un marché très concurrentiel, notamment dans le cadre d’appels d’offres auprès de grandes entreprises.
Antoine Compin

« Historiquement, le prix était le premier critère dans ces appels d’offres, désormais les notes les plus fortes portent sur les critères RSE », analyse-t-il.

La stratégie RSE autour de l’offre de Manutan permet à l’entreprise de remporter des marchés et participe évidemment à sa performance économique. Plus généralement, la RSE étant inscrite dans l’ADN de ce groupe qui s’est donné pour mission « d’entreprendre pour un monde meilleur », sa marque employeur en bénéficie aussi. Ses 2 200 collaborateurs s’y sentent bien et le recrutement des meilleurs talents s’en trouve facilité.

« Pouvoir recruter les meilleurs, c’est aussi une nécessité en termes de performance économique », conclut Antoine Compin, soulignant le cercle vertueux qu’une stratégie RSE permet d’instaurer tant sur le plan environnemental que social.

Les bonnes actions en matière de RSE finissent toujours par être récompensées. Par exemple, les entreprises qui se sont déjà lancées dans la décarbonation de leurs approvisionnements énergétiques, pour des raisons environnementales, s’en félicitent doublement depuis l’envolée des coûts de l’énergie. Les concurrents moins prévoyants devront encaisser la note et voir s’alourdir leurs coûts de production.

Dans un marché économique toujours plus concurrentiel, les bons élèves de la RSE figurent ainsi en haut du tableau. Exemple concret avec deux usines de production de Michelin et d'Accuride Wheels, dans l'Aube, qui se sont raccordées au nouvel incinérateur Valaubia, géré par Veolia, produisant de la chaleur et de l'électricité tout en éliminant les déchets des ménages de l'agglomération troyenne.

Au départ, l'objectif des industriels était d'améliorer leur bilan carbone, ce qui est le cas. Le bénéfice se révèle également financier à l'arrivée, avec cette chaleur, qui, générée par l’incinérateur, n'a pas subi les effets de l'envolée des prix des énergies fossiles.

Cinq bonnes raisons d’investir dans la RSE

  • Un levier pour améliorer l'image de l'entreprise
    La RSE peut être un outil puissant pour améliorer l'image de marque de l'entreprise. Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de l'impact environnemental et social des entreprises, et une entreprise qui prouve son engagement en matière de RSE peut gagner la confiance et la loyauté de ses clients. En outre, la RSE peut attirer les talents les plus performants qui recherchent des entreprises qui partagent leurs valeurs. 

  • Un levier pour réduire les coûts
    La RSE peut également aider à réduire les coûts de l'entreprise. Par exemple, en réduisant la consommation d'énergie ou en mettant en place des pratiques durables pour les matières premières, les entreprises peuvent réduire leur facture énergétique et optimiser leurs processus de production. La RSE peut également contribuer à réduire les coûts liés aux accidents de travail et aux problèmes de santé des employés. 
  • Un levier pour se conformer aux réglementations
    La RSE peut aider les entreprises à se conformer aux réglementations en matière d'environnement et de travail. Les gouvernements imposent des réglementations strictes pour réduire l'impact environnemental des entreprises et améliorer les conditions de travail des employés. Les entreprises qui ne respectent pas ces réglementations peuvent être sanctionnées financièrement et avoir une mauvaise réputation. En revanche, les entreprises qui s'engagent activement à respecter les réglementations peuvent être considérées comme des partenaires fiables et responsables par les gouvernements, les clients et les investisseurs.

  • Un levier pour stimuler l'innovation
    La RSE peut également être un moteur d'innovation. Les entreprises qui cherchent à améliorer leur performance environnementale et sociale sont souvent poussées à innover et à trouver de nouvelles solutions durables. Cela peut se traduire par la création de nouveaux produits ou services, l'adoption de technologies plus efficaces ou encore l'utilisation de matériaux plus durables.

  • Un levier pour augmenter la compétitivité
    Enfin, la RSE peut augmenter la compétitivité de l'entreprise. Les entreprises qui intègrent des considérations environnementales et sociales dans leur stratégie peuvent se démarquer de la concurrence. Les consommateurs, les investisseurs et les partenaires commerciaux sont souvent attirés par des entreprises qui ont des pratiques responsables et durables.
Lu 1281 fois Dernière modification le mercredi, 17 mai 2023 07:45
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.