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La fin des trajets pour aller au bureau ?

RSE Écrit par  mercredi, 16 juin 2010 00:00 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Pourquoi devrions-nous aller au bureau tous les jours ? Au cours du XXème siècle, cette question aurait semblé absurde. Nous prenions les transports pour aller travailler dans des usines ou des bureaux et il était du devoir de chaque employé de se déplacer de son domicile à son travail pour y commencer sa journée à 8 ou 9 heures du matin.



Aujourd'hui, les usines ont moins besoin de ressources humaines et la plupart des emplois dans le secteur des services peuvent être effectués à distance. Le travail flexible n'est pas le rêve de certains futurologues. C'est une réalité. Comme tout chef d'entreprise visionnaire le sait, l'enjeu n'est plus d'amener des personnes talentueuses à un travail, mais d'amener le travail aux personnes talentueuses qui peuvent l’accomplir de là où elles se trouvent. Dans ce cas, pourquoi devrions-nous continuer à nous déplacer pour aller travailler ?

Les trajets effectués pour se rendre au travail n’ont jamais été un plaisir - jusqu’à en devenir pénible - et ont toujours été considérés comme une perte de temps. Aujourd'hui, ces déplacements sont encore moins défendables pour une raison essentielle : ils sont clairement néfastes pour l'environnement. Il n'est pas nécessaire de disposer d'une carte de membre de Greenpeace pour trouver insupportable ces kilomètres de voitures fumantes ou de se sentir écœuré à la vue de ces nuages de pollution qui stagnent au dessus de certaines grandes villes comme Los Angeles.

Pourtant, dans les plus grandes villes du monde, voyager pour se rendre au travail est une réalité quotidienne, avec les trafics difficiles et embouteillages inévitables aux heures de pointe le matin et le soir, que cela soit en train ou en voiture. A Londres par exemple, bien que le cœur de la ville ait largement profité de la mise en place d'un péage urbain et du développement des espaces piétonniers ou des pistes cyclables, il est difficile de constater une diminution significative du nombre de déplacements au quotidien.


Ce n'est pas non plus du côté des Etats-Unis qu'il faut chercher un exemple à suivre. En dépit de la sensibilisation mondiale croissante vis-à-vis de l'environnement, les américains restent très profondément attachés à l'automobile. Un très grand nombre d'entre eux utilisent leur voiture non seulement pour aller au travail, mais également pour se rendre à leur salle de sport - ce qui est assez étonnant puisque la plupart des personnes qui se soucient de leur santé, se soucient également des enjeux écologiques. Qu'est-il donc arrivé au vélo aux Etats-Unis ? Même en tenant compte des distances parcourues habituellement par les américains, il est à regretter que seulement 1 % des trajets sont effectués en vélo. En comparaison, ce chiffre est de 10 % en Allemagne, 18 % au Danemark ou encore 27 % aux Pays-Bas. En Europe, nous sommes de plus en plus nombreux à délaisser la voiture au profit du train ou du vélo.

La grande question est de savoir s'il est possible pour chacun, quel que soit le mode de transport choisi, d'éviter le trajet jusqu'à son travail, lorsque ce trajet n'a plus de justification objective. A cet égard, il y a un ou deux signes encourageants. Dans la ville japonaise d'Osaka par exemple, les trajets en train ont commencé à décliner dans les années 90, et ce déclin s'est fortement accentué au début du XXIème siècle. Dans d'autres villes du monde, le développement de la flexibilité au travail a au moins eu l'effet de lisser les heures de pointe. Au lieu d'une heure d'embouteillage le matin et le soir, la congestion s’étale sur une plus longue période.

Mais ne nous voilons pas la face. Tout cela ne sont que des gouttes d'eau dans l'océan. Les pics de pollution sont peut-être moins élevés qu'auparavant, mais il n’y a que très peu d'indices tangibles qui puissent confirmer une réduction globale des déplacements quotidiens. Partout dans le monde, les personnes qui travaillent sont prises au piège de la routine de leurs trajets qui ne sont plus nécessaires. Mais remettre en cause cette habitude futile et destructrice n'est pas seulement une question d'écologie. C'est aussi une question de logique économique. Il y a quelques mois, ma société Regus a commandé une étude portant sur plus de 11 000 entreprises. Elle a révélé que près d'un cinquième des personnes interrogées envisageaient de quitter leur emploi en raison du temps de leurs déplacements quotidiens. En Inde, ce chiffre est de un sur quatre, et en Chine ou en Afrique du Sud il atteint même les 30 %. Lorsque le trajet domicile-travail prend plus d'une heure, l'insatisfaction est croissante : cette étude montre que dans le monde, 39 % des personnes interrogées ayant de longs trajets à faire ont déjà sérieusement envisagé de quitter leur emploi au cours des deux dernières années. Fait intéressant : nombre de ces personnes ont également souligné combien elles appréciaient leur travail. Quel paradoxe de voir tant de personnes prêtes à quitter le travail qu'elles apprécient en raison de leurs déplacements quotidiens qui - dans bien des cas - pourraient être évités !

Les trajets entre le domicile et le lieu de travail doivent être abandonnés. Ils sont néfastes pour les affaires et néfastes pour la planète. Il faut pour cela que les chefs d'entreprises fassent preuve d'initiative, que l'Etat fasse preuve de volontarisme et que chacun fasse preuve d'imagination. Dans une dizaine d'années, lorsque nous regarderons d'anciens films avec des scènes d'embouteillages, nous nous dirons : « Mais ils étaient fous à l'époque ! ».

 

Par Mark DIXON, PDG de Regus

Lu 4020 fois Dernière modification le vendredi, 28 août 2015 11:03
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