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Il n’y a pas de femmes chefs d’entreprise, il n’y a que des chefs d’entreprise

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Parler des femmes chefs d’entreprise en France, c’est souvent partir d’un constat plutôt alarmant. Alors que les femmes représentent près de la moitié de la population active (48%), elles n’occupent que 14% des postes de direction. Pire, selon la même étude de KPMG en 2015, une dirigeante sur dix considère qu’être une femme a été un obstacle pour sa carrière. Ce n’est ni mon expérience ni mon point de vue sur la question.

L’entrepreneuriat n’est pas « genré »
Avant de fonder une entreprise de Conciergerie de Luxe en 2007, j’ai eu la chance d’évoluer pendant plus de dix ans au sein d’un grand cabinet de conseil. Un environnement formateur, parfois dur, très exigeant, mais où le travail et l’implication sont les seuls vecteurs de votre réussite. Etre une femme dans ce contexte n’a jamais été un inconvénient, un obstacle… ni même un avantage.

Il en va de même lorsque l’on se lance dans l’entrepreneuriat et que l’on décide de créer sa propre entreprise. Le banquier, les investisseurs qui vous suivent le font parce qu’ils croient en vous, en votre projet, en votre capacité à transformer une idée en entreprise. Idem pour les salariés qui décident de vous suivre dans l’aventure. Une entreprise, c’est avant tout un projet et des individus, hommes ou femmes, peu importe.

Chef d’entreprise : une course d’obstacles
Face aux challenges auxquels le chef d’entreprise est en permanence confronté, le fait d’être une femme ou un homme n’a que peu d’importance. Les qualités premières qui lui sont demandées sont de deux natures principales : une forte capacité de travail et une grande aptitude à se transformer en homme-orchestre, en véritable « couteau suisse ». Le chef d’entreprise doit être capable de se réinventer à mesure que son entreprise évolue, se transforme, engendre de nouveaux besoins pour se développer.
A la création de l’entreprise, le nouvel entrepreneur doit savoir convaincre les investisseurs, son banquier, être un bon commercial mais aussi savoir communiquer, être un recruteur éclairé. Et la liste n’est pas exhaustive. Si la réussite est au rendez-vous, le chef d’entreprise doit alors se muer en bon gestionnaire, mettre en place une organisation adaptée, des processus efficaces, tout en veillant à rester fidèle aux valeurs qui ont fait le succès initial de l’entreprise.

La solitude du chef d’entreprise
Tous les chefs d’entreprise le savent, même s’ils ne l’avouent qu’à demi-mot. La solitude est la difficulté majeure à laquelle ils font face. Un phénomène encore plus fort pour les jeunes entreprises et celles de petite taille. La charge de travail est colossale, les responsabilités souvent énormes avec peu de conseillers avisés pour s’assurer de faire les bons choix aux bons moments et la vie personnelle mise entre parenthèse. Nous sommes une grande majorité à avoir oublié, le temps des premières années, la signification du mot vacances.
Mais, le plus difficile est sans doute de ne pas pouvoir prendre le recul nécessaire à la bonne conduite d’une entreprise, solliciter le conseil de personnes à la fois bienveillantes mais non complaisantes, de collaborateurs pouvant aider à la pérennisation, au développement de l’aventure. Investir, recruter, licencier, vendre… être chef d’entreprise peut se transformer parfois en véritable chemin de croix pour celles et ceux qui n’y sont pas préparés.

Une aventure humaine
Pour autant, être chef d’entreprise c’est le plus souvent participer à une belle aventure humaine. Belle par son ampleur, belle par sa destination, belle par sa part de liberté acquise et l’épanouissement procuré. Si nombre de chefs d’entreprise croulent sous le travail et les responsabilités, la plupart comprennent très rapidement que la réussite passe par le respect de trois règles d’or : savoir s’entourer et déléguer, savoir prendre du recul et garder son regard tourné vers l’horizon, savoir passer la main pour grandir plus encore. Une dernière règle qui, il est vrai, est difficile à accepter pour ceux qui ont créé leur structure, qui la considèrent comme leur « bébé ». Difficile d’admettre que les qualités pour créer et développer une entreprise sont différentes de celles nécessaires pour la pérenniser et la faire croître.

Une main invisible au service de l’économie
Pour terminer, rappelons aussi qu’être chef d’entreprise, est une aventure au service de la création de valeur et de l’emploi pour un territoire, une région et pour son pays. C’est offrir en partage un projet de vie à des femmes et des hommes qui vont devenir l’âme de l’entreprise. Etre chef d’entreprise, cela n’est ni une question de genre ni de hasard, c’est le choix exigeant de l’ambition. Celle qui nous pousse à construire l’avenir, à aller de l’avant. Etre chef d’entreprise, n’ayons pas peur des mots, cela devient une fierté à mesure que l’entreprise devient une personne morale autonome et pérenne.

Par Laurence Rimbeuf, présidente de TAO Services

Lu 1735 fois Dernière modification le mercredi, 31 août 2016 13:03
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