Xavier Rodriguez a exploré tous les terrains professionnels : métiers de l’édition, de la restauration, du spectacle, du BTP…

C’est ainsi qu’il a monté sa première société spécialisée dans la communication et l’édition d’ouvrages institutionnels (il sera l’un des premiers à proposer aux métropoles de France des formats de magazines gratuits axés sur la culture citadine). Puis, en 2002, il change de paysage et crée un concept inédit de Café/Brocante/Concert.

En 2004, il a besoin de nouveaux défis et de nouvelles perspectives et décide de rejoindre une entreprise de travaux sur cordes. Il se forme au métier et acquiert un CQP 2 Cordiste. Il se passionne pour les travaux sur cordes et devient d’abord Chef de chantier de 2004 à 2010. Montage, métal, hauteur, un cocktail de compétences qui l’amènera à son premier grand chantier sur la tour Eiffel, avec la mission d’installer des cordons chauffants entre le 2ème et le 3ème étage. Xavier ne va cesser de grimper. En 2010, il est nommé Chargé d’affaires, durant 2 ans, des travaux d’accès difficiles avec pour objectif de monter et de structurer un véritable service commercial.

En 2013, l’ascension se poursuit : il prend en plus de ce poste les responsabilités de Directeur d’exploitation, puis de Directeur commercial et technique de Jarnias travaux spéciaux.

Enfin, il devient Directeur général et Président Directeur Général du Groupe Jarnias.

GPO Magazine : Comment l’aventure du groupe Jarnias et la vôtre ont-t-elles commencé ?

Xavier Rodriguez : En 1993, 40 guides de haute montagne suivent Jean-Paul Jarnias et partent à l’assaut de la tour Eiffel, pour l’habiller d’une bâche monumentale de 4 500 m2 représentant la Fusée Ariane 5. Il s’agissait d’un chantier incroyable. Cela fait partie de notre ADN de relever des défis hors normes. C’est le sang qui coule dans nos veines. Fort de la réussite de cet événement, l’entreprise Jarnias voit le jour et l’aventure se poursuit.

Par la suite, je suis intervenu en qualité de technicien cordiste sur un grand projet concernant la tour Eiffel. J’ai passé beaucoup de temps entre le 2ème étage et le sommet et cela m’a plu d’être là-haut. À partir de ce moment-là, je n’ai plus quitté le monument et l’entreprise.

À cette époque, Jarnias était une belle entreprise, avec quelques clients seulement, centrée sur quelques opérations clés. Et je me suis dit que c’était dommage que cette entreprise ne soit cantonnée qu’à certains domaines. On a alors fait circuler notre savoir-faire et organisé plus d’opérations hors normes, jusqu’à devenir aujourd’hui la référence française des travaux en hauteur.

Des chantiers tout aussi mémorables qu’impressionnants ont suivi : le sauvetage de la cathédrale de Congo-Brazzaville, alors en pleine guerre civile, le scintillement de la tour Eiffel ornée de 20 000 ampoules pour le passage à l’an 2000… et ces dernières années, l’intervention de nos compagnons après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus de Jarnias, mais avant tout du Groupe Jarnias. Un groupe qui a pour mission de rassembler les entreprises pionnières dans le domaine des travaux en hauteur et d'accès difficiles, de la protection/sécurisation et de la formation.

GPO Magazine : Pouvez-vous nous parler des différents métiers du groupe Jarnias ?

Xavier Rodriguez : Le groupe Jarnias est un expert de la hauteur et des accès difficiles. Notre spectre d’intervention est très large. J’ai toujours eu cette volonté d’aller plus loin, d’apprendre et de créer de nouveaux terrains de jeu. Nous intervenons dans tous les domaines tels que les ouvrages d’art (restauration), les monuments historiques, l’événementiel et le cinéma. Mais également en haute montagne (installation de filets afin d’éviter des chutes de roches), dans des stations de ski.

En outre, nous intervenons sur l’énergie (nucléaire, hydraulique, thermique, éolienne…), dans l’industrie telle que la pétrochimie, la cimenterie, la sidérurgie, l’agroalimentaire…, l’assemblage et l’installation d’éoliennes.

En fait, nous ne nous interdisons rien et nous recherchons à chaque fois une solution dans tous les univers (zone Atex (atmosphère explosive), sites Seveso (chimique-pétrochimique), milieux confinés (souterrains…)).

Enfin, nous pouvons être amenés à aller à l’international : par exemple, dans la jungle brésilienne pendant 6 mois pour un jeu de téléréalité et installer des parcours en hauteur, en Guyane (fusée Ariane) ou pour mettre en place d’immenses bâches à Amsterdam pour une artiste.

GPO Magazine : Quelles sont les valeurs d’entreprise qui animent votre groupe ?

Xavier Rodriguez : Nous avons l’habitude de dire que rien n’est impossible et nous mettons tout en œuvre pour trouver une solution.

La recherche de la performance est l’une de nos valeurs clés et il faut essayer d’être en compétition avec soi-même pour être à chaque fois plus performant. Lorsque nous sommes sur des projets hors normes, on est forcément dans une logique d’apprentissage. Et on essaye de s’améliorer à chaque fois.

La solidarité est également l’une de nos valeurs : dans nos équipes, je dis souvent que le problème des uns est celui de tout le monde. Mais nous ne nous arrêtons pas à la porte de l’entreprise car nous pouvons être amenés à accompagner nos équipes dans leur changement de vie (trouver un logement), dans les difficultés qu’ils peuvent avoir au quotidien.

La richesse que l’on crée c’est parce que l’on est tous ensemble. Il y a deux catégories de personnes chez nous : ceux qui sont sur les chantiers et ceux qui sont au service des équipes sur le chantier.

Notre maîtrise des risques, grâce à notre persévérance et notre capacité à trouver des solutions inventives, nous permettent de relever tous les défis et de travailler sur les plus prestigieux chantiers : Cathédrale Notre-Dame, Tour Eiffel, Louvre, Château de Versailles, Grand Palais, Panthéon…auprès des grands acteurs du bâtiment (Bouygues Construction, Eiffage, Vinci, …).

GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir du groupe Jarnias dans quelques années ?

Xavier Rodriguez : Notre ambition est d’être la locomotive des entreprises des métiers des travaux en hauteur car nous sommes la référence française. C’est un métier jeune qui se structure et qui a encore besoin de se structurer que ce soit par la formation, la certification, avec les pouvoirs publics et les différentes parties prenantes. Il faut essayer d’être exemplaire sur les sujets qui représentent nos métiers.

L’enjeu est aussi celui de rechercher des débouchés pour nos collaborateurs. Les grands enjeux de demain pour nous c’est de devenir leader européen après être devenu leader technique français.

Il ne s’agit pas d’être dans une logique de mégalomanie afin d’être les plus gros et les plus forts, mais l’objectif est d’aller chercher de nouveaux terrains de jeu.

Nous aspirons à faire de la croissance afin que l’avenir de nos équipes soit assuré dans l’entreprise. Tout est possible chez nous : on peut commencer comme technicien et devenir directeur général, conducteur de travaux, chargé de travaux, directeur de filiale. Je suis d’ailleurs l’exemple parfait (mais je ne suis pas le seul) que l’on peut évoluer dans une entreprise en ayant commencé comme technicien.

Mais les grands enjeux de demain c’est aussi de répondre au défi de la planète de demain. Cela n’a pas de sens de continuer à déplacer des hommes avec du matériel en avion, et nous préférons nous déplacer sur les territoires pour nous y implanter et créer de la richesse grâce à notre formation (formation métier pour les équipes de terrain et académie d’entreprise pour faire monter nos entreprises sur leurs sujets de prédilection).