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Daniel Anghelone, Directeur général du Groupe Bontaz : un dirigeant engagé et actif « durable »

Daniel Anghelone, Directeur général du Groupe Bontaz : un dirigeant engagé et actif « durable »

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Issu d’une famille d’ouvriers, Daniel Anghelone est né et a grandi en Haute-Savoie, dans la Vallée de l’Arve, capitale mondiale du décolletage. Expert-comptable de formation, il a naturellement débuté sa carrière professionnelle en cabinet d’expertise comptable. Rapidement, il s’est orienté vers le monde de l’entreprise, secteur finalement beaucoup plus attractif à ses yeux.

Après diverses expériences en contrôle de gestion et en direction financière, il a rejoint l’entreprise familiale Bontaz, en 1997, lorsqu’elle débutait son expansion internationale, au poste de directeur financier.

Après plus de 20 ans au contact d’Yves Bontaz, fondateur de l’entreprise, il a appris et compris que tout ce que lui avait enseigné pendant ses études lui serait grandement … inutile ! L’audace, le goût du risque, le challenge, la simplicité, le refus de se prendre au sérieux, la relation humaine, l’engagement, voilà les valeurs qui caractérisaient Yves Bontaz et qui caractérise toujours l’entreprise. Elles ont modelé sa vision de l’entreprise et son rôle.

Daniel Anghelone occupe, depuis 10 ans, le poste de directeur général du groupe. Sa mission pour les 10 prochaines années est de faire en sorte de transformer l’entreprise pour qu’elle contribue à la nécessaire transition écologique de notre planète.

GPO Magazine : Pouvez-vous nous présenter le groupe Bontaz ?

Daniel Anghelone : Bontaz est un équipementier automobile de rang un (travail en direct avec les constructeurs automobiles français et internationaux). C’est une entreprise familiale savoyarde située dans la vallée de l’Arve (à Marnaz) fondée en 1965.

À l’origine, Bontaz est une entreprise de décolletage qui démarre par la fabrication en série de pièces industrielles pour des entreprises locales. Son fondateur, aidé par son fils Christophe qui a rejoint rapidement l’entreprise après ses études, développent ensuite l’entreprise en allant voir les donneurs d’ordre et en décrochant des marchés dans l’automobile, notamment chez Peugeot.

Puis, dans les années 1990, l’entreprise se concentre sur la production de systèmes de freinage et de sous-ensembles moteurs, principalement pour les marques européennes. C’est l’époque de la création d’un premier bureau d’études en Haute-Savoie. Bontaz devient ainsi un véritable partenaire des constructeurs automobiles.

Survient, ensuite, l’explosion du moteur diesel en Europe et la nécessité également d’avoir des moteurs qui consomment et chauffent moins, la nécessité de refroidir les pistons. À cette époque, la direction a eu l’intelligence et la vision de mettre rapidement un site d’assemblage à l’étranger pour des raisons de coût mais surtout pour des questions stratégiques car c’était la montée en puissance des services achat qui incitaient les équipementiers automobiles à partir sur des sites Low Cost (accompagnement des constructeurs européens partout dans le monde en Chine, au Brésil, aux États-Unis).

En même temps, les moteurs diesel prenaient de plus en plus de part de marché et il y avait une rationalisation chez les constructeurs automobiles de faire moins de moteurs.

GPO Magazine : Comment passe-t-on d’une petite entreprise à une ETI reconnue de 4000 collaborateurs sur 24 sites dans le monde ?

Daniel Anghelone : Progressivement, Bontaz est devenu un équipementier de rang un et le chiffre d’affaires a augmenté considérablement. En 1995, on faisait 20 millions de chiffre d’affaires et en 2018, 300 millions du fait de la hausse des volumes et de la complexité des produits. Nous nous sommes lancés dans des métiers différents, nous avons accompagné nos clients sur un plan technique et nous avons eu l’ensemble de tous les business pendant une longue période jusqu’à devenir leader mondial partout dans le monde, avec un peu de concurrence en Chine et en Inde.

Actuellement, le groupe Bontaz est présent sur tous les continents et nous travaillons quasiment avec tous les constructeurs à travers le monde, hormis avec le Japon car il s’agit-là d’un marché assez fermé.

Nous avons eu cette image jusqu’en 2017/2018. Cependant, les choses se sont mises à changer à la suite de la fin du développement des moteurs thermiques dans le monde, mis à part au Japon et en Corée. Les moteurs électriques sont devenus omniprésents dans le monde, ce qui supposait des changements.

Avec Christophe Bontaz, dorénavant Président du Groupe, et avec l’accord des autres actionnaires familiaux du groupe, nous avons donc pris une sorte de virage, en 2018/2019, avec une ouverture au monde de la mobilité douce, de la pile à combustible et de la voiture électrique.

GPO Magazine : L’année 2023 marque une nouvelle étape en matière de décarbonation dans l’histoire de votre groupe, comment entendez-vous poursuivre votre contribution en matière de transition environnementale ?

Daniel Anghelone : La transition a commencé un peu avant 2023. Nous avons eu une réflexion sur le sujet et on s’est intéressé à la mobilité douce en 2019, c’était un premier pas. Ensuite, nous avons fait un plan stratégique et un bilan carbone en 2020. Nous avons commencé à nous renseigner sur ce domaine et nous avons échangé avec des spécialistes de la question.

Je suis sidéré de constater que certains industriels soient encore dans un modèle immuable de recherche des profits à tout prix alors qu’en fait, on sait que l’on va manquer d’énergie, de matières premières. On va clairement vers une transformation en profondeur de l’économie et l’on va vers une décroissance du PIB. Le réchauffement climatique change complètement le modèle économique et il faut se positionner aujourd’hui sur des produits utiles qui vont dans le sens de la décarbonation.

En ce qui concerne notre groupe, il faut sortir du modèle thermique et aller dans le sens de la voiture électrique, de la mobilité douce comme les vélos électriques. Par ailleurs, nous avons tracé une trajectoire allant jusqu’en 2030 (phase de transformation avec le démarrage de nouveaux business comme un nouveau moteur vélo en 2025 et des produits pilote sur le marché de la pile à combustible, stratégie d’éco-conception de nos produits).

GPO Magazine : Finalement, est-ce que les valeurs du groupe Bontaz comme le travail, l’engagement et la réactivité de vos équipes ne sont pas vos meilleurs atouts ?

Daniel Anghelone : La prise de risques et l’audace ont toujours été la marque de fabrique de notre entreprise familiale. L’humain a également continuellement été au centre des préoccupations de Bontaz : nous avons toujours eu à cœur d’attirer et de fidéliser nos équipes. Nous avons, d’ailleurs, des collaborateurs qui sont chez nous depuis longtemps et qui connaissent bien l’entreprise.

On est plutôt bienveillant avec nos salariés et nous n’avons pas un management autoritaire. Je n’impose pas mon point de vue à nos collaborateurs, je préfère avoir des discussions franches avec eux et faire partager ma passion et aussi mes objectifs pour Bontaz.

Il est impossible d’aller vers une transformation de l’entreprise si cette transformation n’est pas portée par nos collaborateurs et par ses actionnaires familiaux et son Président. Nous sommes non seulement proches de nos salariés mais également de nos clients. Nos valeurs sont également les valeurs traditionnelles de l’automobile comme l’excellence industrielle : nous avons toujours essayé d’être les meilleurs dans la mesure du possible. L’engagement et la réactivité de nos équipes sont évidemment un atout. Grâce à ces valeurs d’excellence, d’engagement et de réactivité de nos équipes, on peut tout faire.

GPO Magazine : Quels sont les différents enjeux auxquels le groupe Bontaz sera confronté dans quelques années ?

Daniel Anghelone : Lorsque l’on parle d’avenir et de stratégie dans le monde d’aujourd’hui, bien malin celui qui pourrait dire comment cela va se passer. En effet, on n’a pas encore compris la gravité et l’urgence des changements climatiques et en plus, on n’aura plus d’énergie et de matières premières. À partir de là, une fois que l’on a pris conscience de tout cela, on réalise bien que l’on ne sait pas où l’on va et en tous les cas, la période qui s’ouvre sera fondamentalement différente de celle que nous avons vécu jusque-là.

Notre groupe essaye de prévoir des scénarios, y compris des scénarios du pire (interdiction de rouler pour les voitures thermiques) ou des scénarios des changements importants comme la décarbonation totale.

Il faut se préparer à ces changements climatiques et cela suppose pour notre groupe de changer de produits, d’intégrer des compétences nouvelles, notamment en matière électronique et moins de mécanique. Il s’agit d’un enjeu de compétence pour recruter la bonne personne dans le domaine électronique et ce n’est pas évident dans la Vallée de l’Arve de trouver ces compétences-là, les bons fournisseurs et les bons partenariats. La recherche et l’innovation sont également au cœur de la stratégie du groupe Bontaz (4 centres de R&D dans le monde : Marnaz, Lanheses, Shanghaï, Détroit).

Finalement, l’enjeu pour notre groupe est de s’ouvrir sur le monde extérieur, sur de nouveaux métiers, de nouvelles compétences tout en essayant de comprendre que le monde change fortement et que cela va provoquer de gros bouleversements. À nous d’être prêts ! 

Chiffres clés 2022 du groupe BONTAZ

Chiffre d’affaires 2022 : 300 millions d'euros
Présence du groupe Bontaz sur tous les continents (Europe, Asie, Amérique, Afrique)
4000 salariés dans le monde
1500 collaborateurs sur 4 sites, tous implantés dans la vallée de l’Arve 

 

 

 

Lu 4977 fois Dernière modification le lundi, 11 septembre 2023 10:27
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.