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La formation professionnelle est-elle bien optimisée ?

La formation professionnelle est-elle bien optimisée ?

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Annoncé par François Hollande en janvier 2016 et mis en place effective en février de la même année, le plan des 500 000 formations à destination des chômeurs de longue durée ne disposant pas des qualifications adéquates au sein d’une réalité économique en pleine mutation, est intervenu au moment où les chiffres du chômage ont atteint des sommets inquiétants.

Déterminé à réussir son pari ambitieux d’inverser la courbe du chômage, François Hollande renouvelle en milieu d’année 2016 un plan de 500 000 formations supplémentaires, ce qui porte à 1 million le nombre de chômeurs pouvant bénéficier de cette mesure, qui sera étalée de février 2016 jusqu’aux élections de 2017.

En parallèle, les enjeux sociétaux qui ont récemment vu le jour ouvrent de nouvelles perspectives sur le marché de l’emploi. En effet, qu’il s’agisse de la croissance verte, à travers la loi spécifique à la transition énergétique, ou encore de la transformation numérique que les entreprises mettent en place afin de rester compétitives, ces enjeux induisent la création de nouveaux métiers nécessitant obligatoirement une formation favorisant l’insertion professionnelle compte tenu des tensions qu’il existe vis-à-vis de ces profils très recherchés.

La mission de former près d’un million de chômeurs au 31 décembre 2016 fut confiée à Pôle emploi. Comment convaincre en si peu de temps, 1 million de chômeurs, le plus souvent très éloignés de l’emploi, de retourner sur les bancs de l’école ? Pôle emploi s’est alors doté des bonnes vieilles méthodes, en réalisant de vastes opérations de phoning à destination des personnes ayant émis le souhait de se former par le passé ! L’opposition ne s’est pas fait attendre pour parler de manipulation, avec pour but de réduire artificiellement les chiffres du chômage...

Manipulation ou pas, l’idée d’investir sur la formation des acteurs de demain est un vrai challenge pouvant s’avérer gagnant sur l’avenir, compte tenu de la révolution numérique à venir, elle-même comparable à la dernière révolution industrielle. Il faudrait néanmoins que ces investissements soient étudiés en amont, c’est-à-dire que la cohérence des projets de chaque candidat soit étudiée sous forme d’entretien individuel, de bilans de compétences, contrôles des prérequis nécessaires à l’accès en formation avec une proposition de complément de formation, le cas échéant, pour répondre à ces prérequis, favoriser les secteurs d’activités ou fleurissent les offres d’emploi... Actions difficilement réalisables par les conseillers Pôle emploi ou les régions, lorsque l’on connaît leurs difficultés quotidiennes liées le plus souvent à un manque de personnel qualifié.

Bon nombre de candidats se sont vus attribués un financement, souvent onéreux sans répondre à certains prérequis ou sans projets réellement définis, c’est autant d’argent gâché, permettant d’entretenir des chiffres en trompe l’oeil puisque durant la formation, le stagiaire passe de la catégorie A à D, sortant alors de la liste tant scrutée...

Ce dispositif est évalué à 1 milliard d’euros, au premier décembre ce sont près de 740 000 chômeurs qui ont suivi une formation, un récent sondage IPSOS fait état d’une satisfaction de l’ordre de 89 % de ces stagiaires envers la formation suivie, précisant avoir développé leurs compétences ou avoir appris un nouveau métier. Or, il n’existe à ce jour aucune statistique faisant état des taux de retour à l’emploi post formation. Parmi les candidats favoris à l’élection présidentielle, tous prévoient d’investir dans la formation professionnelle, conscient que l’avenir de la France passe par la formation, et que celle-ci est indispensable pour répondre aux prochaines mutations économiques.

Si les organismes de formations poursuivent eux leur professionnalisation car il doivent répondre depuis le 1er janvier 2017, à différents critères de qualités fixés par les OPCA par décret du 30 juin 2015, il conviendra alors impérativement d’intégrer des processus de fiabilisation en amont de l’entrée en formation des candidats afin d’éviter un fiasco qui pourrait coûter très cher... Dans le cas contraire, les chômeurs pourront êtres les grands gagnants de la future transition numérique ou acteurs de la transition énergétique garantissant des emplois durables et non délocalisables ! Quand à la courbe du chômage, elle sera irrémédiablement condamnée à fléchir de manière vertigineuse et durable, vu les gisements d’emplois inédits depuis la dernière révolution industrielle, qu’offrent ces métiers émergents.

Par Hassad Mouheb, Directeur de Wedge Consulting




Lu 4104 fois Dernière modification le jeudi, 23 mars 2017 14:13
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