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Reprise économique : mieux vaut-il être trop optimiste ou trop prudent ?

Etudes Écrit par  lundi, 21 juillet 2014 16:16 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Alors qu’à mi- année, de nombreuses incertitudes subsistent sur le tour que prendra la reprise économique, Bpifrance Le Lab a étudié la capacité des chefs d’entreprise à anticiper leur activité. Que se passe-t-il dans la tête des chefs d’entreprise au moment d’élaborer leurs prévisions d’activité ? Pure rationalité ou influence de certains biais ? Dans quelle mesure leurs anticipations ont-elles un impact sur leurs décisions futures, et notamment sur celles d’investir ?

 

 

Les prévisions d’activité des chefs d’entreprise sont, sur 10 ans, bien corrélées avec l’évolution du PIB

Cette corrélation vérifiée sur la période 2004-2013 confirme la valeur de ce type d’enquête pour contribuer à apprécier l’état de l’économie.

Cette étude montre en revanche que les chefs d’entreprise ont du mal, un an à l’avance, à anticiper les entrées en période de crise (notamment celle de 2008) ou les phases de reprise (2010 ou 2014).

 

Les chefs d’entreprise se révèlent en majorité prudents dans leurs anticipations, et ce de façon persistante

Plus de la moitié des chefs d’entreprise interrogés privilégient une stabilité de leur activité pour l’année suivante.

Pourtant, cette stabilisation de l’activité ne se réalise que dans 10% des cas. Cette prudence dans les prévisions se reproduit d’année en année, alors même qu’on aurait pu attendre une forme d’apprentissage les conduisant à davantage s’engager dans leurs prévisions, au fur et à mesure de la confrontation de leurs prévisions avec la réalité constatée.

 

Une tendance à formuler la même prévision d’activité pour les deux années à venir (« biais d’ancrage »)

Si les chefs d’entreprise font preuve d’une grande cohérence dans leurs projections pour anticiper leur chiffre d’affaires futur, qui sont étroitement corrélées à leurs prévisions d’embauches et d’investissements, on note également un lien fort entre leurs prévisions pour l’année en cours et l’année suivante.

Ils ont donc tendance à bâtir le même scénario de prévision pour deux années consécutives et à considérer l’information actuelle dont ils disposent pour faire leurs prévisions comme représentative de ce qui se passera l’année prochaine (« biais d’ancrage »).

De ce fait, 34% seulement des chefs d’entreprises interrogés sur la période analysée ont formulé une prévision d’activité à 18 mois qui s’est effectivement réalisée.

 

 

Les dirigeants des entreprises innovantes et exportatrices sont les meilleurs prévisionnistes

Deux populations peuvent être identifiées : ceux qui, année après année, ont tendance à bien anticiper, et ceuxqui, à l’inverse, présentent une plus grande propension à se tromper.

Les caractéristiques propres aux dirigeants ne semblent pas rentrer en ligne de compte lorsqu’il s’agit de les départager : les dirigeants âgés ne sont pas meilleurs que les jeunes (pas de prime à l’expérience); les hommes dirigeants ont les mêmes scores que les femmes. Aucun tropisme local n’apparait non plus : les erreurs d’appréciation dans les prévisions sont assez homogènes sur l’ensemble du territoire.

Néanmoins l’étude montre clairement que les entreprises les plus performantes en termes de prévisions partagent les caractéristiques suivantes : il s’agit généralement soit de jeunes entreprises (créées récemment), soit d’entreprises de plus grande taille (les PME formulent de meilleures prévisions que les TPE), soit d’entreprises innovantes (elles ont investi en R et D ou dans des brevets au cours des 3 dernières années), ou

exportatrices (elles réalisent une part significative de leur chiffre d’affaires à l’export).

 

 

Les chefs d’entreprises plus optimistes performent plus

L’étude indique enfin que parmi ceux qui se trompent, il n’y a que très peu d’optimistes ou de pessimistes persistants dans la durée. Et en particulier, elle n’identifie pas un éventuel noyau dur de chefs d’entreprises toujours pessimistes.

Mais le fait d’être à un moment donné de la vie de l’entreprise optimiste ou pessimiste, a un impact majeur sur les comportements d’investissement : alors que les premiers choisissent d’investir et ajustent à la baisse si l’activité constatée se révèle inférieure à leurs prévisions, les seconds investissent moins, mais n’ajustent pas à la hausse en cas de bonne surprise, ce qui les conduit à passer à côté d’un certain nombre d’opportunités.

 

 

Lu 2841 fois Dernière modification le mardi, 09 juin 2015 15:05
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