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Créer son entreprise : focus sur quelques initiatives pertinentes

Créer son entreprise : focus sur quelques initiatives pertinentes

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En 2015, plus de 525 000 nouvelles entreprises se sont créées en France*, soit trois fois plus qu'il y a seulement dix ans. Cet engouement français pour l'entrepreneuriat s'accompagne également d'un foisonnement d'initiatives pour permettre à ces jeunes entreprises de démarrer l'aventure dans les meilleures conditions. Tour d'horizon de quelques « bons plans » pour mettre toutes les chances de son côté dès le départ.

L'argent étant le nerf de la guerre, il y a désormais pour les créateurs d'entreprise de nouvelles voies de financement permettant de faire levier auprès des banques pour des crédits classiques.

Du crowfunding pour entreprises
« Sur notre plate-forme, les entreprises peuvent lever jusqu'à un million d'euros sur 12 mois glissants en faisant entrer des particuliers dans leur capital », précise Philippe Gaborieau, fondateur de Happy Capital et président de l'Afip, l'association française de l’investissement participatif. Le crowdfunding sous forme d'actions est appelé à se développer. « Les évolutions réglementaires vont permettre prochainement de lever jusqu'à 2,5 millions d'euros par dossier et d'utiliser d'autres instruments financiers telles que les obligations convertibles », poursuit Philippe Gaborieau. Les jeunes sociétés, comme les entreprises cherchant à se développer, vont pouvoir de plus en plus faire appel à ce type de financement. « Mais il faudrait aussi simplifier les démarches administratives pour les particuliers qui investissent par le crowdfunding en actions et rendre la fiscalité plus incitative qu'elle ne l'est aujourd'hui » ajoute-t-il. En Grande-Bretagne, les sommes investies via le crowdfunding sont 15 fois plus importantes qu'en France, avec des réductions fiscales allant de 30 à 50 % !

Le financement de proximité
Le crowdfunding se diversifie, et il est désormais décliné aussi sous un aspect territorial. « Nous avons développé une plate-forme de crowdfunding de territoire permettant aux particuliers d'aider les entreprises qui leur sont proches, soit sous forme de don contre don, soit sous forme d'une prise de participation dans le capital », explique Alexandre Laing, co-fondateur de Bulb in Town. Les particuliers sont de plus en plus nombreux à souhaiter que leur épargne serve au dévelop­pement de l'économie locale. « Il y a eu un réel engouement dès le départ, et en trois ans nous avons financé ainsi 500 projets à hauteur de 5 millions d'euros au global, grâce à 35 000 contributeurs », poursuit Alexandre Laing. Les entreprises de tous secteurs d'activité peuvent ainsi se financer, soit dans la phase de création avec la promesse d'une contrepartie en échange d'un don, soit pour leur développement, notamment via une augmentation de capital. Et dans le cas de Happy Capital, comme pour Bulb in Town, les banques deviennent aujourd'hui des partenaires de ces plates-formes du crowdfunding dont l'une des vertus est d'augmenter les fonds propres des entreprises avant de solliciter un banquier !

Créateur cherche associé
Mais si plus d'un Français sur trois souhaite se lancer un jour dans l'aventure de la création d'entreprise, moins nombreux sont ceux qui franchissent le pas. Clément Lafargue, fondateur de Meet & Start, se positionne comme facilitateur de l'entrepreneuriat. « J'ai commencé par créer une plate-forme qui permet de trouver un associé pour un projet d'entreprise, et à l'inverse, de s'associer à une initiative en devenir, en proposant un questionnaire de compatibilité », explique-t-il. Une initiative originale permettant d'associer les profils selon un certain nombre de critères, soit dans l'objectif d'une complémentarité, soit d'une similarité. « En fait cela dépend aussi de la nature du projet, du secteur d'activité, mais notre algorithme permet de réduire la marge d'erreur », précise Clément Lafargue. Trouver le bon associé, sans se tromper, est une préoccupation pour les créateurs plus nombreux sur la plate-forme que ceux cherchant un projet auquel s'associer, soit sous forme d'apport de compétences, soit par un apport financier. Pour aller plus loin dans l'accompagnement des créateurs, Meet & Start leur facilite l'accès à divers partenaires en leur faisant bénéficier de conditions préférentielles.

Le choix des locaux
Tout aussi important est de trouver le bon endroit pour faire éclore son projet. « Pour les créateurs et les jeunes entreprises de moins d'un an, nous sommes en quelque sorte un incubateur, leur permettant de démarrer dans les meilleurs conditions de maîtrise des coûts, tout en bénéficiant de services auxquels ils ne pourraient pas avoir accès en dehors d'un centre d'affaires », fait remarquer Anne Guinebault, directrice générale de Servcorp France. Environ la moitié des demandes d'entreprises souhaitant louer des bureaux équipés, ou des bureaux virtuels, ou encore se domicilier dans un centre d’affaires, émane de porteurs de projets et de jeunes structures. Louer un bureau et domicilier son entreprise au cœur même des meilleurs quartiers d'affaires de Paris est incontestablement un avantage, tant sur le plan commercial, que sur celui du recrutement de talents ou encore de la recherche d'investisseurs. « Des success- story aujourd'hui reconnues ont commencé modestement dans l'un de nos centres d'affaires », rappelle Anne Guinebault. Il est vrai que ce type de solution présente aussi des avantages favorisant le développement d'une jeune entreprise. « Nos formules d'abonnement permettent une grande flexibilité et la jeune entreprise peut ainsi louer des bureaux supplémentaires, en France comme dans les centres Servcorp à l'étranger, au rythme de sa croissance », conclut-elle. Une manière d'optimiser les ressources financières d'une jeune société, tout en maîtrisant les coûts et les risques. Enfin, tous les modes de travail sont aujourd'hui possibles, du bureau équipé classique jusqu'à l'espace de coworking afin de répondre à toutes les demandes, et cela à partir de moins de 100 euros par mois pour les premières formules proposées par Servcorp.

Co-créer avec des grands
Faire appel à une grande entreprise pour démarrer plus vite est désormais possible grâce à l'intérêt croissant pour l'open innovation. « Nous sommes prêts à accueillir des start-up et à les aider à se développer plus rapidement », souligne Fabien Pierlot. Le fondateur de Coyote System connaît bien la problématique du développement d'une start-up pour être passé par là il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui, Coyote revendique 5 millions d'utilisateurs en Europe et dépasse les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. « Nous avons besoin d'innover en permanence dans le secteur de la voiture connectée d'autant que nous avons encore des ambitions en BtoC et que nous voulons développer fortement le BtoB », ajoute Fabien Pierlot. L'open innovation, réunissant autour d'un projet la puissance économique d'une entreprise bien installée et les capacités créatives d'une start-up, devient une véritable opportunité pour les porteurs de projets. « Nous sommes disposés à aider des start-up en mettant à disposition nos expertises mais aussi sur le plan financier, en prenant des participations dans le capital  », poursuit-il. Mais à la différence des très grandes entreprises, des entreprises de taille intermédiaire comme Coyote rencontrent quelques obstacles. Si elles reçoivent régulièrement des dossiers, elles n'ont pas forcément les compétences et les disponibilités internes pour analyser la fiabilité de tous les projets. Ceux par exemple qui disposent de beaucoup de moyens, à l’instar de l’homme d’affaires Xavier Niel avec son projet « 1 000 start-up » à Paris, peuvent se doter du plus grand incubateur numérique au monde alors que d’autres, comme Fabien Pierlot, ont décidé de jouer la carte des technopoles organisant des concours destinés aux porteurs de projets. « Nous y allons avec nos équipes pour sélectionner les projets qui nous intéressent, et qui sont validés par les experts présents », poursuit Fabien Pierlot qui participe, à cet effet, aux journées Plug& Start de la Technopole de l'Aube, à Troyes, concours de start-up organisé en juin et novembre.

En conclusion, les opportunités à saisir pour les créateurs d'entreprises sont de plus en plus nombreuses et variées. L'accompagnement des porteurs de projets a fait des progrès mais les fondamentaux de la réussite d'une entreprise restent les mêmes : la bonne idée, au bon moment, avec les bonnes personnes !

*Source : AFE


Témoignage : Internationaliser, c'est possible
nicolassNicolas Perus, créateur du site lesbarres.com, s'est lancé en 2012 d'abord sur Paris. « J'ai lancé une plate-forme de réservation permettant aux internautes de trouver des bars pour organiser leurs évènements festifs en bénéficiant au passage de conditions avantageuses », explique cet ancien conseiller en management qui a créé son entreprise à l'issue d'un tour du monde. Son idée a fait mouche tout de suite, d'autant que les bars n'avaient rien à payer pour être référencés. Le projet de Nicolas Perus était bien pensé, notamment sur son modèle économique qui a permis à son entreprise de réaliser rapidement du chiffre d'affaires grâce à un versement de 2 euros par consommateur apporté. « Nous n'avons pas eu besoin de faire appel à des partenaires financiers, et nous nous sommes développés désormais à l'étranger, en ouvrant le service sur Bruxelles et Genève », ajoute-t-il. Cette internationalisation réussieva lui permettre de franchir une nouvelle étape. Sa jeune entreprise ayant fait preuve de son potentiel, devrait désormais intéresser les fonds d'investissements afin d'aller plus loin et plus vite dans le développement de LesBarrés.com.

Lu 9048 fois Dernière modification le lundi, 14 novembre 2016 15:41
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.