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Comment actionner les leviers de la croissance ?

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 Le développement de l'entreprise passe par une stratégie clairement définie et partagée par ses collaborateurs. C'est en suivant le cap qu'il est aujourd'hui possible de saisir les opportunités, ouvrir la voie à de nouveaux marchés ou encore lancer efficacement de nouveaux produits.

Devenir un champion de la croissance, c'est possible. Encore faut-il faire les bons choix, comme Emmanuel Vasseneix. Le dynamique président de LSDH (Laiterie de St Denis de l'Hôtel) - groupe de 850 salariés répartis en France sur quatre sites industriels - réalise désormais un chiffre d'affaires annuel de 500 millions d'euros. En moins de trois ans, ce volume d'affaires a pratiquement doublé grâce à deux opérations successives de croissance externe. Cet industriel du secteur alimentaire a ainsi racheté une entreprise alsacienne de jus de fruits et une société choletaise de soft drinks.
Aujourd'hui, avec 30 % du marché du jus de fruits à marques de distributeurs, LSDH est  devenu un acteur incontournable du secteur. Mais si la croissance externe se nourrit d'opportunités, il faut que les opérations entrent dans une stratégie bien définie.

« Le chef d'entreprise doit avoir une vision claire de l'avenir et s'appuyer sur une stratégie formalisée par écrit et surtout partagée avec son équipe » explique Emmanuel Vasseneix. Son conseil est de prendre « au moins une journée par an, en se mettant au vert et en se donnant le temps de réfléchir à sa stratégie d'entreprise ». Une manière efficace pour « définir un cap qui s'appuie sur des valeurs, des idées et une politique sociale ». Formaliser sa stratégie d'entreprise n'est pas encore une habitude : selon une étude, 15 % des patrons interrogés n'ont pas de stratégie établie et naviguent à vue, 50 % en ont une… dans leur tête, et seulement 20 % d'entre-eux l'ont rédigée pour la faire partager au reste de l'entreprise ! 

Créer ou reprendre
En tous les cas, le chef d'entreprise doit être à la fois le capitaine qui fixe le cap mais aussi le leader incontesté de l'équipage. « Ce sont les hommes et les femmes quisont la principale ressource de l'entreprise et le dirigeant, en particulier d'une PME, doit être celui qui motive, rassemble, délègue et qui finalement prend et assume les risques » note Patrick Dussossoy. Il vient de publier un livre, inspiré de sa propre expérience de patron de PME pendant 25 ans : « Comment faire d'une PME une entreprise performante ». Cet ouvrage, paru aux éditions Gereso (Col­lection l'Essentiel pour agir), retrace une expérience de créateur mais aussi de repreneur d'entreprises en difficulté. Au bout du compte, des réussites mais aussi des échecs. « Reprendre une entreprise qui doit être restructurée est toujours un risque » ajoute Patrick Dussossoy, devenu consultant aujourd'hui. « Dans ce cadre, il faut savoir prendre des décisions même lorsqu'elles sont difficiles et identifier dans l'entreprise les colla­borateurs sur lesquels le dirigeant pourra s'appuyer » poursuit-il. Dans son ouvrage, il livre justement un certain nombre de conseils très concrets sur l'attitude à adopter dans ce cas de figure. Quoiqu'il en soit, une entreprise qui est reprise après des difficultés peut aussi redevenir une entreprise performante. « Il faut rester le visionnaire, le leader qui prépare l'avenir, l'évolution des produits et l'organi­sation » conclut Patrick Dussossoy.
Le gisement des entreprises à reprendre et notamment des PME, est très important en France. Une étude publiée en décembre, par BPCE L'observatoire révèle que 12 315 PME ont changé de mains en 2010, ce qui représente 1 million et demi d'emplois. Autre point : 58 % des cessions interviennent avant les 55 ans du dirigeant. Si le départ en retraite représente une part importante des motivations de cession, elle est loin d'être aujourd'hui la seule. Dans la pratique, trois univers se juxtaposent : les passages de relais en vue de la retraite, mais aussi des ventes en vue d’une réorientation en cours de la vie active ou d’une valorisation du capital professionnel et, enfin, des opérations « techniques », telles la création d’une holding ou l’ajustement du portefeuille d’activités.

Faire appel aux investisseurs
Pourquoi ne pas faire appel à des investisseurs pour financer une opération de croissance externe ou un développement d'activités ? La question mérite d'être posée, d'autant que les opérateurs financiers ne manquent pas dans ce domaine. Par exemple, en 2011, les Business Angels français auront financé 6 % de dossiers de plus qu'en 2010. D'autres se dotent de moyens financiers conséquents, ce qui est le cas, pour ne citer qu'un exemple, de AtriA Capital Partenaires et Naxicap (filiale de Natixis) qui se rapprochent pour former un leader sur le segment des petites et moyennes capitalisations.
« Au-delà du projet industriel qui nous unit désormais, nous nous retrouvons dans une même  philosophie de l’investissement. Nous venons tous deux du capital développement et investissons dans des entreprises de croissance, aux côtés d’entrepreneurs conduisant des projets de développement ambitieux », expliquent Dominique Oger et Eric Aveillan, respectivement président de AtriA Capital Partenaires et président de Naxicap.

Jouer les réseaux
Autre carte à ne pas négliger, celle des réseaux. Les organisations patronales, les associations professionnelles mettent sur pied, de manière localisée, des clubs affaires, des rendez-vous économiques ou encore des réunions d'affaires.  « Le principe consiste à favoriser les rencontres entre les chefs d'entreprises d'un même secteur géographique, de leur permettre d'échanger et de travailler ensemble le cas échéant et tout cela dans un cadre convivial » confirme Philippe Fibiani, délégué régional Ain, Isère et 2 Savoie du Cerf (l’association Créateurs d’emplois et de richesse de France). Ce syndicat patronal a lancé le « Cerf Business Club » ouvert à ses adhérents mais aussi à d'autres participants. « Nos réunions comptent quelques dizaines de participants qui changent plusieurs fois de table au cours de la soirée afin que tous puissent se connaître » précise Philippe Fibiani. D'autres systèmes de réseaux d'affaires sont encore plus structurés, à l'image du BNI (Business Network International). Né en 1985 aux Etats-Unis, BNI connaît un succès grandissant en France où il s'est implanté à partir de 2004. Aujourd'hui, ce sont 80 groupes qui fonctionnent activement dans toute la France, regroupant plus de 1500 entreprises. Tous les métiers y sont représentés, le principe étant de recommander les autres membres de son groupe auprès de prospects et de clients, en échangeant des fiches de recommandation. Une  version très organisée du bouche-à-oreille qui, comme dans les autres réseaux d'affaires, fonctionne sur la confiance mutuelle entre les membres. Rejoindre des réseaux « physiques » d'affaires peut avoir de l'intérêt, une démarche complémentaire à celle des RSE, les Réseaux Sociaux d'Entreprise.
 
Le potentiel du web
Les réseaux sociaux personnels, à l'exemple de Facebook ou Twitter, existent également en version entreprise. Et intégrer un ou plusieurs de ces réseaux sociaux professionnels peut vite se révèler une excellente idée. « Les entrepreneurs sont bien notre cœur de cible et nous développons des outils pour que les dirigeants puissent opti­miser leur présence sur notre réseau social professionnel » analyse Olivier Fécherolle, directeur général Stratégie et Développement de Viadeo. Avec 40 millions de membres dans le monde, dont 5 millions en France, ce réseau social compte beaucoup d'entrepreneurs, de chefs d'entreprise et de cadres. Chaque jour, 150 000 mises en relations entre membres ont lieu et 3 millions de profils sont consultés. « Ce réseau professionnel peut permettre de trouver des clients, des fournisseurs, des experts ou bien encore de saisir des opportunités d'affaires » poursuit Olivier Fécherolle. Ce social network, inscrit dans un contexte professionnel, peut également être utile dans un cadre inter­national, Viadeo comptant plus de 16 millions de membres en Amérique, 5 millions en Chine ou encore 2 millions en Inde. « Il est également possible de faire partie de hubs regroupant des membres par affinités géographiques ou professionnelles, voire par entreprise » poursuit-il. Même si certaines options sont payantes, le coût reste modique, d'autant que Viadeo peut également servir à recruter de futurs collaborateurs. Autre phénomène sur le web, l'année 2011 a été marquée par une explosion de l’utilisation des réseaux sociaux personnels, type Facebook, par les entreprises. En effet, d’après une étude récente, 89 % des entreprises déclarent avoir déjà mis en place des actions sur les réseaux sociaux. Tous les acteurs s'y mettent, comme Google+ qui, depuis novembre est également ouvert aux entreprises. « Les réseaux sociaux permettent de multiplier les points de contacts avec ses clients et prospects. L’arrivée de Google+ sur ce marché offre de nouvelles perspectives aux entreprises. En plus de booster leur référencement sur le moteur de recherche le plus utilisé en France, Google+ permet aux entreprises de contrôler leur communication » indique Richard Volodarski, responsable marketing opérationnel de Linkeo, un spécialiste de la communication Internet des TPE et PME.

Le salut par l'international
Enfin, il ne faut pas négliger les marchés internationaux. Leur accès est d'ailleurs facilité par des aides, des accompagnements, mais aussi par Internet et le développement de solutions de e-commerce. Bref, pour agir sur les bons leviers de la croissance, le chef d'entreprise se doit d'être à l'écoute de toutes les opportunités et avoir toujours un coup d'avance sur ses adversaires, grâce à son sens de l'anticipation... et du risque bien maîtrisé !

Par Laurent LOCURCIO

Les solutions pour créateurs d'entreprise

La plupart des banques propose désormais des « packs » pour les créateurs d'entreprise englobant, de manière plus ou moins forfaitaire, un ensemble de services. Par exemple, HSBC Business Direct propose un forfait mensuel de 20 € HT incluant les services essentiels pour gérer les flux financiers d'une petite entreprise. Fréquence Pro des Banques Populaires, Esprit Libre de la BNP, Jazz Pro de la Société Générale, Comptes services pro du Crédit Agricole proposent également des forfaits variant de 25 à 80 € par mois, selon les formules et les services demandés. En fait, il est possible de personnaliser tous ces forfaits en choisissant les options dont on aura besoin. En tout les cas, il ne faut pas hésiter à comparer les formules avant de faire son choix.
Lu 7703 fois Dernière modification le jeudi, 01 octobre 2015 14:38
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.