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Le financement du bas de bilan, principal levier face aux difficultés de gestion du BFR et de la trésorerie

Tribunes libres Écrit par  jeudi, 24 septembre 2020 09:25 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Face à la crise économique qui découle de la crise sanitaire, les entreprises doivent s’adapter et utiliser les leviers adaptés pour bonifier leur trésorerie. Les tensions sur le BFR doivent avant tout se résorber par des solutions de bas de bilan.

Depuis le mois de mars 2020, les entreprises du monde entier ont fait face à une situation inédite. Afin d’endiguer l’expansion du nouveau Coronavirus, la majorité des pays a décidé de procéder à la « mise sous cloche » de leur territoire. Cette décision a entraîné un arrêt brutal et inédit des économies, ainsi la France a vu son PIB se contracter d’après l’Insee de 13,8 % au printemps après un repli de 5,9 % au 1er trimestre. Il s’agit du pire trimestre depuis 1968 suite aux manifestations du mois de mai ! À titre de comparaison, l’ensemble de l’Europe affiche une contraction de 12,1 % au T2 2020 avec la pire récession observée au Royaume-Uni (-20,4 %).

Stanislas DIEPOISIl faut bien voir dans cette crise qu’il ne s’agit pas de problèmes structurels, et que l’économie dans son ensemble avant l’apparition du virus était certes en ralentissement et manque de souffle mais ne laissait pas apparaître de composantes annonçant une crise telle que nous l’avons connue en 2008. Certains diront qu’il ne s’agit pas uniquement d’une crise exogène, que les crises ne sont par essence pas prévisibles et que cette crise du Covid 19 est endogène à notre modèle économique.

Cette décision politique du confinement nécessitait une réponse politique de soutien 

Afin de pallier cette contraction inédite du PIB et au confinement imposé durant 2 mois et demi, le gouvernement a mis en place une palette d’aides et de soutiens à l’économie allant du chômage partiel au prêt garanti par l’État (PGE). L’État a réagi vite et n’avait pas beaucoup d’autres solutions réalistes et réalisables.

Avec un appareil productif tournant en dessous de 70 % de ses capacités pendant la période de confinement, les entreprises ont vu leur chiffre d’affaires diminuer et consécutivement également leur trésorerie fondre. Certains secteurs, comme l’hébergement et la restauration, sont plus impactés que d’autres, mais toutes ont vu leur flux de trésorerie diminuer. Associée à une explosion des retards de paiements clients, la gestion du besoin en fonds de roulement est devenue le sujet principal de tout dirigeant. Cette crise a bien révélé que le BFR constitue le système cardio-pulmonaire de l’entreprise.

Avec le déploiement du PGE, l’État a apporté une réponse de haut de bilan pour une problématique de bas de bilan. Or, nous ne finançons pas des difficultés d’exploitation avec de la dette moyen/long terme. Le rôle 1er d’une dette bancaire est de financer un investissement qui produira ses fruits et apportera un retour sur investissement.

Il n’est en aucun cas ici question de critiquer du choix du gouvernement, car dans la crise, il n’avait pas d’autre choix que d’opter pour « le moins pire ». Mais le remboursement du PGE dans les années à venir pourrait provoquer bien d’autres effets et problématiques sur la santé financière des entreprises.

À problématique d’exploitation, financement d’exploitation

Il existe cependant des outils adaptés permettant de financer le BFR et d’optimiser la trésorerie.

Pour rappel, la 1ère source de financement d’exploitation pour une entreprise reste le « crédit inter-entreprise » qui totalisent 672 milliards d’euros en 2018. Ce délai de paiement accordé représente l’ensemble des factures en attente de règlement. Ce décalage de trésorerie s’est accru pendant la crise du Covid 19 en grande partie due à l’explosion des retards des paiements clients.

D’après l’assureur-crédit Euler Hermès, en France, le BFR des entreprises devrait atteindre 69 jours à fin 20201 (+3 jours). Côté clients, le délai moyen de paiement devrait s’établir à 70 jours en 2020 (+2 jours).

Pour le moment, les entreprises restent « sous perfusion » de l’État français et l’impact sur leur trésorerie reste contenu. Afin d’anticiper le moment où le chômage partiel prendra fin et que le remboursement des PGE se présentera, les entreprises se doivent de structurer leur bas de bilan et mettre en place les solutions de financement et de garanties clients pour mieux ressortir de cette crise. Il est très délicat voire impossible d’imaginer l’état de l'économie française dans 6 mois/1an mais il fort à parier que les entreprises qui auront fait le choix de rééquilibrer leur BFR et mis en place une solution de financement d’exploitation en sortiront gagnantes.

Les problématiques de gestion de bas de bilan, amplifiées par la crise du Covid-19, sont donc nombreuses et restent une priorité pour tous les dirigeants et directeurs financiers.

Un des premiers leviers pour financer le cycle d’exploitation est le factoring (financement des créances commerciales) et le reverse factoring (financement des créances fournisseurs). Le factoring en France est la première source de financement CT depuis 2018 (350 MD€ de créances achetées), le marché français est le premier en Europe et le second marché mondial. 60 % des ETI, PME et TPE utilisent de l’affacturage en mandat de gestion (l’entreprise garde la maîtrise de sa relance clients et de ses encaissements) et sont financées en moyenne à hauteur de 90 à 95 % des créances cédées.

Par ailleurs, un nouveau dispositif est proposé par les Factors du 01/09 au 31/12/2020 : le financement des commandes fermes, ceci permettra aux entreprises de bénéficier d’une avance de trésorerie de 60 à 90 jours supplémentaires au-delà de leurs conditions habituelles liées à l’émission de leurs factures.

Dans cette période très particulière, les Entreprises voient leur chiffre d’affaires chuter, leurs investissements arrêtés, et ont pour la plupart utiliser le PGE pour financer leurs coûts fixes. Elles ont maintenant pour objectifs de réfléchir à une nouvelle organisation de travail et aussi à appréhender leur financement du cycle d’exploitation par des budgets de trésorerie serrés, tenant compte de la baisse de leur activité et du futur remboursement des PGE.

Le financement du besoin en fonds de roulement est une des urgences que les entreprises ont à anticiper : utiliser du factoring sans hésiter à solliciter les différents intervenants de ce marché très dynamique, et avec des coûts fixes de plus en plus réduits, doit faire partie des axes forts de la réflexion des Chefs d’entreprises.

Par Stanislas DIEPOIS, Business Manager - D&A Group

1 Source : www.eulerhermes.fr/etude





Lu 29708 fois Dernière modification le vendredi, 25 septembre 2020 10:53
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