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Prioriser les tâches “qui comptent” : un défi pour les entreprises du 21ème siècle ?

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Auteur du best-seller “Éloge du carburateur”, le philosophe américain Matthew B. Crawford est bien connu du grand public pour décrypter les enjeux de la société contemporaine. Il a notamment récemment déclaré lors d’un passage dans l’Hexagone pour une série de conférences « On assiste à une captation de plus en plus agressive de l'espace commun par des technologies qui nous éloignent du réel ». Les nouvelles technologies inondent en effet notre quotidien au bureau, rivalisant entre elles pour absorber de plus en plus notre temps et attention.

Adrienne GormleyDésormais, nous pouvons communiquer, agir, créer et accomplir nos tâches depuis n’importe quel lieu et à n’importe quelle heure de la journée. Nous nous sommes habitués à regarder constamment nos téléphones mobiles. Une étude récente est même parvenue au constat que nous vérifions la réception de nouveaux SMS et e-mails sur nos smartphones toutes les 7,5 minutes en moyenne !

En effet, nos vies ont été bouleversées par la multiplication, au cours des quinze dernières années, de nouvelles technologies. Cependant, beaucoup pensent que leur promesse de rendre le travail plus productif – mais pas plus complexe – n’a pas encore été accomplie. Au milieu des années 80, environ 61% des salariés se déclaraient satisfaits de leur emploi. Depuis, ils ne sont seulement plus que 50 %.

Encadrer la prolifération des applications technologiques, une nécessité croissante

De surcroît, la fragmentation des technologies sur le lieu de travail ne vient qu’aggraver la situation. Selon une étude récente menée par l’entreprise informatique américaine Pegasystems, les employés peuvent aller jusqu’à jongler entre 35 applications professionnelles quasiment à la minute, pouvant ainsi passer de l’une à l’autre plus de 1 100 fois par jour. Emails, fichiers de plusieurs types, outils de communications divers et variés, systèmes de gestion de projet utilisés au quotidien… Non seulement ces technologies n’ont pas été nécessairement conçues pour fonctionner de concert, mais nous sommes encore en phase d’apprentissage pour traiter toutes les informations qu’elles produisent et passer avec facilité de l’un à l’autre de ces outils professionnels.

Ainsi, afin de regagner un semblant de satisfaction et de contrôle sur nos vies tout en optimisant plus efficacement notre temps au quotidien pour prioriser les tâches “qui comptent”, il est impératif de revoir de A à Z notre façon de travailler et de développer l’esprit d’équipes pour mener les projets à leur terme.

Améliorer l’attention des salariés : un enjeu vital à l’aube d’une redéfinition du travail

Faire bouger les lignes est encore possible tout comme tirer profit des récentes avancées technologiques. Pour travailler encore plus en bonne intelligence, nous devons apprendre à maîtriser les nouvelles technologies pour harmoniser la gestion de nos tâches professionnelles encore trop dispersées mais également pour favoriser le travail en équipes autour de projets et contenus au lieu de travailler en silos. Selon un rapport du cabinet Vanson Bourne, pour 85% des employés, un espace de travail connecté fédérant leur contenu, outils et équipes améliorerait les résultats de l’entreprise et la manière de travailler. En effet, il est nécessaire de mettre en place un environnement de travail intelligent et numérique adapté à notre façon actuelle de travailler – un environnement qui peut connecter naturellement toutes nos plateformes technologiques et conversations et exploiter la force de l’intelligence artificielle. Alors que nous vivons une époque où les technologies érodent l’attention des employés, l’objectif doit être de la leur redonner.

Adopter cette approche est clé, non seulement pour renforcer l’engagement des salariés en entreprise, mais également pour améliorer ses résultats financiers. Selon une étude récente mesurant l’engagement des employés menée par la multinationale britannique AON spécialisée en gestion des risques, une augmentation de 5 % de ce dernier est liée directement à une augmentation de 3 % des revenus de l’entreprise. Favoriser un univers professionnel où les outils technologiques sont utilisés à bon escient est ainsi un facteur déterminant pour mettre fin à la spirale infernale des tâches inutiles. Le quotidien des salariés sera rendu plus équilibré et leur épanouissement au travail renforcé.

Il va sans dire que le potentiel de la technologie est illimité, mais si celle-ci a été mal exploitée, elle peut avoir un impact nuisible sur le travail au quotidien. A l’ère de l’entreprise engagée, organisations et employés doivent travailler main dans la main pour construire ensemble, une nouvelle façon de travailler qui nous ramène, en douceur, aux tâches “qui comptent” et nous raccroche au réel au lieu de nous en éloigner.

Par Adrienne Gormley, Vice President of Global Customer Experience & Head of EMEA chez Dropbox

Lu 4191 fois Dernière modification le mardi, 15 octobre 2019 12:52
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