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Le DAF, premier rempart contre la fraude

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Lorsqu’on évoque la fraude, on pense spontanément aux escroqueries envers le fisc ou les organismes sociaux. Mais les entreprises sont loin d’être épargnées. Début 2018, 70 % des entreprises françaises affirmaient ainsi avoir été victimes d’une tentative de fraude au cours de l’année précédente. Et près de la moitié d’entre elles reconnaissaient y avoir effectivement laissé des plumes pour un préjudice qui, dans 10 % des cas, excédait 100 000 €1.

Le digital est loin d’être étranger à cette recrudescence car il offre aux fraudeurs des moyens sans précédent pour préparer, puis mener leurs opérations. Ils peuvent aisément récupérer un logo, étudier le ton et les formules usuelles des communications, ou guetter, grâce aux réponses automatiques, l’absence opportune d’un responsable. Ces connaissances patiemment accumulées leur permettent de parfaire des stratégies de plus en plus élaborées.

En 2017, cette arnaque au faux fournisseur a représenté plus de la moitié des cas de fraudes aux entreprises1, mais elle n’est qu’une variante des approches fondées sur l’usurpation d’identité, qui mêlent ingénierie sociale et faux documents. Les entreprises sont aussi victimes de faux techniciens (qui obtiennent des informations bancaires au prétexte de « tests »), de faux dirigeants (qui exigent en urgence un virement discret pour faciliter une affaire) et même de faux ministres (qui pimentent la méthode précédente d’une pincée de corruption).

Responsable des cordons de la bourse, le directeur financier l’est aussi de ces pertes provoquées… et il est en première ligne pour les combattre ! Ainsi, fin 2017, près de 8 DAF sur 10 se déclaraient préoccupés par les problématiques de fraude2. Pour autant, cette prise de conscience peine encore à se traduire dans les faits, une majorité d’entreprises (57 %) ne disposant pas de plan d’urgence à activer en cas de fraude1. Pour la plupart d’entre elles, la lutte passe avant tout par des solutions comportementales et procédurales : sensibilisation accrue des collaborateurs, systématisation et renforcement des contrôles, audits ponctuels… Bien que nécessaires, ces approches montrent leurs limites face à des fraudeurs très souvent issus de l’entreprise elle-même, ou de son entourage direct, et sachant donc parfaitement comment inspirer confiance et déjouer les vigilances humaines. En outre, le poids des contrôles, qui pèse aussi sur l’immense majorité des transactions honnêtes, peut finir par devenir contre-productif en introduisant des pesanteurs et des contraintes là où l’on voudrait au contraire davantage de fluidité et d’agilité.

Dans cette lutte, les DAF négligent paradoxalement la technologie alors même qu’elle est un instrument privilégié des fraudeurs. Or, il existe aujourd’hui de nombreux outils permettant de détecter automatiquement des fraudes ou, au moins, d’orienter les contrôles manuels vers les cas les plus suspects. Des solutions relativement simples d’automatisation des processus de contrôle et d’analyse statistique, capables de déclencher des alertes en cas de modification d’une donnée sensible, comme un RIB, ou de transactions d’un montant ou d’une fréquence inhabituels, permettent ainsi un premier tri précieux.

Pour aller plus loin, et resserrer les mailles du filet, il faut passer à des analyses plus fines et s’intéresser aux documents eux-mêmes. Si le simple examen de leurs données techniques (métadonnées) peut parfois trahir une modification illicite, les fraudeurs plus habiles, plus expérimentés ou plus prudents ne laissent pas de telles traces. On recourt alors à la stéganographie, c’est-à-dire l’art de détecter des messages cachés. Fruits de recherches scientifiques poussées en traitement de l’image et en intelligence artificielle, les algorithmes stéganographiques permettent d’identifier des photos trafiquées ou des documents falsifiés. Grâce à ces solutions de pointe, non seulement les fraudes sont repérées immédiatement et avec certitude, mais les faux positifs, et les pertes de temps qu’ils occasionnent, sont virtuellement éliminés. Enfin, dernier outil de l’arsenal anti-fraude, la traçabilité permet de connaître l’auteur de la tentative d’escroquerie ainsi que ses complices volontaires ou involontaires dans l’organisation.

Face à une fraude croissante et de plus en plus sophistiquée, la technologie apparaît donc pour le DAF comme un allié de poids. Toutefois, pour mettre en œuvre de tels outils, il lui faut coopérer des plus étroitement avec ses homologues informatiques et juridiques. Ce qui, en définitive, n’est qu’un juste retour des choses, la lutte contre la fraude étant l’affaire de tous.

Par les experts de YOOZ

1 Source : Euler Hermes/DFCG, 2018
2 Source : PwC/DFCG, 2018


Lu 11693 fois Dernière modification le jeudi, 25 avril 2019 10:52
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